Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, Helvètes sans frontières,
«La lumière à l'horizon est bel est bien là». Ces mots, ce sont ceux du président de la Confédération Ignazio Cassis, qui a annoncé cet après-midi la levée de presque toutes les mesures sanitaires en Suisse. La presse helvétique revient largement sur cette «étape décisive», synonyme d’optimisme et de liberté retrouvés, mais aussi de responsabilité et de prudence.
Également au menu de cette sélection du jour: une distinction honorifique décernée à Mussolini, qui embarrasse encore l’Université de Lausanne 80 ans plus tard; et une nouvelle étude mettant en lumière l’attractivité de la Suisse pour les habitants et habitantes de France voisine.
Bonne lecture,
La rumeur bruissait depuis des jours, cette fois c’est confirmé: quasiment toutes les mesures de restrictions destinées à lutter contre le coronavirus vont être levées. La décision, annoncée ce mercredi par le Conseil fédéral, doit prendre effet dès demain jeudi.
Cela signifie concrètement que l’accès aux magasins, aux restaurants, aux établissements ouverts au public et aux manifestations sera à nouveau possible sans masque, ni certificat, ni limitation du nombre de personnes. La recommandation de travailler à domicile est également abrogée.
Le port du masque restera toutefois requis dans les transports publics et les établissements de santé jusqu’à la fin mars, afin de protéger les plus vulnérables. Les personnes testées positives devront quant à elles continuer à s’isoler. Pour le reste, la vie devrait reprendre quasiment comme avant.
Pour le gouvernement, l’évolution positive de la situation épidémiologique permet de franchir ce pas. Grâce à l’immunité élevée de la population, une surcharge du système de santé est improbable, et ce malgré une circulation toujours importante du virus, a-t-il fait savoir mercredi.
- Le suivi de la pandémie sur RTSinfo.chLien externe
- Coronavirus: la situation en Suisse – notre article mis à jour
- Un vent de liberté post-covid souffle sur le monde – l’article du TempsLien externe
C’est un jour particulier, mais sommes-nous prêt-es à le voir comme tel? Et comment gérer le retour à la vie «normale»? C’est aussi cette question qui occupe plusieurs médias suisses aujourd’hui.
Dans un commentaire pour le site watson.ch, le journaliste Fred Valet écrit: «Personne n’ose véritablement réaliser que ce 16 février 2022 est un jour historique». Selon lui, nous sommes dans un «déni collectif» par peur de «se réjouir trop vite». «La pandémie n’est pas terminée. Digérer plus de 24 mois de crise est un voyage à faire en solitaire. Avec ses forces, ses angoisses et ses bulletins de santé», poursuit-il.
Pour certains et certaines, le retour à la «vie d’avant» pourrait même se révéler très déstabilisant psychologiquement. A cause d’une énième réadaptation, par peur d’être à nouveau reconfiné-es plus tard, etc. C’est ce que disent deux psychologues, interrogées par watson.ch et le Temps.
Sans compter que les personnes à risque restent à risque et qu’elles percevront sûrement les annonces du jour de manière bien différente. Le ministre de la Santé Alain Berset a d’ailleurs appelé à «rester très humbles» et à faire preuve de tolérance, car la fin des mesures peut être une source «d’anxiété».
- Le commentaire de Fred Valet sur watson.chLien externe
- Sommes-nous prêts à vivre sans Covid dès demain? «Non, je ne pense pas» – interviewLien externe de la psychothérapeute Patricia Failletaz
- Quand le retour à la «normale» devient source d’angoisses – l’article du TempsLien externe (abonnement)
- Malgré la levée des mesures, les personnes vulnérables devront toujours être protégées – l’article du TempsLien externe (abonnement)
Plus
Une embarrassante distinction honorifique, décernée il y a 85 ans à Mussolini par l’Université de Lausanne (UNIL), fait à nouveau parler d’elle. En 1937, l’UNIL avait décerné au dictateur italien un doctorat honoris causa, «pour avoir conçu et réalisé dans sa patrie une organisation sociale qui a enrichi la science sociologique et qui laissera dans l’histoire une trace profonde».
Les appels à retirer à titre posthume cette distinction au chef du régime fasciste italien se multiplient depuis plusieurs années. Ils vont bientôt atteindre le parlement cantonal vaudois, où le parti Ensemble à gauche va prochainement déposer une motion en ce sens.
En attendant, le nouveau recteur de l’UNIL Frédéric Herman a été questionné sur ce sujet mardi soir par la RTS. Dans l’émission Forum, il a reconnu que ce titre «crée un malaise» et l’a qualifié de «regrettable». «Les valeurs de l’UNIL sont à l’opposé du fascisme», a-t-il insisté.
Pour autant, d’un point de vue juridique, retirer ce diplôme honorifique «serait compliqué (…) d’autant plus à titre posthume», a expliqué Frédéric Herman. Un groupe de spécialistes mis sur pied il y a un an par l’UNIL devrait terminer son travail «dans quelques semaines», selon le recteur. Objectif: avoir une position institutionnelle claire.
- Mussolini, docteur honoris causa de l’Université de Lausanne, un scandale? L’interviewLien externe de Frédéric Herman dans l’émission Forum
- L’ombre du docteur Mussolini – l’article de TV Svizzera (italien)
- Doctorat honoris causa à Mussolini: l’avenir du passé est en jeu! L’opinionLien externe de la conseillère nationale et professeure d’histoire Stéfanie Prezioso (abonnement)
- Mussolini, docteur honoris causa – l’article du journal vaudois 24HeuresLien externe (mars 2019)
- Le périple suisse de Benito Mussolini – dans nos archives
Près d’un-e Français-e sur deux vivant près de la frontière helvétique gagne sa vie en Suisse. C’est ce que montre une nouvelle étude, menée par l’Institut français de la statistique et des études économiques (Insee), dans la région Rhône-Alpes – Auvergne.
Les salaires des ménages concernés proviennent principalement de la région genevoise. C’est en Haute-Savoie que le nombre de travailleurs et travailleuses frontaliers est le plus élevé. Dans ce département français, 26% des ménages tirent leur revenu de l’étranger, surtout de la Suisse. Cela concerne près de 90’000 foyers.
Pour les travailleuses et travailleurs frontaliers, la rémunération suisse représente presque l’intégralité des ressources du ménage. Il s’agit principalement de jeunes couples avec enfants, qui ont en moyenne entre 30 et 39 ans et sont, dans la plupart des cas, propriétaires de leur logement.
Ces personnes bénéficient d’un niveau de vie plus élevé que leurs voisins français, dû à l’écart important des salaires, indique l’Insee. Le revenu disponible d’une personne frontalière s’élève à plus de 3000 euros par mois, contre près de 1800 euros pour une personne qui ne reçoit pas de revenu de l’étranger.
- L’étude de l’INSEELien externe
- Le sujet de la RTSLien externe
- L’attrait de la Suisse provoque une pénurie de main-d’œuvre en France (février 2020)
- Une journaliste française dénonce le racisme «anti-frouzes» des Suisses (2016)
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