Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, Suisses du monde,
La Suisse n’a pas de mer. Cela ne l’empêche pas d’abriter le siège de quelques-unes des plus grandes compagnies maritimes du monde, dont la Mediterranean Shipping Company (MSC). Cette dernière est sous le feu des projecteurs, mais pas pour une bonne raison: elle serait au cœur d’un trafic de drogue d’importance planétaire, selon une enquête de Bloomberg.
Dans cette lettre d’information, nous évoquerons aussi l’état des relations Suisse-Union européenne, ainsi que la question de la reconnaissance d’un troisième sexe.
Bonne lecture,
Le plus grand transporteur maritime au monde, l’entreprise MSC établie à Genève, aurait été infiltré par un gang de trafiquants de drogue. Une enquête de l’agence de presse américaine Bloomberg met en lumière son implication dans un gigantesque trafic de cocaïne.
En juin 2019, un volume record de 20 tonnes de cocaïne avait été découvert sur le porte-conteneurs de l’entreprise baptisé Gayane. La saisie du navire avait permis de démontrer la complicité d’une partie de l’équipage. Les marins avaient communiqué avec les fournisseurs de drogue, via des téléphones cryptés, et auraient coordonné le chargement de drogue sur le navire.
L’enquête de Bloomberg a analysé cette affaire, ainsi que d’autres saisies de drogue qui ont eu lieu sur des bateaux de MSC au cours des trois dernières années. Elle montre comment les gangs et cartels viennent se greffer au transport maritime international pour garantir leurs chaînes d’approvisionnement.
L’entreprise MSC se défend de toute participation au trafic de drogue. Elle s’estime victime et non complice du crime organisé. Elle s’oppose à l’affirmation selon laquelle la société entière serait infiltrée par un gang.
- Le sujetLien externe de RTS
- L’enquêteLien externe de la Tribune de Genève sur la famille à la tête de MSC
- Une tribune de l’expert en droit Mark Pieth sur la présence de MSC en Suisse
Une autre multinationale basée en Suisse est dans la tourmente. Le géant du ciment Holcim se trouve au cœur d’un litige climatique, une première au sein de la Confédération. L’affaire pourrait ouvrir la voie à d’autres cas similaires dans le pays.
Quatre habitantes et habitants de l’île de Pari, en Indonésie, ont engagé une procédure contre Holcim pour ses émissions historiques de CO2 et leur contribution à l’élévation du niveau des mers. L’entreprise a émis plus de 7 milliards de tonnes de CO2 depuis 1950, selon un calcul effectué par le Climate Accountability Institute.
L’EPER, l’ONG qui a commandé le rapport, estime que Holcim doit payer environ 3500 francs suisses à chaque plaignant-e. Une somme devrait couvrir les dommages subis par ces personnes, lors des inondations survenues sur leur île. Avec cet argent, elles comptent cofinancer des mesures d’adaptation comme la plantation de mangroves et la construction de barrages pour contrôler les futures inondations.
Un jugement en faveur de la partie plaignante créerait un précédent important pour des requêtes similaires, tant en Suisse que dans le monde entier. Les affaires relatives au climat ont d’ailleurs presque doublé au cours des dernières années, selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement. Plus de la moitié aurait une issue favorable en matière de changement climatique.
- Lire notre article
- La listeLien externe des carbon major du Climate Accountability Institute
- Notre point fort sur le réchauffement climatique
«Les choses bougent dans les relations entre la Suisse et l’Union européenne», affirme la négociatrice en chef de la Confédération Livia Leu. Dans une interview accordée à swissinfo.ch, elle fait le point sur les entretiens exploratoires menés avec Bruxelles.
L’UE semble prête à prendre en compte les intérêts suisses concernant la directive sur la citoyenneté en prévoyant des exceptions, selon Livia Leu. Cette directive fait partie des trois points d’achoppement dans les discussions entre Berne et Bruxelles. La Suisse craint notamment que celle-ci ne fasse exploser les coûts de l’aide sociale.
La négociatrice en chef précise aussi que la Suisse bénéficie du soutien de ses voisins. «Par exemple, dans le cadre d’Horizon Europe, l’Allemagne et l’Autriche se sont toutes deux engagées en faveur de notre association au programme», commente-t-elle. La Confédération a été exclue du programme de recherche européen, après avoir décidé de mettre fin aux négociations sur l’accord-cadre en mai 2021.
«La guerre en Ukraine a rapproché les pays européens et une compréhension plus profonde de notre communauté de valeurs, dont la Suisse fait bien sûr partie, a vu le jour», estime Livia Leu. Elle constate aussi que cette guerre d’agression a conduit à une certaine dynamisation de l’Europe, par exemple avec la première réunion de la «Communauté politique européenne».
- Lire l’interview de Livia Leu par ma collègue Sibilla Bondolfi
- Notre article sur la directive sur la citoyenneté
- Le point sur l’exclusion de la Suisse d’Horizon Europe
La Suisse n’est pas prête pour l’inscription d’un troisième sexe dans le registre de l’état civil. Le Conseil fédéral a publié mercredi un rapport sur le sujet.
Si beaucoup de pays reconnaissent désormais un troisième genre, à l’image de l’Allemagne, le Danemark ou de plusieurs pays d’Asie, le monde politique suisse n’est pas prêt. Le Conseil fédéral estime que les conditions sociales nécessaires à ce changement ne sont pour l’heure pas réunies.
Le gouvernement considère également que le principe de binarité des sexes reste profondément ancré dans la société helvétique. En sortir nécessiterait de nombreuses adaptations de la Constitution et des lois fédérales et cantonales.
En Suisse, les personnes sont enregistrées dès la naissance dans le registre de l’état civil en tant qu’homme ou femme. Il est interdit de ne pas renseigner le sexe et il n’est pas possible de choisir une autre catégorie de genre.
- Lire la dépêche de Keystone-ATS
- Notre point fort sur les minorités sexuelles et de genre en Suisse
- Notre enquête sur la chirurgie transgenre en Suisse
Plus
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative