Aujourd’hui en Suisse
Helvètes du monde, bonjour,
Je ne vous surprendrai pas en vous annonçant que les trois objets en votation dimanche ont recueilli un «oui». Je vous invite cependant à vous pencher plus en détail sur la manière dont vous, chères et chers Suisses de l’étranger, avez voté, et sur les potentielles raisons qui vous y ont poussé.
Je vous parle également de traque de criminels de guerre et de la manière dont on vous espionne à l’insu de votre plein gré via votre clavier.
Bonne lecture,
Les Suisses de l’étranger ont approuvé encore plus nettement que leurs compatriotes du pays les trois objets en votation dimanche. La barrière du rösti se constate également au sein des expatrié-es.
Qu’il s’agisse de la nouvelle loi sur les transplantations, du renforcement de l’agence européenne de garde-frontières Frontex ou de la «Lex Netflix», le soutien des citoyennes et citoyens suisses expatriés a été encore plus marqué. La «Lex Netflix» recueille près de 78% de oui contre 58,4% en Suisse, de même que le don d’organes (77,8% pour les Suisses de l’étranger contre 60,2% en Suisse). Seul l’écart concernant Frontex est plus faible, avec près de 74% à l’étranger et 71,5% au pays.
Pour Martina Mousson, de l’institut gfs.bern, les résultats des deux premiers objets s’expliquent par le fait que la majorité des Suisses de l’étranger vivent dans des pays européens, dans la plupart desquels des dispositions similaires existent déjà. Elle constate toutefois un «röstigraben» assez net.
Quant au vote sur la participation à la Suisse à Frontex, il a été largement soutenu en Suisse et par la population expatriée. Probablement parce que cette dernière est encore plus proche des frontières européennes, note Martina Mousson, et se sentirait donc encore plus concernée.
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Le «oui» massif de dimanche à la participation de la Suisse à Frontex montre que les Suisses sont attachés à l’espace Schengen. Pour autant, il ne faut pas l’interpréter comme une carte blanche donnée à l’institution.
Le risque de voir la Suisse exclue de l’espace Schengen en cas de refus à Frontex a sans doute effrayé de nombreuses personnes dimanche, note la presse helvétique au lendemain des votations. La population sait qu’elle doit à cet accord la liberté de voyage à l’intérieur de l’espace européen et la sécurité.
Pour Le Courrier, ce vote est un désaveu de l’extrême droite udéciste qui combattait Frontex au nom d’un «repli identitaire sur le réduit national». Il le considère donc aussi comme rapprochement avec l’UE.
Durant la campagne, les référendaires ont «mis le doigt sur des critiques justifiées faites à une agence européenne dont le budget a grandi de manière exponentielle», relève Le Temps. Le Blick abonde: il est juste que la Suisse participe au développement de Frontex si elle veut profiter de la libre circulation et de la sécurité offertes par Schengen. Mais plus Frontex s’agrandit et son budget prend l’ascenseur, plus sa responsabilité augmente, ajoute-t-il.
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La Suisse, comme de nombreux autres pays, soutient activement la traque des criminels de guerre en Ukraine. Des expert-es mettent en garde contre le risque de doublons.
La Suisse et 40 autres états ont chargé la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur les crimes commis en Ukraine. Déjà active dans plusieurs projets internationaux, la Confédération a décidé de mettre à disposition du procureur en chef de la CPI deux experts suisses supplémentaires pour l’Ukraine. En tant que membres du Conseil de l’Europe, plusieurs parlementaires suisses s’engagent également activement dans le contexte de la guerre.
À l’intérieur des frontières, la police fédérale (Fedpol) et le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) ont mis en place un système qui permet aux personnes fuyant l’Ukraine de soumettre d’éventuelles preuves de crimes de guerre. Mais à ce jour, ils n’ont encore reçu aucun signalement. Quant au Ministère public de la Confédération, il a mis sur pied un groupe de travail dont le but est de répondre à de futures demandes d’entraide judiciaire.
Si les expert-es saluent cet important engagement, ils mettent toutefois en garde contre un potentiel manque de coordination entre toutes ces organisations. Pour écarter ce risque, la Commission internationale de juristes (une ONG basée à Genève) demandent la création d’une organisation qui rassemblerait tous les signalements recueillis afin de les mettre à disposition de la justice.
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Des sites internet savent en direct ce que tapent leurs utilisateurs et utilisatrices dans les formulaires en ligne, même s’ils ou elles n’appuient pas sur «envoyer». C’est que révèle une étude, à laquelle a participé un Suisse.
Quatre chercheurs viennent de démontrer dans une étude que des milliers de sites web espionnent leurs internautes en direct. Pour ce faire, ils ont analysé le comportement des 100’000 sites les plus consultés. Des milliers d’entre eux recueillent les adresses électroniques des personnes les consultant sans leur consentement et/ou aspirent leurs données à des fins marketing.
Pour Mathias Humbert, professeur associé au Département des systèmes d’information (DESI) de HEC à l’Université de Lausanne et co-auteur de l’étude, ces découvertes «mettent en lumière une nouvelle dimension du traçage en ligne des individus. […] Ce que nous avons découvert est d’autant plus inquiétant que cela se fait de manière totalement furtive et sans le consentement des utilisateurs.»
Le chercheur conseille donc aux internautes de «faire attention à ce qu’ils tapent sur des formulaires en ligne» et avertit que «le problème de confidentialité que nous révélons mérite davantage d’attention de la part des développeurs de navigateurs web, des développeurs d’outils de protection de la vie privée et des agences de protection des données.»
- L’espionnage de nos claviersLien externe révélé par un chercheur lausannois (Le Temps, sur abonnement)
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