Aujourd’hui en Suisse
Suisses de Suisse et du monde, bonjour,
Nous autres Helvètes sommes très soucieux de notre image internationale. Depuis le traumatisme des fonds juifs en déshérence et la crise financière, on pourrait croire à lire la presse d’ici que le monde entier nous prend pour des profiteurs qui se cachent derrière leur neutralité à géométrie variable.
Or une prise de température aux Nations unies à New York, où la Suisse préside pour un mois le Conseil de sécurité, montre qu’il n’en est rien. Question de perspective.
Je vous parle également de bonus cachés au Credit Suisse, de pauvreté en terre d’Helvétie, de déminage en Ukraine et de biscuits militaires.
Bonne lecture,
La Suisse sous le feu des critiques, entre le débat sur la neutralité, le refus de réexporter des armes en Ukraine et la débâcle de Credit Suisse. Qu’en dit-on à New York? Alors que le pays entame son premier tournus au Conseil de sécurité de l’ONU, les diplomates occidentaux, y compris les plus influents, n’ont que des éloges à lui adresser.
«Sur tous les grands thèmes, les principes centraux, le droit international, les droits de l’homme, la France et l’UE sont côte à côte avec la Suisse», déclare Nicolas de Rivière, représentant français au Conseil de sécurité. Vanessa Frazier, ambassadrice de Malte, ne perçoit pas non plus de problème d’image pour la Suisse, qu’elle qualifie de pays «plus» de l’UE. Au risque de ne «pas se faire que des amis en Suisse».
Alors que presque tous les États d’Europe (dont la Suisse) soutiennent l’Ukraine et ont imposé des sanctions à la Russie, la situation est totalement différente à l’échelle mondiale. La plupart des gouvernements ne soutiennent pas les sanctions. Et beaucoup ne considèrent pas la guerre russe contre l’Ukraine comme le problème politique mondial le plus important. Tout dépend donc de la perspective, très différente sur la grande scène de l’ONU qu’en Suisse ou en Europe.
- Ouragan de critiques en Suisse, tempête dans un verre d’eau à l’ONU – Fredy Gsteiger, SWI New York
- Point Fort SWI – À quel point la Suisse est-elle vraiment neutre?
Plus
Quand on apprend que des cadres de Credit Suisse se sont attribués des centaines de millions de bonus cachés, une étude jette une lumière crue sur les 745’000 pauvres du pays. Collision fortuite entre deux actualités, deux mondes que tout oppose: celui des villas de luxe et celui des soupes populaires.
C’est la SonntagsZeitung qui le révèle: qui voulait vraiment s’en mettre plein les poches au Credit Suisse travaillait dans la gestion d’actifs et aux États-Unis. C’est là que sept personnes ont gagné des centaines de millions de francs au cours des dernières années, des bonus généralement pas mentionnés dans le rapport annuel de la banque. Ceci devrait toutefois appartenir au passé, vu que le Conseil fédéral a décidé de supprimer ou de réduire au minimum de 25% les bonus des cadres de Credit Suisse.
Pendant ce temps, une étude de l’ONG ATD Quart Monde montre que la pauvreté en Suisse est souvent mal comprise par la société, ce qui décourage certaines personnes de demander l’aide dont elles ont besoin. La part de la population suisse vivant au-dessous du seuil de pauvreté a augmenté de 8,5 à 8,7% entre 2020 et 2021. L’étude montre aussi que la pauvreté tend à se perpétuer sur plusieurs générations dans les familles.
- Des centaines de millions de francs de bonus cachés chez Credit SuisseLien externe – RTS Info
- Les véritables arnaqueurs au Credit SuisseLien externe – SonntagsZeitung (en allemand – abonnés)
- Un rapport pointe une ignorance de la pauvreté en SuisseLien externe – RTS Info
En Ukraine, les champs de mines couvrent une surface grande comme quatre fois la Suisse – du jamais vu. Les 7,5 millions alloués par Berne au déminage sont jugés insuffisants par les acteurs helvétiques du secteur. D’autant que l’aide fédérale exclut une ONG suisse qui jouit pourtant d’une bonne réputation internationale.
Les machines de la fondation humanitaire Digger ont fait au Mozambique un travail salué en 2013 par le Programme des Nations unies pour le développement. Mais pour l’Ukraine, la Confédération préfère soutenir la Fondation suisse de déminage et le Centre international de déminage humanitaire. Le déminage du pays pourrait durer trente ans, pour un coût que la Banque mondiale estime à 37 milliards de dollars.
Par le passé, Digger a eu trois projets financés en partie par la Confédération, dont le dernier au Mozambique justement. Au Département fédéral des affaires étrangères on explique que dans le cas de l’Ukraine, la Suisse a préféré miser sur la durée, tant l’ampleur de la tâche est énorme. Le prix des machines de Digger est également entré en ligne de compte dans le choix.
- L’aide suisse pour le déminage en Ukraine suscite des critiques – Kessava Packiry, SWI
Les marques militaires ont la cote, mais leur utilisation est soumise à licence. La biscuiterie Kambly vient de signer un accord avec la Confédération pour utiliser la marque «Swiss Military» sur l’emballage de ses petits beurres. Elle est la sixième entreprise à le faire, et ces «droits d’auteur» font tomber un million par année dans les caisses fédérales.
Tout a commencé après la Seconde Guerre mondiale, avec le «Swiss Army Knife», l’icône de Victorinox. Depuis 1994, la Confédération dispose d’une base légale pour enregistrer les marques. Et depuis 2013, elle est responsable de la protection et de la gestion des marques «Swiss Army», «Armée suisse» et «Forces aériennes suisses».
Kambly fournit déjà depuis de nombreuses années à l’armée suisse des biscuits traditionnels «petit beurre». Les facétieux espèrent que la version civile sera plus moelleuse que celle distribuée aux soldats. Qui a servi dans l’armée connaît la réputation des biscuits militaires, tellement secs qu’ils ne fondent même pas dans le thé…
- Les biscuits militaires qui nourrissent les caisses de la Confédération – Riccardo Franciolli, tvsvizzera.it
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative