Spécial votations
Chers et chères Suisses du pays et du monde,
Un dimanche de votations sans suspense, mais avec beaucoup d’émotions. Les citoyennes et citoyens ont largement confirmé dans les urnes ce que prédisaient les sondages: oui au mariage pour toutes et tous et non à l’initiative populaire de Jeunes Socialistes, qui voulaient taxer davantage les revenus du capital. Et dans les deux cas, les cantons sont unanimes.
La leçon est claire: les Suisses sont prêts à adapter leur législation à l’évolution de la société, mais pas d’aventurisme en matière économique et fiscale.
Bonne lecture,
C’est l’aboutissement de plusieurs décennies de combat: les couples de même sexe auront le droit de se marier en Suisse. À 64%, les citoyennes et citoyens ont plébiscité la modification du Code civil légalisant le mariage entre deux femmes ou deux hommes. Adoptée par le Parlement, celle-ci avait été attaquée par un référendum des milieux conservateurs.
Le nouveau droit permet également aux couples de même sexe d’adopter un enfant. Les femmes lesbiennes mariées auront accès à la procréation médicalement assistée, la PMA. C’est d’ailleurs sur ces points qu’a surtout porté la campagne du camp opposé, qui aurait voulu que l’on dissocie la question du mariage pour toutes et tous de celle de l’accès au don de sperme.
La Suisse devient ainsi le 29e pays au monde à reconnaître le mariage entre personnes de même sexe. Dans la communauté LGBTIQ, c’est l’explosion de joie. On sait que le mariage pour toutes et tous renforce généralement l’acceptation des minorités sexuelles et de genre dans la société.
- L’article de ma collègue Katy Romy
- La carte des résultats des votations fédérales de ce dimanche
- Le suiviLien externe des votations en continu, par RTS Info
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Décidément, la gauche suisse n’a pas de chance avec ses tentatives visant à taxer davantage les riches pour donner plus aux pauvres. Dernière en date, l’initiative dite 99% se heurte ce dimanche à un refus de près de deux tiers de la population et de la totalité des cantons.
Trop complexe, trop floue, trop radicale, l’initiative des Jeunes socialistes a visiblement fait peur au peuple suisse. Malgré quelques coups d’éclat des jeunes militantes et militants de gauche, qui avaient notamment organisé des manifestations devant la villa d’Ernesto Bertarelli, héritier de Serono, et celle de Magdalena Martullo-Blocher, patronne d’Ems-Chemie, la campagne en faveur du «oui» a eu de la peine à décoller.
En face, on a sorti l’argumentaire classique en ces circonstances: risques de fuite des investissements, de fermeture de nombreuses entreprises familiales et autres menaces sur la compétitivité de la Suisse. Des arguments bien rôdés et efficaces dans un pays très attaché à sa liberté économique et qui sort d’une des pires crises conjoncturelles de son histoire.
Pas de quoi décourager la jeunesse de gauche pour autant: une nouvelle initiative, encore plus radicale est déjà dans le pipeline. Il s’agira cette fois de faire payer les plus riches pour la crise climatique. Concrètement, le texte veut limiter les grandes fortunes à 100 millions de francs et à utiliser tout l’argent excédentaire pour financer une transformation économique et sociale.
- L’article de mon collègue Samuel Jaberg
- La carte des résultats des votations fédérales de ce dimanche
- Le suiviLien externe des votations en continu, par RTS Info
On votait également dans les cantons et les communes ce dimanche. Un privilège que n’auront à l’avenir ni les étrangers à Soleure, ni les jeunes dès 16 ans à Uri. Deux projets en ce sens ont en effet été nettement refusés par le corps électoral des deux cantons.
Les résidents étrangers qui disposent d’un permis d’établissement ne pourront pas voter ni être élus dans les communes soleuroises. Le corps électoral du canton a rejeté à 73% une initiative de la gauche. Elle demandait que les communes puissent décider d’elles-mêmes si elles souhaitent accorder le droit de vote et d’éligibilité à leurs habitants étrangers.
Uri ne deviendra pas le deuxième canton après Glaris à introduire le droit de vote dès l’âge de 16 ans. Les citoyennes et citoyens du petit canton de Suisse centrale ont rejeté dimanche à 68% une modification légale et constitutionnelle en ce sens, proposée par le Parlement. Uri avait déjà rejeté le droit de vote à 16 ans en 2009, deux ans après son introduction à Glaris.
- Droit de vote communal des étrangers: refus soleurois – Keystone-ATS
- Les Uranais rejettent le droit de vote à 16 ans – Keystone-ATS
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