Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, Suisses de partout,
Vous souvenez-vous de la polémique qui a précédé le remplacement de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga? Les médias ont alors beaucoup parlé – trop, sûrement – de la place des mères en politique, prouvant au passage que la question était encore loin d’aller de soi. Le fait est que jamais une jeune mère de famille n’a siégé au gouvernement suisse. Pourquoi? Explications dans un nouvel épisode de notre série sur l’inclusion.
D’autres questions qui divisent le monde politique sont au menu de cette dernière sélection de la semaine: la double nationalité des parlementaires et l’engagement de troupes suisses au Kosovo.
Excellente lecture et bon week-end,
Le débat sur la place des femmes et des mères en politique a pris quasiment toute la place en novembre, lors de la campagne pour le remplacement de Simonetta Sommaruga au Conseil fédéral. La co-présidence socialiste voulait favoriser l’accession au gouvernement d’une version suisse de Sanna Marin, la jeune Première ministre finlandaise mère d’une petite fille.
La conseillère d’État bernoise Evi Allemann est la seule mère d’enfants en âge scolaire à s’être présentée à la primaire interne du PS. Elle ne figurait finalement pas sur le ticket à deux noms du parti et n’a pas été élue à Berne, comme aucune jeune candidate ayant des enfants avant elle.
Pourquoi la Suisse n’a-t-elle encore jamais eu de conseillère fédérale avec de jeunes enfants à charge? La question n’est en tout cas pas de savoir si une femme dans cette situation peut occuper la fonction, selon Isabelle Stadelmann-Steffen, professeure de politique comparée à l’Université de Berne.
La réponse est plutôt à chercher du côté de la répartition traditionnelle des rôles entre hommes et femmes, encore importante en Suisse. Mais aussi dans le fait que la fonction ministérielle y est particulièrement exigeante et répartie sur peu d’épaules: dans la plupart des pays, le gouvernement compte un nombre de ministres à deux chiffres; la Suisse, elle, n’est dirigée que par sept personnes.
- Pourquoi n’y a-t-il pas de Sanna Marin suisse? L’article de mon collègue Benjamin von Wyl
- À quel point faut-il encourager les femmes en politique? La question divise (novembre 2022)
- Politique suisse, le règne des hommes (septembre 2019)
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Un autre sujet n’est pas neutre en politique suisse, celui de posséder une double nationalité. La dernière en date à avoir trébuché car binationale est Michèle Blöchliger, candidate UDC au Conseil fédéral. Elle s’est retirée de la course électorale, forcée d’admettre qu’elle possédait bien la nationalité britannique alors qu’elle avait auparavant juré le contraire.
En soi, rien n’interdit de posséder plusieurs passeports quand on siège au Parlement suisse. Depuis l’été dernier, sur initiative de l’UDC (droite conservatrice), les parlementaires doivent toutefois déclarer leurs autres nationalités. Le Blick constate ce vendredi que plusieurs élu-es, pour la plupart de gauche, ont oublié de le faire.
Le coprésident du PS Cédric Wermuth ou la sénatrice verte Lisa Mazzone n’ont par exemple pas déclaré leur nationalité italienne. La députée vert’libérale Judith Bellaiche n’a pas non plus révélé qu’elle dispose d’un passeport français et Sibel Arslan (PS) n’a pas déclaré sa nationalité turque. Interrogés par le journal, tous parlent d’oubli et promettent de l’indiquer à l’avenir.
La double nationalité des membres du gouvernement et du Parlement avait déjà fait l’objet d’un grand débatavant l’élection du conseiller fédéral Ignazio Cassis. Le candidat de l’époque, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, a volontairement renoncé à sa nationalité italienne.
- Ces parlementaires n’ont pas déclaré leur double nationalité – l’article du BlickLien externe
- Dans nos archives: Les attaques contre la double nationalité heurtent la diaspora helvétique
- «Le but n’est pas que les Suisses de l’étranger rendent leur passeport»
Le Kosovo verrait d’un bon œil le renforcement de la Swisscoy. Dans une interview accordée au groupe alémanique CH Media, le Premier ministre kosovar Albin Kurti déclare: «Davantage d’officiers et de soldats suisses sont toujours très bienvenus chez nous». Le pays est «infiniment reconnaissant à la Suisse pour son engagement.»
L’armée suisse participe à la KFOR, la mission internationale de promotion de la paix de l’OTAN au Kosovo, depuis 1999. Mais alors que la tension est à nouveau vive à la frontière avec la Serbie, la présence des 195 militaires suisses sur le terrain est remise en question par une partie des parlementaires.
Le Conseil fédéral a demandé le 23 novembre au Parlement de prolonger jusqu’à fin 2026 l’engagement suisse au Kosovo. Il souhaite aussi pouvoir augmenter l’effectif du contingent de 30 militaires au maximum en cours de mandat. Ces demandes sont désormais plus chargées politiquement qu’auparavant. Fin décembre, l’UDC a réclamé le retrait immédiat des troupes.
Mais d’autres parlementaires défendent l’importance de l’engagement suisse au Kosovo. La semaine dernière, la commission de la politique de sécurité du Conseil des États s’est dite favorable à la prolongation de la participation helvétique. Et selon les responsables de la Swisscoy, les militaires sur place ne sont actuellement pas en danger.
- La dépêche ATS
- La présence des soldats suisses au Kosovo remise en question – l’article du matin.chLien externe (29 novembre)
- Le Conseil fédéral demande la prolongation du déploiement de la Swisscoy au Kosovo, sur RTSinfo.chLien externe
- Swisscoy: davantage de soldates suisses au service de la paix – notre article sur les femmes dans le contingent Swisscoy
Nous vous en avons déjà parlé, la Suisse est actuellement en situation de plein emploi et connaît une pénurie de personnel dans de nombreux secteurs. D’une manière générale, un tel contexte profite plutôt aux salarié-es, car le rapport de force s’inverse. Candidats et candidates ont davantage de marge de négociation face à des entreprises en mal de recrutement.
Les travailleurs et travailleuses plus âgées en feraient toutefois les frais, selon l’agence de reclassement Von Rundstedt. Le taux de licenciement des plus de 50 ans, déjà plus élevé que pour les autres groupes d’âge, progresse. Von Rundstedt estime que 39% des licenciements concernent des personnes de plus de 50 ans, contre 31% l’année précédente.
Les employé-es seniors semblent moins bénéficier d’une protection morale particulière lors des vagues de licenciements. «Apparemment, les nombreux postes vacants font que les employeurs ne se font plus trop de souci pour les personnes concernées», déclare le CEO de l’agence, Pascal Scheiwiller, au Blick.
Ils n’ont pas tort: la pénurie de main-d’œuvre permet en effet aux personnes plus âgées de retrouver plus rapidement un emploi – environ 6 mois en moyenne actuellement, contre environ 8 mois il y a encore deux ans, d’après l’estimation. Cela reste toutefois plus que pour les autres classes d’âge. Pour l’ensemble de la population, la recherche d’un emploi dure en moyenne 5 mois.
- Les entreprises suisses n’hésitent plus à licencier les plus de 50 ans – l’article du BlickLien externe
- Les personnes au chômage particulièrement sous pression en période de plein emploi
- Le rapport de force est en train de tourner en faveur des personnes salariées
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