
Affaire Elf: première condamnation en Suisse
Le Suisse D. R. a écopé de quatre mois avec sursis pour blanchiment. C'est lui qui avait recueilli l'argent de Christine Deviers-Joncour.
D. R. sort brutalement de l’anonymat en mars 1999. Photographié dans l’hebdomadaire parisien VSD, cet ancien banquier suisse reconnaît que Christine Deviers-Joncour, ex-maîtresse du ministre français Roland Dumas, lui a confié ses millions.
Pour cet homme à la politesse exquise, le choc est rude. Interpellé par la police genevoise, il est alors inculpé par le juge Paul Perraudin d’«infraction à la loi sur le blanchiment» et de «faux témoignage».
Son crime? Il aurait géré la cagnotte de «La putain de la République», soupçonnée d’avoir détourné de l’argent de la compagnie pétrolière Elf. Par une ordonnance de condamnation, D.R. vient d’être condamné à quatre mois avec sursis pour «blanchiment».
C’est une sortie acceptable pour cet ancien gestionnaire de fortune. «La justice n’a pas retenu le faux témoignage, souligne Gérard Brunner, son défenseur. Il a agi ainsi pour protéger sa cliente.»
Dans le tentaculaire volet suisse de l’affaire Elf, D.R. est la première personne à avoir été jugée. D’autres financiers ont été incarcérés. Ils sont toujours inculpés pour avoir aidé Alfred Sirven durant sa cavale aux Philippines.
Huit millions dans deux sacs
Pour mémoire, ancien cadre à la Discount Bank à Genève, D.R. décide en 1995 de s’installer à son compte. Il s’occupe notamment des affaires de Christine Deviers-Joncour qui est alors employée par la société Elf.
Deux ans plus tard, l’ancienne maîtresse du ministre Roland Dumas s’inquiète des investigations des magistrats français et suisses enquêtant sur la compagnie pétrolière. Elle vide ses comptes à Genève. Et apporte à D.R. deux sacs de sport contenant huit millions de francs.
La suite est connue. Le financier place l’argent et le fait fructifier. Le bas de laine de «La putain de la République» (selon sa propre expression) transitera par Monaco, avant d’atterrir aux Bahamas.
Selon D.R., «Christine Deviers-Joncour souhaitait préserver cet argent qu’elle estimait avoir gagné légitimement». A la demande d’Elf, l’argent est toujours sous séquestre.
swissinfo/Ian Hamel

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