Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, Suisses du monde,
Le président de la Confédération, Alain Berset, nie avoir eu connaissance des fuites d’informations confidentielles reprochées à son département. Mais il refuse de s’expliquer devant le «tribunal médiatique» et annonce qu’il réservera ses réponses pour la commission de gestion du Parlement, chargée de faire la lumière sur l’affaire des «Corona Leaks».
La réexportation d’armes suisses à l’Ukraine serait-elle compatible avec la neutralité? Vous allez voir que la question divise même les spécialistes. Je vous parle encore de technologies, avec un boom des investissements dans les start-ups suisses et les questions soulevées par ChatGPT à l’école.
Excellente lecture,
Alain Berset est dans la tourmente depuis la révélation des «Corona Leaks». Le président de la Confédération a dû s’expliquer trois fois mercredi: d’abord devant le Conseil fédéral, réuni pour la première fois depuis l’éclatement de l’affaire, puis devant la presse à Berne et enfin à la RTS dans la soirée.
Il a d’abord assuré à ses collègues du gouvernement qu’il n’était pas au courant des fuites au sein de son département. Et les a visiblement convaincus, puisque le vice-chancelier André Simonazzi a lu dans l’après-midi une déclaration affirmant que la confiance était rétablie au Conseil fédéral.
Plus tard, le ministre de l’Intérieur n’a rien lâché aux journalistes, ni en conférence de presse, ni sur le plateau de l’émission «Infrarouge». Refusant de s’exprimer sur le fond de l’affaire, Alain Berset a insisté sur le respect du «temps institutionnel». «Dans ma fonction, je réponds au Conseil fédéral (…). Je parlerai ensuite, et je me réjouis de le faire, aux commissions de gestion», a-t-il précisé.
Le président de la Confédération fait face depuis plusieurs jours à des accusations d’indiscrétions au sein de son ministère. Peter Lauener, son ancien chef de la communication, aurait transmis à plusieurs reprises à l’éditeur de presse Ringier des informations confidentielles sur les mesures prises par le Conseil fédéral lors de la crise du Covid.
- «Je n’ai pas à m’expliquer devant le tribunal médiatique» – l’article du BlickLien externe
- Le compte-rendu de l’interview d’Alain Berset sur RTSinfo.chLien externe
- Les fuites sont aussi une stratégie de communication – l’article de SRF
- Alain Berset: «J’ai traversé des moments d’une brutalité sans précédent» – l’interview par ma collègue Katy Romy
- Le ministre suisse de l’Intérieur n’est pas en téflon – retour sur les précédentes affaires
Ma collègue Émilie Ridard vous en parlait hier, la commission de politique de sécurité du Conseil national est favorable à autoriser la réexportation d’armement helvétique dans certains cas, notamment pour l’Ukraine. Mais serait-ce seulement compatible avec la neutralité suisse?
La majorité de la commission estime que oui, puisque la Suisse ne livrerait pas directement d’armes à l’Ukraine. Dans le Corriere del Ticino ce jeudi, l’historien Sacha Zala est également de cet avis et affirme que le concept de non-réexportation de matériel de guerre n’est pas codifié en droit international. «C’est une construction suisse, déclare-t-il, nous l’avons inventé nous-mêmes.»
Seulement, des spécialistes du droit international interrogés dans la presse ce jeudi voient les choses différemment. Pour le professeur à l’Université de Zurich Oliver Diggelmann, cela violerait le statut de neutralité, qui exige notamment l’égalité de traitement des parties en conflit.
«Nous ne fournissons pas d’armes à la Russie, donc nous devons traiter l’Ukraine de la même manière», explique-t-il dans les journaux alémaniques de Tamedia. Même son de cloche pour sa consœur Evelyne Schmid, qui enseigne à l’Université de Lausanne. «Cette proposition ne me semble pas défendable du point de vue du droit de la neutralité», déclare-t-elle.
La proposition de la commission devrait encore donner lieu à des discussions animées au Parlement.
