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La longue aventure de la Suisse aux Jeux Olympiques

Xeno Müller a remporté une des 42 médailles olympiques d'or helvétiques.

Entre société, politique et valeurs symboliques du sport: les liens qui unissent la Confédération aux Jeux olympiques jalonnent un siècle d'histoire suisse.

Bien qu’elle ait débuté en sourdine, dans l’indifférence quasi totale, l’histoire de la présence helvétique aux Jeux Olympiques compte de nombreux chapitres gagnants.

De la première édition à nos jours, 122 années se sont écoulées, durant lesquelles personnages et événements historiques ont changé la face du sport rouge à croix blanche.

Louis Zutter a été le premier Suisse à monter sur un podium olympique. C’était lors de la première édition des Jeux, en 1896. Le gymnaste neuchâtelois était rentré d’Athènes avec deux médailles, une d’or et une d’argent. Mais, sa double victoire était presque passée inaperçue dans la Confédération.

Seules quelques lignes lui avaient été consacrées, notamment par le quotidien Neue Zürcher Zeitung, non sans une erreur de transcription dans son nom. Même la revue spécialisée Schweizerische Turnzeitung avait pratiquement snobé l’événement, préférant consacrer une pleine page au tournoi de gymnastique masculine de Brugg, dans le canton d’Argovie.

Concessions diverses

Au début du vingtième siècle, l’esprit olympique peinait à gagner la Suisse. A un contexte historique défavorable – les relations internationales étaient marquées par l’avènement de la première Guerre mondiale et l’annulation des Jeux de 1916 – venait s’ajouter un facteur de tradition nationale.

Ainsi, en Suisse, l’activité physique se pratiquait surtout au sein des grandes fédérations nationales de tir, de ski, d’équitation et de gymnastique. Et ces dernières se sentaient plus concernées par les questions internes du pays que par les Jeux Olympiques.

«A cette époque, la pratique de la gymnastique revêtait une dimension civique: il s’agissait d’une forme d’éducation à la citoyenneté suisse, à laquelle on accordait davantage d’importance qu’aux performances athlétiques», explique à swissinfo l’historien Marco Marcacci.

«La gymnastique, qui était entrée progressivement dans l’enseignement scolaire national dès la fin du 19e siècle, avait pour seul but ou presque, la pratique d’une activité collective et celui de développer harmonieusement toutes les parties du corps », ajoute Laurent Tissot, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Neuchâtel.

L’union fait la force

Puis, 1923 marque un tournant. L’Association suisse d’éducation physique (Asep) – qui regroupait les fédérations nationales- signe alors un accord avec le Comité olympique suisse.

Ce dernier devenait ainsi un organe à part entière de l’Asep, et lui permettait de sélectionner les athlètes suisses en vue des Jeux Olympiques et de désigner les délégations.

Dès cet instant, la collaboration entre les deux entités fut constante et déboucha rapidement sur des résultats appréciables. Ainsi, la Suisse décrochait 25 médailles lors des Jeux de 1924 à Paris et, quatre ans plus tard à Amsterdam, elle s’arrogeait 17 places sur les podiums. Les plus grands succès helvétiques étaient remportés dans les disciplines traditionnellement suisses, à savoir la gymnastique, l’aviron et la lutte.

Nouveau tournant

Les Jeux Olympiques de Berlin, en 1936, amorcent un changement dans les mentalités: «A partir des années trente, on a voulu donner une connotation plus patriotique au sport. En regard des événements qui s’étaient produits en Allemagne voisine, où les Jeux faisaient l’objet d’une grande célébration propagandiste, on prenait soudainement conscience du rôle du sport comme élément de cohésion nationale», souligne Marco Marcacci.

«Ainsi, même dans des pays qui connaissaient un régime démocratique comme la Suisse, le sport devenait un instrument de mobilisation de la jeunesse et de préparation à la formation militaire.»

Et, c’est pour ces raisons qu’en 1944, le Gouvernement décida de créer le centre de Macolin (dans le canton de Berne). L’actuelle école fédérale de sport, avait initialement pour objectif d’améliorer les performances physiques des soldats.

