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La Croix-Rouge nord-coréenne: un nid d’espions?

Selon les médias japonais, la Croix-Rouge nord-coréenne ne serait qu'une agence d'espionnage.

La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, basée à Genève, se garde de confirmer ou d’infirmer ces accusations.

La société nord-coréenne de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge serait en fait une organisation fantoche camouflant le «Service du Front uni», le principal organisme d’espionnage du Parti des travailleurs nord-coréen.

Le leader nord-coréen Kim Jong Il a admis devant le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi que cette agence d’espionnage du parti stalinien porte la responsabilité des enlèvements d’au moins une dizaine de Japonais dans les années 70 et 80.

C’est le journal conservateur Sankei qui publie ces informations mercredi en première page.

Collecter et d’analyser des informations

A l’en croire, le vice-secrétaire général de la Croix-Rouge nord-coréenne qui a accompagné au Japon, ces dernières semaines, cinq survivants japonais kidnappés il y a un quart de siècle, n’avait pas pour mission de les surveiller.

Son rôle était en fait de collecter et d’analyser des informations sur les réactions de l’opinion publique japonaise au sujet de ces enlèvements.

Il était en outre chargé – toujours selon le journal – d’obtenir des confidences sur la position du gouvernement japonais dans ses négociations avec la Corée du Nord.

«Depuis sa fondation en 1946, la Société nord-coréenne de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a toujours servi de couverture pour les activités d’espionnage du régime stalinien, surtout au Japon et en Corée du Sud», déclare un responsable du journal Sankei.

Deux sons de cloche

«Certains de ses membres, précise ce responsable, ne figurent même pas sur la liste officielle des employés de cette institution».

La Croix-Rouge japonaise, qui négocie à intervalles réguliers avec la Croix-Rouge nord-coréenne, est incapable de contredire les allégations du Sankei ainsi que celles publiées dans d’autres médias japonais.

«Il n’y a pas, bien sûr, de preuves, mais de telles informations ne peuvent que nuire à la réputation de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge», déclare un porte-parole de la Croix-Rouge japonaise à Tokyo.

«La Corée du Nord est intégrée à cette Fédération. Et celle-ci ne tolère pas de telles activités» précise encore ce porte-parole.

Autre son de cloche à Genève, au siège de la Fédération internationale, où l’on se contente de «laisser à la presse japonaise la paternité de ses accusations.» Contactée par swissinfo, la porte-parole se garde toutefois de confirmer ou d’infirmer ces accusations.

Clinton sous surveillance

Toujours selon le Sankei, lors d’une visite du président américain Bill Clinton à Tokyo vers le milieu des années 90, des espions nord-coréens se faisant passer pour des membres de la Croix-Rouge avaient suivi ses moindres faits et gestes.

«Le Service du front uni peut compter au Japon sur la communauté coréenne qui se réclame de Pyongyang. Certains de ses membres ont été impliqués dans les enlèvements de Japonais», ajoute le responsable du Sankei.

Et de poursuivre: «Cette communauté sert de bailleur de fonds au régime stalinien. Jusqu’à il y a quelques années, elle lui livrait un milliard de dollars par an. Soit une partie des bénéfices qu’elle retire de l’industrie du pachinko.» (une sorte de flipper japonais)

Officiellement, la Croix-Rouge nord-coréenne sert à distribuer l’aide alimentaire fournie par le monde extérieur pour nourrir une partie de sa population victime de la famine.

swissinfo/Georges Baumgartner à Tokyo

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