- L’interview d’Oliver Diggelmann résumée en français par l’ATS et l’originale dans le Tages-AnzeigerLien externe (en allemand, sur abonnement)
- Le point de vue d’Evelyne Schmid dans le BlickLien externe
- L’interview de Sacha Zala dans le Corriere del TicinoLien externe (en italien, sur abonnement)
- «La Suisse a déjà une base légale pour utiliser l’argent russe en faveur de l’Ukraine» – l’opinion de Mark Pieth
- Notre Point fort sur la neutralité suisse
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Les start-ups suisses ont attiré les investissements en 2022. Le volume investi dans les jeunes pousses helvétiques a bondi de 30% à près de 4 milliards de francs, malgré un environnement difficile, indique l’étude Swiss Venture Capital Report 2023 publiée ce jeudi.
Le secteur des technologies de l’information et des technologies financières a attiré la moitié de tous les investissements. Il a été suivi par celui de la transition énergétique, qui a obtenu près de 827 millions de francs. Côté pharma, les start-ups actives dans les biotechnologies ont levé près de 404 millions, les techniques médicales 269 millions et l’informatique médicale 197 millions.
Le spécialiste du captage de CO2 Climeworks figure parmi les plus importantes levées de fonds (environ 600 millions de francs). Le genevois Sonarsource, qui développe des logiciels de codage, a obtenu près de 395 millions tandis que la plateforme d’assurances liechtensteinoise Wefox a pour sa part reçu 392 millions.
Le canton de Zurich a attiré plus de la moitié des capitaux pour jeunes entreprises, avec 2,1 milliards, suivi des cantons de Vaud (548,6 millions) et Genève (463,1 millions), alors que les investissements ont reculé à Bâle-Ville.
- La dépêche ATS
- L’étudeLien externe dans son intégralité
- Notre Point fort sur les start-ups suisses
- Comment fonctionne l’aspirateur de Climeworks? La vidéo de mon collègue Carlo Pisani (2018)
En quelques mois, le programme d’intelligence artificielle ChatGPT est devenu un sujet de curiosité, d’articles de presse et de débats. Ces dernières semaines, les médias suisses se sont penchés sur les préoccupations qu’il suscite dans le monde éducatif et académique, où il est désormais bien présent.
L’outil, qui résume des textes ou répond aux questions sous forme de conversation, séduit de plus en plus d’élèves. Il est aussi du pain bénit pour les adeptes de la triche, comme cet adolescent lausannois qui confie à la RTS l’utiliser régulièrement. Il assure qu’il est «impossible» de se faire démasquer. «Cet outil prend l’information de tous les sites qu’il y a sur internet, il crée des belles phrases, il rassemble les informations, il crée des vrais trucs», dit-il.
Si la ville de New York a banni son utilisation dans les écoles, aucune interdiction n’est prévue pour l’instant en Suisse romande. La réflexion porte plutôt sur l’encadrement de cette pratique. Le vice-recteur de l’Université de Neuchâtel envisage par exemple de faire suivre toute remise de travail écrit d’une présentation orale, pour vérifier que les élèves maîtrisent leur sujet.
Une partie du corps enseignant a par ailleurs aussi décidé d’utiliser ChatGPT. Un professeur de philosophie explique ainsi s’en être déjà servi comme d’un «assistant» pour l’aider à préparer «des séquences d’enseignement ou des exercices à trous». «ChatGPT le fait de manière relativement satisfaisante», selon lui.
- En Suisse aussi, le programme ChatGPT s’immisce dans les écoles et les universités – le sujet de la RTS
- L’Université de Neuchâtel préfère travailler avec ChatGPT plutôt que l’interdire – le sujet de RTNLien externe
- Vaud peu inquiet de l’arrivée de ChatGPT dans les écoles – l’article de 20 MinutesLien externe
- L’intelligence artificielle est-elle réellement si futée? L’article de ma collègue Sara Ibrahim (février 2022)
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