Modèle suédois pour athlétisme suisse à l’agonie

Christian Belz est le seul Suisse qui a réussi à se qualifier pour une finale, en l'occurrence celle du 5000 m. Keystone

L’absence de médailles et de résultats aux Championnats du monde de Paris met en évidence les carences criardes de l’athlétisme suisse.

En manque de structures et de moyens financiers, la Fédération nationale veut tenter le pari déjà gagné par la Suède.

L’athlétisme suisse se réveille «groggy» au lendemain des Championnats du monde de Paris. En effet, pour la première fois depuis 1995, la délégation helvétique ne rapporte aucune médaille dans ses bagages.

Et mis à part Viktor Röthelin (marathon) et Christian Belz (5000 mètres), les athlètes suisses ont tous été en dessous de leurs réelles capacités. Même André Bucher – pourtant champion du monde en titre du 800 mètres – n’a pas réussi à se qualifier pour la finale de sa discipline.

Un sport d’amateur, géré par des amateurs

«Jusqu’ici, les quelques médailles glanées lors des grands rendez-vous nous ont toujours permis de cacher les vrais problèmes de notre sport, concède Jean-Pierre Egger. Nous avons aujourd’hui les résultats que nous méritons vraiment.»

L’analyse du chef coach des Suisses est sévère, mais réaliste. Elle met principalement en évidence un manque de structures, de moyens et de volonté au niveau national.

«Les athlètes suisses doivent presque tous concilier la pratique de leur sport avec une activité annexe, explique le Neuvevillois. 99% des entraîneurs sont des bénévoles et les structures adéquates pour s’entraîner ne sont pas légion.»

Il faut encore ajouter à ce tableau peu reluisant le fait que l’athlétisme n’est plus un sport de base à l’école obligatoire et que le nombre de licenciés se réduit comme peau de chagrin. Pas difficile dès lors de comprendre que les résultats ne suivent pas au niveau international.

L’exemple suédois

Paradoxalement, la fessée parisienne va peut-être servir de détonateur. L’athlétisme suisse est en pleine reconstruction et a besoin d’une aide urgente de l’Etat pour réussir sa mue. Cela, à l’exemple de ce qui s’est passé en Suède ces dix dernières années.

Au bord de la banqueroute et privée d’athlètes de haut niveau au milieu des années 90, la Suède possède aujourd’hui une vingtaine de stades couverts high tech, des filières de sport-étude et des entraîneurs professionnels.

Et les résultats ne se sont pas fait attendre: à Paris, les Suédois ont remporté deux médailles d’or, une d’argent et deux de bronze. En Suède, des milliers de jeunes rêvent de ressembler à Karolina Klüft (heptathlon) ou Christian Ollson (triple saut).

Beat Aeschbacher, vice-président de la Fédération suisse d’athlétisme, s’est d’ailleurs récemment rendu en Scandinavie pour tenter de percer à jour les secrets cette transformation impressionnante.

Il veut absolument appliquer le remède suédois à sa fédération malade. Mais cela n’ira pas sans un soutien marqué des instances politiques suisses.

«C’est une philosophie qui va au-delà de l’athlétisme et du sport en général, conclu Jean-Pierre Egger. Il faut donner l’opportunité à celles et ceux qui possèdent un don de l’exploiter. Car ce sont ces personnes qui, par la suite, font la richesse d’une nation.»

swissinfo, Mathias Froidevaux

Faits

La Suisse n’a remporté aucune médaille lors des Mondiaux d’athlétisme qui se sont achevés dimanche à Paris
C’est la troisième fois après Helsinki (1983) et Göteborg (1995) qu’aucun athlète suisse ne monte sur le podium d’une épreuve ou d’un concours d’un rendez-vous mondial.

En bref

– Malgré les deux belles performances de Viktor Röthelin (14e du marathon et qualifié pour les JO) et de Christian Belz (13e de la finale du 5000 mètres), le bilan comptable de la délégation suisse présente à Paris est catastrophique.

– Pour leurs premières participations à une compétition internationale de cette envergure, Julien Fivaz (longueur), Sylvie Dufour (heptathlon) et Cédric El-Idrissi (400 m haies) ont obtenu des résultats inférieurs aux performances obtenues durant la saison.

– Anita Brägger et André Bucher (800 mètres) ont été éliminés lors des demi-finales et Martin Stauffer a terminé 16e du concours du saut en hauteur.