Démilitarisation du sport

«Le caractère militaire de la pratique du sport s’estompa progressivement, avec la forte croissance économique de l’Après-guerre, et on assista à une évolution progressive des mentalités», explique encore le spécialiste.

Dès les années septante, ce tournant s’accentue. Et, en 1967, l’approche scientifique du sport est scellée par la création – toujours à Macolin – de l’Institut des sciences du sport.

Et en 1970 enfin, le sport fait son entrée dans la Constitution fédérale. Deux ans plus tard, la loi fédérale sur la gymnastique et le sport, jette les bases du mouvement «Jeunesse + Sport» et du soutien au sport féminin.

«Parallèlement, relève Marco Marcacci, la dimension commerciale et la recherche de performances, commencent à dominer. Et ces aspects deviennent encore plus marquant dès les années 80.»

Temps modernes

Pour le reste, il s’agit de l’histoire d’un passé récent. Même sans tradition sportive comparable à celle des disciplines hivernales, et grâce à une structure de qualité et à des moyens financiers solides, les athlètes suisses parviennent néanmoins à s’arroger d’importants succès.

Parmi les résultats qui ont suscité le plus d’enthousiasme figurent par exemple la médaille d’argent décrochée par Markus Ryffel en 1984 à Los Angeles (5’000 mètres); le bronze gagné par Werner Günthör en 1988 à Séoul (lancer du poids), l’or gagné par Marc Rosset à Barcelone en 1992 (tennis) et par Xeno Müller à Atlanta quatre ans plus tard (aviron).

swissinfo, Andrea Clementi
(Traduction de l’italien: Nicole della Pietra)

Le baron et éducateur français Pierre de Coubertin (1863-1937) est considéré comme le père du mouvement olympique. Suivant un concept pédagogique anglo-saxon, il estimait que le sport était un élément d’éducation, d’apprentissage des valeurs et de préparation aux épreuves de la vie.

Après la défaite de la France face à l’Allemagne en 1870, le baron avait reproché à la classe intellectuelle française de se reposer excessivement sur sa matière grise au détriment du corps.

C’est sur l’initiative du baron que le Comité international olympique (CIO) avait été fondé en 1894 à Paris, puis transféré à Lausanne durant la première Guerre mondiale. Le baron Godefroy de Blonay fut le premier Suisse membre du CIO. Il était également devenu le premier président du Comité olympique suisse, fondé en 1912.

La première édition des Jeux Olympiques modernes s’est déroulée 1896 à Athènes. 249 athlètes, dont 168 Grecques et 81 sportifs de 13 pays, dont 3 Suisses, y avaient participé. Les disciplines disputées étaient nouvelles, telles que l’athlétisme, le cyclisme, la gymnastique, la lutte, la natation, l’escrime, l’haltérophilie, le tennis et le tir.

De toutes les disciplines programmées lors de ces Jeux, seuls l’athlétisme, le cyclisme, l’escrime, la gymnastique et la natation sont encore présents aujourd’hui.

Lors des derniers JO d’été à Athènes en 2004, 10’625 athlètes, provenant de 201 pays avaient pris part aux compétitions dans 28 disciplines.

Jusqu’à ce jour, la Suisse a remporté 168 médailles aux JO d’été (soit 42 d’or, 68 d’argent et 58 de bronze), et 117 aux Jeux d’hiver (respectivement 37,37 et 43).

Malgré le scepticisme du baron De Coubertin – qui estimait qu’elles devaient éviter de s’exhiber en public en pratiquant le sport – les femmes ont commencé à participer aux JO dès 1900, à Paris.

Elles étaient 22 athlètes sur un total de 997 participants, réparties dans cinq disciplines, à savoir le tennis, la voile, l’équitation, le golf et le croquet.

La participation féminine aux Jeux Olympiques est passée de 5% en 1924 à 38,2% en 2006. La première Suissesse médaillée a été Helen de Pourtalès, en 1900, récompensée à l’issue d’une régate de voile sur la Seine.

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