
Décès de Patrick Henry après 40 ans de réclusion

(Keystone-ATS) Il avait été libéré en septembre après 40 ans passés en prison pour la mort d’un enfant, un crime resté dans toutes les mémoires en France. Patrick Henry, devenu symbole du combat pour l’abolition de la peine capitale, est mort à Lille dimanche à 64 ans d’un cancer.
Depuis la suspension de sa peine pour raisons médicales le 15 septembre, celui qui était un des plus vieux et des plus célèbres détenus de France vivait dans le Nord, où son amie Martine Veys, une visiteuse de prison âgée de 67 ans, lui avait trouvé un logement. « Il est mort dimanche (matin) d’un cancer du poumon », a annoncé cette femme qui le soutenait, avec son conjoint, depuis 1992.
Le jour de sa sortie de prison, l’avocat de Patrick Henry, Hugo Lévy, avait déclaré: « Il a le visage émacié de celui qui voit la mort s’approcher ». Me Hugo Lévy a dit regretter en outre la décision prise en mars 2016 par la cour d’appel de Paris, qui avait infirmé sa libération conditionnelle décidée par le tribunal d’application des peines de Melun.
Depuis sa condamnation à la perpétuité en 1977, cet homme né à Troyes (est) le 31 mars 1953 avait vieilli à l’ombre des prisons.
Polémique
Son crime: le meurtre du petit Philippe Bertrand, 7 ans, enlevé le 31 janvier 1976 à la sortie de l’école de Pont-Sainte-Marie, près de Troyes, contre une demande de rançon.
Le jeune représentant de commerce avait ensuite étranglé le petit garçon, avant de cacher son corps sous le lit d’une chambre d’hôtel. Gardé une première fois à vue puis relâché, il avait expliqué à la presse qu’il faudrait tuer les assassins d’enfants.
Ce crime crapuleux et cynique avait provoqué en France une émotion et une polémique considérables. « La France a peur », lançait le présentateur du journal télévisé Roger Gicquel au soir de la découverte du cadavre de l’enfant, le 17 février 1976.
Plaidoirie historique
Glacial pendant son procès, l’accusé n’avait sauvé sa tête que grâce à la plaidoirie historique de l’avocat Robert Badinter, ardent opposant à la peine de mort. Ce dernier prend les jurés un par un, et, les yeux dans les yeux, les enjoint de ne pas « couper vivant un homme en deux ».
Me Badinter met son âme dans sa plaidoirie du 20 janvier 1977, car il a un compte à régler avec la guillotine: il n’a pu l’éviter à Roger Bontemps cinq ans plus tôt, alors que son client n’a été que le complice du meurtre d’un surveillant et d’une infirmière de la prison de Clairvaux.
Devenu ministre de la Justice de François Mitterrand, c’est Robert Badinter qui soumettra au Parlement en 1981 la loi abolissant la peine de mort, que les Français soutiennent encore à 62%.