Le plus ancien des hôtels des Alpes est menacé

L'hôtel Faulhorn a été construit en 1830 swissinfo.ch

Depuis plus de 170 ans, l'hôtel Faulhorn résiste à la Nature sur les hauteurs de la station bernoise de Grindelwald.

Mais la survie du plus ancien hôtel des Alpes n’est pas assurée. A cause d’un coût d’entretien exorbitant.

Le Faulhorn est perché à une altitude de 2700 mètres sur les pentes de la montagne du même nom. Il a été construit en 1830. A l’époque, c’était la 2e fois seulement en Europe que quelqu’un osait bâtir un édifice à une telle altitude.

«L’hôtel n’est accessible ni par train ni par téléphérique, explique Jürg Schweizer, chef des Monuments historiques du canton de Berne. Pour y parvenir, il faut s’y rendre à pieds, comme il y a deux siècles. Cela permet de voir le bâtiment et le paysage d’un oeil différent. C’est exceptionnellement rare.»

Des rénovations hors de prix

Christine Jucker et Hermann Inäbnit s’occupent de l’hôtel depuis 2000. Ils ont tenté d’aider les propriétaires à redonner au bâtiment son lustre du 19e siècle.

Mais le couple a décidé de jeter l’éponge. Il considère en effet que les propriétaires n’investissent pas assez pour la sauvegarde du bâtiment.

Et Hermann Inäbnit de citer l’exemple de la cuisine. Les valves de la cuisinière à gaz ne sont pas munies d’un système de sécurité. Et pour ne rien arranger, cette cuisinière est située très près de la chaudière à eau qui fonctionne au feu de bois. Du coup, le danger d’incendie est très élevé.

«Nous devrions investir beaucoup pour la restauration de l’hôtel, mais nous n’en avons tout simplement pas les moyens», déclare de son côté Ursula Garbani, membre de la famille Garbani-Mangott qui possède le bâtiment depuis 1930.

«L’hôtel doit être rénové, c’est évident, reconnaît-t-elle. Mais le problème, c’est qu’il est très cher d’y acheminer les matériaux par hélicoptère.»

Le canton impuissant

Les Monuments historiques du canton de Berne sont entrés en négociation avec la famille Garbani-Mangott. Le canton pourrait en effet mettre le bâtiment sur sa liste du patrimoine et participer aux frais de rénovation à hauteur de 30%.

Seulement, les Monuments historiques ne peuvent rien faire tant que les propriétaires ne font pas le premier pas. Ils ajoutent par ailleurs que les négociations qui ont été engagées pourraient encore durer des années.

Les propriétaires pourraient certes vendre l’immeuble à des personnes qui auraient davantage de moyens pour le restaurer. Mais la famille Garbani-Mangott s’y refuse catégoriquement.

«Cet hôtel est dans le sang de notre famille, explique Ursula Garbani. Mes grands-parents l’ont acheté en 1930 et mes parents l’ont exploité jusqu’en 1996.» Et désormais, l’héritage devrait revenir à son fils.

«Il est encore trop jeune pour savoir ce qu’il veut faire de sa vie, poursuit Mme Garbani. L’hôtel l’intéresse, mais, pour le moment, il est tout simplement trop jeune. C’est la raison pour laquelle nous ne voulons pas vendre.»

Il n’en reste pas moins que, tant que les propriétaires ne font rien, l’hôtel continue de se dégrader. De plus, remplacer l’actuel couple de gérants ne sera pas facile. Ce qui complique encore la situation.

swissinfo

Faits

Construit en 1830, l’hôtel culmine à 2700 mètres d’altitude
Si les négociations avec les propriétaires aboutissent, le canton de Berne pourrait mettre le bâtiment sur sa liste du patrimoine et participer aux frais de rénovation à hauteur de 30%