Aujourd’hui en Suisse
Bonjour Helvètes du monde,
En ce début de semaine, les parlementaires réunis pour leur session d’hiver ont débattu de deux sujets d’importance pour la Suisse: le dépoussiérage de la définition juridique du viol et la redistribution de la manne qui découlera de la nouvelle imposition des multinationales. On vous résume ce qui est sorti des discussions.
Il est aussi question des inquiétudes qui planent sur les stations de ski en raison de la crise énergétique et d’une étude qui confirme que l’avenir des médias passe par le web.
Excellente lecture,
«Oui, c’est oui.» Le Conseil national, la Chambre basse du Parlement, s’est penché sur la redéfinition du viol. Et il a tranché lundi soir en faveur du consentement explicite, contrairement au Conseil des États, la Chambre haute, plutôt favorable à la variante «non, c’est non».
Les parlementaires s’accordent à dire que la définition du viol est dépassée en Suisse, car trop restrictive. Dans le droit pénal actuel, seule la pénétration vaginale non consentie d’une femme par un homme est considérée comme un viol, et la victime doit avoir démontré de la résistance.
A l’avenir, toute pénétration non consentie, quel que soit le sexe de la victime, devrait être considérée comme un viol, sans notion de contrainte. Mais jusqu’à quel point moderniser la loi? C’est ce qui divise le Parlement. La majorité du Conseil des États et une partie du camp bourgeois estiment que la notion de viol doit se baser sur un refus, et que la solution du «oui c’est oui» créera de la confusion en pratique.
Mais c’est cette variante qu’a privilégiée le National par 99 voix contre 88 et 3 abstentions. Opter pour la version «non, c’est non», c’est présumer que le corps du ou de la partenaire est à disposition, a plaidé l’écologiste Raphaël Mahaim. La solution «oui, c’est oui» permettrait en outre de prendre en compte les cas où la victime, tétanisée, est incapable de réagir.
Le dossier repasse au Conseil des États.
- La dépêche ATS
- Le suivi de la session parlementaire en cours sur RTSinfo.chLien externe
- Le consentement mutuel séduit la population, mais pas encore le Parlement – l’article de ma collègue Katy Romy (avril 2022)
- Lorsque dire «non» au sexe ne suffit pas – l’article de ma collègue Sibilla Bondolfi (janvier 2021)
- En Suisse, les hommes ne peuvent pas être victimes de viol (septembre 2018)
Le Parlement s’accorde sur une répartition des recettes de la nouvelle taxation des multinationales à 75% pour les cantons et 25% pour la Confédération. Lors du premier débat le 1er décembre, la majorité du National était favorable à une répartition à 50-50, mais le Centre a entretemps changé d’avis.
Un projet prévoit d’imposer à 15% toutes les grandes entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse les 750 millions d’euros, pour s’aligner sur la réforme mondiale décidée par l’OCDE et le G20. Si cet impôt complémentaire n’était pas contesté, la répartition des recettes supplémentaires – estimées entre 1 et 2,5 milliards – l’était beaucoup plus.
Le Conseil fédéral et le Conseil des États soutenaient depuis le début la répartition 75- 25. Hier lundi, la Chambre haute a sans surprise réaffirmé son soutien à cette proposition et a été ralliée ce matin par le Conseil national par 99 voix contre 87 et 6 abstentions.
La gauche et les Vert’libéraux voulaient que 50% des recettes aillent à la Confédération, afin que la manne profite au plus grand nombre. Mais la répartition 75-25 est déjà un compromis, a fait valoir le libéral-radical Beat Walti. Le député du Centre Markus Ritter a de son côté rappelé que le peuple aura de toute façon le dernier mot lors d’un vote qui devrait avoir lieu en juin.
- La dépêche ATS
- Les cantons toucheront 75% du supplément de recettes fiscales des entreprises – le sujet de la RTSLien externe
- L’article de ma collègue Jessica Davis Plüss sur la réforme fiscale mondiale (novembre 2021)
Après deux hivers de restrictions liées à la pandémie, les professionnel-es du tourisme alpin sont prudemment optimistes pour cette saison. Trois quarts des établissements des Alpes suisses s’attendent à retrouver leur niveau de chiffre d’affaires d’avant la crise, selon une récente enquête d’Hotelleriesuisse, la faîtière de la branche.
Mais la flambée des prix de l’énergie est désormais un nouveau casse-tête pour les prestataires de services. Selon les données d’Hotelleriesuisse, la part de l’énergie dans les frais des hôteliers est passée de 3% en 2021 à 5% cette année, et engendre d’importantes difficultés financières pour de nombreux propriétaires d’établissements.
Les trois quarts des hôtels ont augmenté leurs prix d’hiver de 5%, et un hôtel sur dix prévoit de les augmenter de plus de 10%, indique le sondage. Les propriétaires explorent aussi des moyens d’économiser l’énergie, comme l’installation d’éclairages à haut rendement énergétique et la réduction de la température des radiateurs.
La hausse des prix de l’énergie inquiète aussi les Remontées mécaniques suisses (RMS). L’association envisage des mesures d’économie comme ralentir les infrastructures ou baisser le chauffage. Le prix moyen des forfaits devrait augmenter de 3%. Le gouvernement s’est en tout cas voulu rassurant: une fermeture totale ne sera décidée qu’en tout dernier recours.
- Les soucis énergétiques jettent une ombre sur la saison de ski – l’article de mon collègue Simon Bradley
- L’hiver s’annonce difficile pour les remontées mécaniques – le sujet de la RTSLien externe
- Comment la Suisse entend faire face à la crise énergétique cet hiver – l’article de mon collègue Luigi Jorio
- L’«or blanc» pèse lourd dans l’économie alpine – mon article sur le poids du tourisme hivernal dans l’économie des régions alpines (décembre 2020)
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Les médias en ligne ont désormais plus d’influence que la télévision. C’est ce que montre une étude mandatée par l’Office fédéral de la communication (OFCOM), publiée ce mardi.
En matière de formation de l’opinion, les médias en ligne pèsent aujourd’hui 29%, devant la télévision (24%), la radio (18%), les médias sociaux (15%) et la presse papier (14%). La plupart des grands médias traditionnels connaissent une perte d’influence. Parmi les marques étudiées, la SSR (la maison-mère de swissinfo.ch) est celle qui a le plus de poids (27%).
Les marques purement en ligne, comme watson.ch, et les offres en ligne de la SSR gagnent en importance, note l’étude. Le déplacement vers le web s’observe aussi au sein même des titres, surtout régionaux, la plupart étant aujourd’hui consommés en ligne plutôt que dans leur version imprimée.
L’étude juge que la perte d’importante des plus grands médias au profit des plus petits est une évolution «réjouissante» pour la diversité des opinions. Elle note aussi que la consommation de médias en général reste importante en Suisse, mais observe à nouveau un vieillissement de l’audience de nombreux médias traditionnels, tandis que les réseaux sociaux attirent les jeunes.
- Le récapitulatifLien externe de l’étude en français
- La dépêche ATS
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