Au-delà de l’argent, c’est quoi, la vraie richesse? Les réponses des Suisses
La Suisse a beau être l'un des pays les plus riches du monde, la grande majorité de la population n'oriente pas en priorité ses choix de vie vers l'accumulation de richesses financière et matérielle. C'est ce que montre une vaste enquête d'opinion menée par la SSR.
À l’approche de Noël, nombreuses sont les personnes qui préparent leur liste de cadeaux. Mais une liste d’un tout autre genre apparaît lorsqu’on demande à la population suisse ce qu’elle entend par «richesse»: en tête figurent presque exclusivement des choses qu’on ne trouve dans aucun magasin.
Les résultats du sondage «Comment ça va, la Suisse?» sont basés sur une enquête représentative menée auprès de 55’006 résidentes et résidents suisses, réalisée par l’institut de recherche gfs.bern du 12 mai au 15 juin 2025 sur mandat de la SSR. C’est la troisième fois que cette enquête a été menée, après 2023 et 2024. Par rapport aux deux autres vagues, certaines questions ont été ajoutées, d’autres abandonnées et certaines ont été reformulées, mais la plupart d’entre elles sont identiques.
Comme en 2023 et en 2024, parmi les personnes interrogées figurent 3000 personnes issues d’un panel en ligne de gfs.bern, sélectionnées de manière à créer une image représentative de la population suisse (16 ans et plus). L’échantillon a été stratifié selon la région linguistique et cité en fonction de l’âge et du sexe. Les autres participants ont rempli un questionnaire en ligne. Ils ont été sollicités via les canaux de la SSR et ont décidé eux-mêmes s’ils souhaitaient participer ou non au sondage.
Le questionnaire contenait plusieurs centaines de questions. Afin d’éviter qu’un entretien ne dure plus d’une vingtaine de minutes, gfs.bern n’a pas posé l’ensemble des questions à tous les participants. La marge d’erreur est de +/- 1,8 point de pourcentage.
Cette question faisait partie de la grande enquête Cette question faisait partie de la grande enquête «Comment ça va, la Suisse?», réalisée par l’institut gfs.bern sur mandat de la SSR. Pas moins de 55’000 personnes y ont participé (voir encadré). Parmi neuf propositions correspondant au terme «richesse», six ont été jugées importantes par la quasi-totalité des personnes interrogées: une bonne santé (99%), la liberté (98%), l’éducation (97%), les relations sociales (96%), le temps (96%) et le respect (95%).
Parallèlement, les Suissesses et les Suisses accordent beaucoup moins d’importance aux aspects matériels. Ainsi, 78% de la population estime que l’argent est important, la moitié mentionne la propriété (par exemple les biens immobiliers) et moins d’un tiers des personnes interrogées considèrent que les biens de consommation comme les vêtements ou les voitures sont un élément central de la richesse.
La richesse n’est pas une garantie de bonheur
Cette hiérarchie des priorités peut surprendre dans un pays qui fait partie des plus riches du monde. Mais elle en est peut-être justement le reflet: en Suisse, la richesse – ou tout au moins l’aisance financière – est souvent déjà là, et nombreux sont ceux n’ont plus besoin d’en faire un objectif.
Le sondage apporte plusieurs éléments allant dans ce sens. Par exemple, plus de deux tiers des Suissesses et des Suisses se déclarent relativement détendues en ce qui concerne leur propre situation financière, malgré la hausse continue des prix des logements ou des primes d’assurance maladie.
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Par ailleurs, un quart des personnes interrogées seulement disent orienter «fortement» ou «plutôt fortement» leurs actions et leurs décisions vers la possession d’un maximum de richesse financière. À l’inverse, pour 71% de la population, la richesse matérielle n’est pas un objectif prioritaire au quotidien.
Deux autres résultats de l’enquête soulignent à quel point l’influence du matériel sur le bien-être individuel est jugée limitée: à peine plus d’un tiers des personnes interrogées estiment que «la richesse rend heureux», tandis que plus de 90% de la population approuve l’affirmation selon laquelle «la richesse offre la sécurité financière, mais ne garantit pas une vie sans soucis».
Les jeunes aspirent à davantage de richesse
Outre l’importance des biens matériels, la répartition de la richesse financière est aussi vue de manière critique. Quatre personnes sur cinq estiment que l’écart entre riches et pauvres est trop important et 87% sont d’avis que, pour la plupart des jeunes, l’accession à la propriété du logement n’est plus financièrement réalisable.
Signe de ce déséquilibre générationnel, les jeunes sont d’ailleurs ceux qui qualifient le plus souvent leur situation financière de tendue. En outre, le groupe des 16-39 ans affirme davantage que les autres classes d’âge orienter ses choix vers l’acquisition de richesse financière. Les plus sereins, et de loin, sont ceux qui ont déjà la plus grande partie de leur vie derrière eux: les seniors.
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Traduit de l’allemand par Didier Kottelat/dbu
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