Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, Helvètes sans frontières,
Le coup d’envoi des controversés Jeux olympiques 2022 a été donné cet après-midi en Chine. Certains et certaines auraient souhaité que le gouvernement suisse boycotte la cérémonie d’ouverture pour signifier son attachement aux droits humains. Berne a opté pour une position beaucoup plus pragmatique, facilitée par le Covid. Ailleurs dans la presse, ces JO sont traités sous l’angle de la cybersécurité des athlètes suisses mais aussi, plus légèrement, de leurs nombreuses chances de médailles.
Excellente lecture et bon week-end.
Les Jeux olympiques 2022 en Chine ont officiellement débuté ce vendredi. Et la cérémonie d’ouverture s’est déroulée sans aucun membre du gouvernement suisse. Le Conseil fédéral a choisi de n’envoyer aucun ministre à Pékin, une décision annoncée il y a neuf jours seulement.
Plusieurs pays dont les États-Unis, le Royaume-Uni ou le Danemark se sont également abstenus d’envoyer leurs chefs d’Etats ou membres de gouvernement. Il s’agit pour eux d’un boycott diplomatique visant à dénoncer la situation des droits humains en Chine. La décision de la Suisse, elle, n’a pas été motivée par des considérations politiques, selon la communication officielle.
Elle est liée à la «situation sanitaire incertaine» et aux mesures de lutte contre le Covid, qui empêchent les «rencontres bilatérales substantielles». Pour les parlementaires et activistes qui étaient favorables au boycott diplomatique, utiliser la pandémie comme excuse est opportuniste.
Mais cette ambiguïté helvétique fait partie de l’approche intermédiaire adoptée par le pays pour ne pas braquer la Chine, qui est son troisième partenaire commercial, a expliqué la sinologue Simona Grano à ma collègue Geraldine Wong Sak Hoi.
- Face à Pékin, la Suisse libérée grâce à la pandémie – notre article
- Swiss Olympic a élaboré des règles de cybersécurité pour ses athlètes en Chine – l’article du TempsLien externe
- La délégation suisse aborde ces JO forte de nombreuses possibilités de médailles – l’article du TempsLien externe (abonnement)
- La cérémonie d’ouverture racontée sur le site du TempsLien externe
- Déjà un record de participation pour Simon Ammann – l’article de bluewin.chLien externe
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La ministre de l’Intérieur suisse était à Lille (nord de la France) ces deux derniers jours pour discuter de la réforme de l’espace Schengen avec ses homologues. Protection des frontières extérieures, politique migratoire et coopération policière étaient au cœur des discussions.
A cette occasion, Karin Keller-Sutter a pu s’entretenir avec Emmanuel Macron. Le président français lui a assuré que la Suisse serait pleinement associée à son nouveau projet de Conseil politique de l’espace Schengen. Cet outil devrait offrir à la Suisse plus de voix au chapitre.
Mais une votation à venir pourrait compliquer les choses. Le renforcement de Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières, fera l’objet d’un référendum en Suisse le 15 mai prochain. La conseillère fédérale a profité de la session de discussions pour en informer ses partenaires. «Ils n’étaient pas du tout au courant», a-t-elle déclaré à la RTS.
Or Frontex est un élément central de Schengen, et tant Emmanuel Macron que la Commission ne se sont pas privés de le souligner. Un refus de renforcer Frontex aboutirait donc à un retrait quasi inéluctable de la Suisse de l’agence, fait savoir la ministre de l’Intérieur.
- «En cas de non à Frontex, nous devrons quitter l’espace Schengen» – l’article de RTSinfo.chLien externe
- Sur Schengen, Paris donne à Berne une nouvelle voix au chapitre – l’article du TempsLien externe (abonnement)
- La page dédiée à ces discussions sur le site du Département fédéral de justice et policeLien externe
Le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, le Zurichois Nils Melzer, lâchera en mars son mandat, qui aurait dû s’achever en octobre. Il prendra en juillet un poste de directeur au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a annoncé l’organisation jeudi.
Les deux fonctions ne sont pas compatibles, a expliqué Nils Melzer. Alors que le rapporteur de l’ONU doit parler clairement et mobiliser l’opinion publique, son rôle au CICR nécessitera davantage de confidentialité et de dialogue hors de la sphère publique. Le CICR s’occupe des personnes touchées par les conflits armés dans le monde entier.
Nils Melzer est spécialiste en droit international humanitaire et en droit international des droits humains, des matières qu’il enseigne à l’université. Il est aussi titulaire de la Chaire des droits humains à l’Académie de droit international humanitaire et de droits humains à Genève. Il a déjà travaillé pour le CICR de 1999 à 2011, aussi bien sur le terrain qu’au siège, indique l’organisation.
Le Zurichois s’était notamment illustré pour sa critique sévère et récurrente de la justice britannique dans l’affaire Julian Assange. Il avait également dénoncé la situation du jeune Brian, le délinquant récidiviste le plus médiatisé de Suisse, enfermé 23 heures par jour dans une cellule individuelle.
- L’article de la SRFLien externe (en allemand)
- L’annonce de la nomination de Nils MelzerLien externe sur le site du CICR
- Appel à plus d’action après le retour de deux filles d’un camp syrien – une de ses récentes prises de position sur le cas de deux jeunes filles rapatriées de Syrie
- Rapporteur spécial de l’ONU, c’est quoi au juste? Ma collègue Julia Crawford avait rencontré Nils Melzer en 2018
Au Canada, une action est lancée pour sauver le Village Edelweiss à Golden, en Colombie britannique. Ce groupe de chalets ayant hébergé les pionniers suisses de la conquête des sommets des Rocheuses canadiennes a récemment été mis en vente pour la somme de 2,3 millions de dollars canadiens.
Mais ce n’est pas une simple transaction immobilière. Le sauvetage d’un pan de la culture et de l’histoire commune de la Suisse et du Canada est en jeu, car ces chalets présentent un intérêt historique indéniable.
Deux Suisses de l’étranger, Johann Roduit et Ilona Spaar, ont donc décidé d’agir pour préserver ce patrimoine culturel unique de la Suisse. Cela passe notamment par l’organisation d’une campagne internationale de financement participatif pour acheter le village et le lancement d’un siteLien externe web.
Le sort des chalets suisses intéresse également la Suisse officielle. Le consul général de Suisse à Vancouver soutient l’initiative des deux Suisses de l’étranger et, dans une émission récemment diffusée sur les ondes de la RTS, le patron de Présence Suisse Nicolas Bideau les a lui aussi assuré de son soutien.
- Action de sauvetage pour les chalets suisses de Golden – l’article de ma collègue Melanie Eichenberger
- Un village suisse à vendre dans les Rocheuses – sa précédente contribution sur le sujet
- L’interview de Johann Roduit dans l’émission ForumLien externe de la RTS
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