Les caisses noires d’Elf fleurissaient en Suisse
Alain Guillon, l'un des dirigeants de la compagnie pétrolière Elf, inculpé dans cette affaire, révèle le nom d'une multitude de sociétés en Suisse qui permettaient de détourner des fonds.
Le nom d’Elf Aquitaine International est connu depuis longtemps. Cette entreprise, installée à Genève, est soupçonnée d’avoir versé à au moins 44 personnalités françaises et étrangères des salaires fictifs pendant des années.
«L’essentiel des rémunérations des cadres dirigeants était payé à l’étranger», explique Alain Guillon, ancien président d’Antar France, inculpé pour avoir reçu des pots-de-vin lors de l’achat de la raffinerie Leuna en Allemagne. Lui-même reconnaît qu’il percevait en Suisse 2 millions de dollars annuels.
Mais lorsque le juge Renaud Van Ruymbeke, en charge du dossier Elf à Paris, aborde le sujet des commissions occultes, Alain Guillon répond spontanément : «Le dossier ne montre qu’une vision très partielle des procédés de rémunération des cadres dirigeants.»
Dans le procès-verbal que swissinfo a pu se procurer, l’ancien cadre-dirigeant cite plusieurs «sociétés suisses du groupe Elf», comme notamment Elf Trading, la Sofineg (qui versait 15 millions de francs suisses par an à certains salariés d’Elf) et une petite banque inconnue du grand public, Rivunion, installée près de l’aéroport de Genève.
«Rivunion, à ma connaissance, est spécialisée dans les opérations de trésorerie à court comme à long terme. Elle a été délocalisée à Genève et gérait la trésorerie d’une bonne partie des sociétés du groupe», avance encore Alain Guillon.
La majorité des détournements d’argent s’effectuaient donc en Suisse, dans des sociétés de droit suisse, où la majorité du conseil d’administration se compose de citoyens helvétiques. Certains d’entre eux ne risquent-ils pas un jour d’avoir des comptes à rendre à la justice ?
Ian Hamel
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