Aujourd’hui en Suisse
Helvètes du monde, bonjour,
Verser un milliard de francs supplémentaire à l’Europe pourrait permettre à la Suisse de réintégrer les programmes d’échange scientifiques et estudiantins. Mais qui pour en profiter, si nous sommes toutes et tous bientôt confinés à l’approche de la cinquième vague de coronavirus en Suisse?
Bonne lecture,
L’autorité de surveillance des médicaments en Suisse, Swissmedic, vient d’approuver l’extension de la troisième dose de vaccin aux plus de 16 ans.
La décision attendue est tombée ce mardi. Alors qu’elle avait déjà autorisé l’administration d’une troisième dose de vaccin contre le coronavirus aux plus de 65 ans, Swissmedic vient de confirmer l’élargissement aux personnes de plus de 16 ans pour le vaccin Pfizer/BioNTech.
De son côté, la Confédération a conclu un contrat avec l’entreprise Merck Sharp & Dohme Suisse pour réserver quelques milliers de boîtes d’un médicament prometteur contre le coronavirus, le Molnupiravir. Autre nouvelle réjouissante: une étude tend à montrer qu’attraper le rhume pourrait renforcer la protection contre le Covid.
Dans le même temps, la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de la santé discute de nouvelles restrictions pour faire face à la recrudescence des cas en Suisse. Les Grisons, Bâle et Nidwald ont déjà prise des mesures. Les cantons romands devraient suivre sous peu.
- Coronavirus, la situation en Suisse
- Le rhume pourrait renforcer la protection contre le CovidLien externe, selon une étude
La Commission de politique extérieure du Conseil national souhaite doubler le milliard de cohésion versé par la Suisse aux pays d’Europe de l’Est. En contrepartie, Bruxelles devrait s’engager à réintégrer la Suisse dans ses programmes de recherche.
La proposition a de quoi surprendre, tant le premier milliard est déjà contesté. Mais pour le député socialiste de Bâle-Campagne Eric Nussbaumer, auteur de la proposition, il s’agit de tenter de sauver la participation suisse aux programmes tels que «Horizon Europe» et «Erasmus+».
Mi-novembre, le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis et le commissaire européen Maros Sefcovic s’étaient mis d’accord pour tirer un bilan intermédiaire en janvier 2022. Un doublement de la contribution à la cohésion donnerait au Conseil fédéral «matière à négocier».
Bruxelles attend en effet un «signal politique fort» de la part de la Suisse et a fait savoir que de premiers progrès vers une relation réglementée seraient possibles si la Confédération faisait une proposition concrète. Le 26 mai, le Conseil fédéral avait unilatéralement interrompu les négociations sur l’accord-cadre institutionnel avec l’UE, faisant ainsi péricliter de nombreux accords bilatéraux.
- Vers un doublement de la contribution suisse à l’UE?
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La majorité des Afghanes et Afghans qui fuient la violence de leur pays n’obtiennent pas le statut de réfugiés en Suisse, qui interprète la persécution de manière restrictive – ce que critique le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
La Suisse «n’accorde l’asile à une personne que si elle peut prouver qu’elle est persécutée individuellement», explique le HCR. Une preuve «particulièrement difficile» à apporter dans des contextes de guerre civile, «où des groupes de personnes sont persécutés parce qu’ils appartiennent au camp adverse ou parce qu’ils en sont soupçonnés».
Depuis la reprise de leur pays par les talibans, les Afghanes et Afghans sont particulièrement concernés par cette problématique. Même si ces personnes sont admises et protégées par la Suisse, très peu d’entre elles obtiendront le statut de réfugiées et l’asile.
La cheffe du bureau du HCR pour la Suisse et le Liechtenstein Anja Klug estime que la Suisse doit abandonner les admissions provisoires au profit d’un nouveau statut de protection, à l’image de la pratique en vigueur au sein de l’Union européenne. Car le permis F qui leur est délivré rend difficile de trouver un travail et de s’intégrer dans la société.
Et, selon Anja Klug, «les personnes qui ont besoin d’une protection internationale vont rester en Suisse. Il est donc dans l’intérêt du pays d’accueil de les intégrer. Mieux les gens sont intégrés, moins ils ont besoin d’être soutenus financièrement et plus ils peuvent contribuer à la société suisse.»
- L’interview d’Anja Klug par ma collègue Katy Romy
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Polarisation, méfiance, inégalités sociales: la pandémie de coronavirus a mis en évidence des problèmes qui couvaient déjà dans les démocraties. L’inclusion et le partage du pouvoir pourraient être les remèdes.
Estefania Cuero est experte en diversité et doctorante à l’Université de Lucerne. Pour elle, l’inclusion des personnes défavorisées devrait représenter un enjeu central de la démocratie suisse. Mais elle considère que cette volonté manque en Suisse, ce qui creuse plus encore les inégalités.
Ses préoccupations rejoignent celles de Sanija Ameti, co-présidente d’Opération Libero, un mouvement politique composé de jeunes en lutte contre le populisme, l’exclusion et l’isolationnisme en Suisse. «Nombreuses sont ici les personnes à manquer de confiance en l’action de l’État, parce qu’elles ne sont pas représentées», explique-t-elle.
Les deux expertes mettent en garde contre la polarisation et la division, deux facteurs de danger pour la démocratie. Leurs solutions? Pour l’une, «la politique doit reconsidérer les personnes marginales et défavorisées, et adopter à leur égard un comportement solidaire, d’égal à égal». Pour l’autre, il faudrait d’une part que les parlementaires soient tiré-es au sort et, d’autre part, que la population étrangère puisse bénéficier dans toute la Suisse du droit de vote au niveau communal.
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