
A La Bâtie, le calme après la tempête

Le festival genevois démarre le 1er septembre malgré les problèmes posés par la démission inopinée de son directeur Olivier Suter.
C’est le Catalan Maurici Farré qui remplace ce dernier. Il signera sa 1ère édition en 2006. Entretien.
Décembre 2004: Olivier Suter, directeur du festival de La Bâtie claque la porte une année après sa nomination à la tête de la plus importante manifestation romande dédiée aux arts scéniques – théâtre et danse en particulier.
La Bâtie est alors sans chef, mais son comité administratif désigne une responsable intérimaire, Véronique Marko (ancienne attachée de presse à la Comédie de Genève), et charge celle-ci de réorganiser à toute vitesse le festival dont l’édition 2005 démarre ce 1er septembre.
Le 1er septembre, c’est aussi la date d’entrée en fonction de Maurici Farré, nommé directeur de la Bâtie en juin dernier. Barcelonais de naissance, domicilié en Suisse depuis 9 ans, Maurici Farré a longtemps travaillé pour la Fondation Pro Helvetia. En matière de culture, ses relations nationales et internationales sont donc bien développées. Et ce sont elles qu’il entend faire jouer pour donner à la Bâtie une nouvel élan.
«Plutôt sages»
Mais il faudra attendre l’édition 2006 du festival pour mesurer l’efficacité de son travail, puisque l’édition courante, ce n’est pas lui qui la signe. Réduite à 11 jours pour des raisons budgétaires, l’actuelle affiche de la Bâtie garde néanmoins, comme les années précédentes, ses trois volets.
Danse, théâtre et musique ont donc été programmés par trois spécialistes, auxquels Véronique Marko a apporté son soutien. Celle-ci explique: «En raison des perturbations que le festival a connues, nous sommes restés cette année plutôt sages dans nos choix. Le public ne verra donc pas les performances audacieuses que le festival avait l’habitude de lui présenter».
Certains spectateurs s’en plaindront, poursuit-elle. D’autres au contraire se réjouiront de quelques choix plutôt classiques, comme «Swan Lake, 4 acts», pièce chorégraphique de l’Allemand Raimund Hoghe. Comme aussi le concert que donnera Paco Ibanez en compagnie de Pascal Comelade.
Au chapitre du théâtre, on signalera 3 créations suisses et l’accueil notamment de 2 spectacles de Reza Koohestani, jeune metteur en scène iranien qui monte en flèche. Pas de pièce théâtrale classiques en revanche. «Nous n’y sommes pas tenus systématiquement, commente Véronique Marko, la Bâtie étant avant tout un festival tourné vers la découverte».
Préserver l’esprit des débuts
Même écho du côté de Maurici Farré qui insiste sur la nécessité de garder vivant l’esprit qui anima le festival à ses débuts, dans les années 70. «La Bâtie, affirme-t-il, est née avec la scène indépendante. C’est donc un espace où doit être privilégiée l’inventivité et où certains artistes d’ici, venant du milieu alternatif, doivent trouver leur place». Une place que les salles à programmation classique leur refusent souvent.
Aussi, Maurici Farré entend-il avant tout renforcer les liens avec les compagnies locales reconnues en Europe. Sans oublier bien sûr l’accueil d’artistes internationaux.
A ce programme déjà suivi par ses prédécesseurs, s’ajoute un concept que le festival d’Avignon avait développé dans les années 90 et que Farré souhaite mettre en application. «J’aimerais, avoue-t-il, présenter à chaque édition du festival une région du monde, avec ses spectacles, sa musique, sa culture…».
Pour résumer, disons qu’une partie de la programmation sera thématique. L’ambition est donc là. Reste le budget. Suivra-t-il?
swissinfo, Ghania Adamo
La Bâtie – Festival de Genève, se tient du 1er au 11 septembre.
– La Bâtie – Festival de Genève présente des créateurs et des projets qui se veulent souvent – et transdisciplinaires. Elle explore aussi les relations qui existent entre la création artistique et d’autres territoires de l’activité humaine (philosophie, science, politique, économie, sociologie).
– A l’intention du public, la manifestation organise des rencontres avec les artistes, des ateliers, des débats et des conférences.
– Ne possédant pas de lieu de présentation propre, le festival développe des partenariats avec de nombreuses institutions culturelles et propose ses spectacles dans leurs espaces à Genève, dans la région genevoise et en France voisine.

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