
Nouveau départ pour le Conseil des Suisses de l’étranger

Les premiers SwissCommunity Days marquent le début d’une nouvelle législature du Conseil des Suisses de l’étranger, renforcée par des élections plus démocratiques que jamais. Le vote électronique est au cœur des revendications.
Ce vendredi, quelque 150 Suisses de l’étranger venus des quatre coins du monde ont convergé vers le Palais fédéral à Berne. Ils participent aux tout premiers SwissCommunity Days, organisés par l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE). L’événement marque également la séance inaugurale de la nouvelle législature du Conseil des Suisses de l’étranger – la première depuis les élections directes à grande échelle du Parlement de la Cinquième Suisse.
Avec ce scrutin, le Conseil a comblé, dans une large mesure, son déficit démocratique chronique, renforçant ainsi sa légitimité sur la scène nationale.
Les candidates et candidats élus – qu’ils aient été désignés par vote direct ou selon l’ancien système de délégation – seront officiellement confirmés samedi, lors de la séance constitutive. Plus de la moitié des 140 sièges ont été renouvelés, avec 71 nouveaux visages.
>> Regardez notre vidéo sur la journée de vendredi:
«Nous ne sommes certes pas un véritable parlement, a reconnu Filippo Lombardi, président de l’OSE, en accueillant les délégués. Mais le Conseil des Suisses de l’étranger est l’organe le plus représentatif et le plus important de notre organisation.»
Chargé de faire remonter les préoccupations de la communauté suisse expatriée et de défendre ses intérêts auprès des autorités et du public, le Conseil dispose de moyens limités. «Notre pouvoir est restreint, tout comme nos ressources, a souligné Filippo Lombardi. Mais nos membres sont des ambassadeurs essentiels dans leurs pays de résidence.»
Créer un réseau d’entraide
Claudine Morier, 42 ans, est l’un des nouveaux visages du Parlement de la Cinquième Suisse. Évaluatrice indépendante, elle vit à Séville depuis un peu plus de cinq ans. «Il est essentiel de pouvoir créer des liens avec d’autres Suisses de l’étranger, afin de s’entraider en cas de besoin», estime-t-elle.
Elle explique que les démarches administratives en Espagne s’apparentent souvent à un casse-tête. «En tant que Suisses, nous ne sommes pas habitués à cela. Pouvoir partager nos expériences et échanger des conseils est donc précieux», affirme-t-elle. L’un de ses objectifs est ainsi de créer un club des Suisses d’Andalousie, afin de développer un réseau local.
Claudine Morier souhaite aussi que les Suisses de l’étranger puissent continuer à cotiser à l’assurance-vieillesse et survivants (AVS, premier pilier du système de retraite helvétique). «Lorsque je suis arrivée en Andalousie, cela m’a pris une année pour pouvoir m’inscrire à la sécurité sociale. J’ai maintenant un trou d’une année dans mes cotisations. Il faudrait avoir des solutions pour que cela ne se produise pas», considère-t-elle. La nouvelle déléguée des Suisses d’Espagne compte aussi s’engager en faveur du vote électronique et pour que les expatriés puissent maintenir des relations bancaires avec leur pays d’origine.

Le vote électronique comme priorité
Chris Stern, 68 ans, vient également d’être élu au Conseil des Suisses de l’étranger. L’entrepreneur établi en Floride compte jouer le rôle d’intermédiaire entre ses compatriotes et les consulats. «Il est important que la diaspora soit davantage informée sur les thèmes qui la concernent», affirme-t-il. Pour ce faire, il a déjà lancé une nouvelle page Facebook dédiée aux Suisses du Sud des États-Unis.
Mais pour lui, la priorité est de faire avancer le dossier du vote électronique, qui avait subi un coup d’arrêt en 2019. Le Conseil fédéral avait alors mis fin au projet pilote en cours dans certains cantons pour des raisons de sécurité. Depuis, seuls quatre cantons – Bâle-Ville, Saint-Gall, Thurgovie et les Grisons – ont recommencé à effectuer des essais.
«Je reçois parfois mon matériel de vote après les votations fédérales, car le système postal américain est déficient», raconte Chris Stern. À ses yeux, le système d’élection directe en ligne mis en place par l’OSE prouve que cela peut fonctionner.
Même constat pour Pascal Méan, un Suisse de 61 ans qui habite à Calgary au Canada, également fraîchement élu au Parlement de la Cinquième Suisse. «J’ai déjà pu expérimenter le vote en ligne, lorsque le canton de Genève menait des essais. Je vais m’engager pour que cela soit possible pour toutes les personnes expatriées, car les délais sont souvent trop courts pour participer aux scrutins», regrette-t-il.
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Réélue démocratiquement
Simone Höch, 51 ans, entame son deuxième mandat au Conseil des Suisses de l’étranger. Directrice d’hôtel en Égypte et consule honoraire depuis un an, elle a été réélue ce printemps dans son pays de résidence, selon un processus démocratique – bien que hors du cadre du projet pilote d’élections directes. «En Égypte, nous avons introduit ce système de vote en ligne depuis longtemps déjà», explique-t-elle.
Son objectif pour les quatre prochaines années: toucher un plus grand nombre de Suisses établis en Égypte. «Souvent, les gens ne découvrent les possibilités qui s’offrent à eux en tant que Suisses de l’étranger que lorsqu’ils rencontrent des difficultés», constate-t-elle.
Elle souhaite également poursuivre son engagement en faveur de l’e-ID et de la possibilité pour les personnes expatriées de rester affiliées à une assurance maladie suisse.
Simone Höch considère que ces élections directes représentent «la bonne voie» pour l’avenir du Parlement de la Cinquième Suisse. «En Égypte, ce mode de scrutin a permis à des Suisses vivant en dehors de la capitale, Le Caire – là où il n’existe pas de clubs suisses – de se porter candidats et d’être élus», relève la déléguée.
Une nouvelle législature plus dynamique
Rolf Blaser, basé au Sri Lanka, a lui aussi été réélu. Directeur de la société suisse A. Baurs & Co., il s’est imposé face à douze autres candidats dans une circonscription couvrant 28 pays. Il représentera désormais les Suisses d’Asie centrale, occidentale et méridionale au sein du Conseil.
«Je veux contribuer activement à améliorer la vie des Suisses à l’étranger», affirme-t-il. Il s’engage en priorité en faveur de l’e-ID et de l’e-voting. Lui aussi reçoit souvent les documents trop tard.
Rolf Blaser accorde également une grande importance à la question de l’assurance maladie pour la diaspora, mais aussi à la nécessité pour les Suisses vivant en dehors des frontières de prendre des dispositions à temps pour la fin de leur vie. «À l’étranger, nous devons nous préoccuper davantage de ces questions que les Suisses de l’intérieur, ne serait-ce qu’en raison de la bureaucratie», explique-t-il.
Rolf Blaser espère que la prochaine législature du Conseil des Suisses de l’étranger sera plus dynamique. Un vœu qui pourrait se réaliser avec l’arrivée de jeunes délégués, élus directement au Parlement de la Cinquième Suisse.
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Texte relu et vérifié par Samuel Jaberg

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