Aujourd’hui en Suisse
Suisses d’ici et du monde, bonjour,
La prochaine génération «ne nous pardonnera pas» si nous échouons, a dit le premier ministre britannique Boris Johnson à l’ouverture de la COP 26 à Glasgow. Les résultats de la conférence sur le climat seront-ils à la hauteur des grandes déclarations d’intention? Réponse le 13 novembre, mais en attendant, les écologistes dénoncent déjà un manque d’ambition et Greta Thunberg crie à la trahison!
Autre voix de la société civile, mais en Suisse cette fois, le mouvement Opération Libero annonce, avec le parti des Verts le lancement d’une initiative pour débloquer le dossier européen – même s’il faut aller jusqu’à parler d’adhésion de la Suisse à l’UE.
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«Soit nous stoppons les énergies non renouvelables, soit elles nous stopperont», a dit le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres devant plus de 130 chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Glasgow pour la COP 26. Mais que restera-t-il de ces grandes déclarations au terme de 15 jours d’une Conférence sur le climat pour laquelle les nations semblent bien peu armées et à laquelle ne participent ni le Chinois Xi Jinping, ni le Russe Vladimir Poutine, dont les pays sont parmi les plus gros pollueurs de la planète?
Quant à l’Américain Joe Biden, qui avait fait de la lutte contre le réchauffement une priorité électorale, il arrive à la COP 26 les mains vides, ou presque. Son ambitieux plan environnemental se voit contesté jusque dans son propre camp et sérieusement amputé par le Congrès.
Côté suisse, trois membres du Conseil fédéral seront à Glasgow, mais le récent rejet de la loi sur le CO2 fragilise les possibilités d’exiger des efforts d’autres gouvernements. La Suisse fait partie des pays qui misent beaucoup sur la réduction d’émissions à l’étranger, une stratégie régulièrement dénoncée par les militants écologistes et même par des scientifiques comme la climatologue de l’Université de Neuchâtel Martine Rebetez, qui y voit une manière de «négocier pour ne rien faire chez soi temporairement».
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C’est le retour de la société civile dans le débat européen. Opération Libero et les Verts annoncent le lancement d’une initiative populaire. Cinq mois après la rupture des négociations sur l’accord-cadre, le but serait de contraindre le Conseil fédéral à négocier une sorte de bilatérales III, voire même une adhésion à l’UE.
«Ce mikado politique, dans lequel le premier à faire bouger les lignes est considéré comme le perdant, doit enfin cesser», clame la coprésidente d’Opération Libero, Sanija Ameti. La récolte des signatures à l’appui de l’initiative devrait débuter au plus tard en juin. D’ici là, les initiants vont chercher d’autres partenaires. Si les Socialistes examineront le texte avec attention, Le Centre et le PLR (droite) le rejettent d’emblée.
Né en 2014 après l’acceptation inattendue d’une initiative anti-immigration de l’UDC (droite conservatrice), Opération Libero est un mouvement civique qui se dit «au-dessus des partis», bien que ses valeurs soient clairement de type social-libéral. Il milite pour une Suisse «multiculturelle, cosmopolite, moderne et progressiste».
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Le fait que la Suisse ne connaisse pas de séparatisme des régions linguistiques tient aussi à la prospérité du pays. C’est l’avis de Stéphane Dion, ambassadeur du Canada en Allemagne et envoyé spécial auprès de l’Union européenne, qui s’est beaucoup occupé de l’unité de son propre pays, notamment en tant que ministre des Langues officielles de 2001 à 2003.
Pour un Suisse italophone, l’Italie ne fait pas vraiment envie, pas plus que la France pour un Romand ou l’Allemagne pour un Alémanique. Il sera certainement plus prospère en restant suisse. C’est ainsi que l’ambassadeur explique principalement l’absence en terres helvétiques de mouvements séparatistes comme en connaissent la Belgique, l’Espagne ou le Canada.
Quant à l’usage de l’anglais comme langue passerelle pour communiquer entre compatriotes, Stéphane Dion n’y voit pas un phénomène inquiétant. Selon lui, l’anglais, langue internationale que tout le monde a intérêt à apprendre, ne vient pas à la place d’une autre langue nationale, mais en plus de celle-ci.
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Il vient de passer près de quatre ans dans les geôles espagnoles. Aujourd’hui libéré, le militant catalan Jordi Cuixart i Navarro continue son combat depuis la Suisse. Lui et les siens sont bien décidés à faire progresser l’idée indépendantiste, mais sans aller jusqu’à l’action violente.
Le Conseil de l’Europe l’avait décrit comme «le seul militant des droits humains emprisonné en Europe occidentale». Sitôt sorti de prison, il s’est empressé de participer à une manifestation, car pour lui, s’en abstenir serait revenu à admettre qu’il avait effectivement commis un crime.
Selon lui, la cause indépendantiste progresse, et ce qui divise la Catalogne aujourd’hui, ce sont d’abord les inégalités sociales. Jordi Cuixart i Navarro compte bien voir les fronts évoluer ces prochaines années et rappelle que «Dieu n’a pas délimité les frontières en déclarant ‘qu’il en soit ainsi’».
- L’interview de Jordi Cuixart i Navarro, par mon collègue Jamil Chade
- La Catalogne et la Suisse en comparaison directe – par mon collègue Sandro Lüscher – octobre 2017
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