Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, Helvètes du monde,
Un franc = un euro, cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu les devises suisse et européenne à parité, mais en cette fin d’année on y est presque. Avec quelles conséquences pour l’économie helvétique? Je vous en parle dans cette sélection de l’actualité.
Au menu également: une certaine crispation en France face au «siphonnage» de son personnel soignant, une nouvelle victime collatérale des tensions entre la Suisse et l’UE, avant de terminer sur une note sucrée et «Swiss made».
Excellente lecture,
Le franc suisse frôle actuellement la parité avec l’euro – un euro s’échange contre seulement 1,04 franc. La devise helvétique n’avait pas été aussi forte depuis plus de 6 ans.
En Suisse, le franc fort profite aux consommateurs et consommatrices, moins au commerce de détail. Pour les personnes qui résident en Suisse, il est encore meilleur marché d’acheter de l’autre côté de la frontière. A l’approche de Noël, cela pourrait favoriser le tourisme d’achat – mais ce n’est pas sûr, compte tenu des restrictions liées au Covid et du prix élevé du carburant.
Un franc fort peut aussi désavantager l’économie d’exportation. Et pourtant, peu d’entreprises exportatrices s’en plaignent pour l’instant. Selon la RTS, l’industrie helvétique a su s’adapter à cette réalité. Une dizaine de firmes ont été contactées par la télévision publique romande et elles ont un carnet de commandes bien rempli.
Cette résilience s’explique par «l’innovation, l’innovation, l’innovation», affirme dans le 19h30 la directrice d’une PME spécialisée dans les technologies médicales, qui a dû engager cette année une cinquantaine de personnes pour absorber un record de commandes.
- Le franc suisse au plus fort depuis 6 ans ne fait plus si peur à l’industrie – le sujet de la RTS
- L’interview de Serge Reymond, directeur général du Centre Patronal Suisse, dans TTCLien externe
- Le franc se renforce, quel impact pour la Suisse? – l’article de 20 MinutesLien externe
Dans les cantons suisses voisins de la France, une grande partie du personnel hospitalier est français. Et alors que la cinquième vague fait rage des deux côtés de la frontière, le mécontentement des autorités françaises grandit, raconte la Luzerner Zeitung.
Le journal alémanique relaie le ras-le-bol du président de la Haute-Savoie Martial Saddier. Le département frontalier est confronté à une pénurie de personnel soignant qui s’aggrave. Et les pratiques de recrutement de certains acteurs romands du secteur de la santé n’y sont pas étrangères, selon lui.
Des agences de recrutement suisses chercheraient activement à embaucher du personnel médical en France, en déposant des flyers sur les parkings des hôpitaux ou en publiant des annonces dans la presse locale. Ce n’est bien sûr pas interdit mais «entre amis, on ne le fait pas», estime Martial Saddier. Encore moins en période de pandémie.
Il est clair que les agences de recrutement suisses ont la partie facile en France, où le salaire d’un-e infirmier-e dépasse à peine les 2000 euros nets contre près de 6000 francs en Suisse. Selon la Luzerner Zeitung, l’ambassadeur de France à Berne a téléphoné la semaine dernière à certains cantons romands pour aborder directement avec eux ce sujet très sensible.
- Une région française frontalière de la Suisse se plaint du débauchage du personnel soignant – l’article de la Luzerner ZeitungLien externe (en allemand, abonnement)
- L’appel du personnel infirmier entendu par le peuple – notre article en lien avec la votation du 28 novembre
- Infirmières en Suisse, héroïnes stressées et sous-payées – notre article sur les conditions difficiles du personnel soignant, même en Suisse
- Coronavirus: la situation en Suisse – notre article mis à jour
Plus
MétéoSuisse, nouvelle victime collatérale de la brouille entre Berne et l’Union européenne sur l’accord-cadre. L’Office fédéral de météorologie, un des leaders mondiaux de la simulation météorologique, a été exclu d’un projet européen majeur baptisé «Destination Earth».
Ce programme de modélisation de la Terre, qui vise à créer une «jumelle numérique» de la planète, est présenté comme une avancée technologique cruciale. D’ici quelques années, il pourrait aider à prévoir les évènements météo extrêmes ou à mesurer plus précisément l’impact du changement climatique.
MétéoSuisse a participé aux préparatifs. Il était en effet prévu que l’institution collabore avec le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, un institut de recherche international et indépendant que la Suisse a cofondé avec 21 autres pays en 1975. Puis cet été, coup de tonnerre: «Destination Earth» démarre bel et bien, mais sans la Suisse.
Une conséquence directe de la rupture des négociations sur l’accord-cadre. «L’UE a modifié les conditions de participation de telle sorte que nous, pays non associé, ne pouvons plus participer», regrette le directeur de MétéoSuisse Peter Binder dans la Neue Zürcher Zeitung.
La mise à l’écart de la Suisse pourrait avoir un impact direct sur ses capacités de prévisions météo à moyen et long terme. «Si on n’est plus associé à ce projet, on prend du retard et on perd un savoir-faire», a expliqué Isabelle Bey, responsable de l’antenne genevoise de MétéoSuisse, ce matin à la RTS.
- Le projet «Destination Earth» expliqué sur le site de la Commission européenneLien externe
- MétéoSuisse exclue d’un projet capital de l’UE en matière de prévisions – le sujet de la RTSLien externe
- L’UE abandonne Météo Suisse sous la pluie – l’article de la NZZLien externe (en allemand, abonnement)
Plus
Près de 80% du sucre consommé en Suisse est produit en Suisse. La filière sucrière indigène produit chaque année près de 270’000 tonnes de sucre, dans deux usines situées à Aarberg (canton de Berne) et Frauenfeld (canton de Thurgovie).
Mes collègues se sont rendus en reportage à Aarberg, la plus grande fabrique de sucre du pays. Des betteraves provenant de toute la Suisse y sont nettoyées, réduites en pulpe, puis transformées en sucre. En haute saison, mille tonnes de sucre suisse sortent quotidiennement de cette usine du Seeland bernois.
La filière sucrière suisse ne survivrait pas sans le soutien massif de l’État. La Confédération a augmenté en 2018 ses subventions pour enrayer le déclin de la culture de betteraves. Et cette production coûte cher au contribuable, environ 70 millions de francs par an.
Alors pourquoi la Suisse a-t-elle besoin de sucre indigène? Parce que le sucre est considéré comme un bien de première nécessité, dont il est obligatoire de faire des réserves. Selon la filière sucrière, il serait aussi plus durable que le sucre importé. Mais ces arguments ne font pas l’unanimité.
- Pourquoi la Suisse soutient une production de sucre peu rentable – le reportage de Samuel Jaberg et les photos de Thomas Kern
- La Chambre haute du Parlement vient de rejeter deux initiatives visant à réduire la consommation de sucre – l’article de heidi.newsLien externe (abonnement)
- Betterave vaudoise, le contre-la-montre d’une filière en péril – l’article du journal vaudois 24 HeuresLien externe paru en octobre (abonnement)
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative