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Silvano Beltrametti, la piste à suivre

Silvano Beltrametti, une reconversion réussie. Keystone

Victime il y a dix ans d’un grave accident qui l’a rendu paralysé des membres inférieurs, Silvano Beltrametti est aujourd’hui responsable de l’organisation des finales de Coupe du monde de ski alpin de Lenzerheide. Un défi parmi d’autres qui lui a permis de retrouver goût à la vie.

Dans l’aire d’arrivée, Silvano Beltrametti est un homme très demandé. De bonne humeur et souriant, comme à son habitude, il tente entre deux poignées de mains de suivre la course qui se déroule sous ses yeux. Et sur une piste qui porte depuis 2007 son propre nom!

Enfant de la région, le Grison a pris les rênes du comité d’organisation des finales de Coupe du monde de ski alpin, qui se déroulent pour la troisième fois chez lui.

En toute simplicité, assis dans sa chaise roulante «tout terrain», Silvano Beltrametti évoque sa nouvelle vie, mais aussi les problèmes de sécurité qui agitent toujours, dix ans après son terrible accident, les acteurs du Cirque Blanc.

swissinfo.ch: Silvano Beltrametti, comment vivez-vous ces finales de Coupe du monde de Lenzerheide en tant que nouveau patron du comité d’organisation?

 

Silvano Beltrametti: Les derniers jours de préparation ont été très difficiles. Il a fallu s’assurer que la piste reste dans un bon état et les prévisions météorologiques n’étaient pas bonnes. Ce que nous avons vécu mercredi, avec les performances de Didier Cuche et des autres Suisses, est forcément sensationnel. Les spectateurs sont une fois de plus venus en nombre, le suspense était au rendez-vous et nous n’avons pas dû déplorer d’accident. Que pouvait-on espérer de plus? (ndlr: les courses de jeudi ont ensuite dû être annulées en raison du mauvais temps)

swissinfo.ch: Quelle importance ces courses ont-elles pour vous et pour toute la région?

 

S.B.: Elles ont une importance énorme. C’est l’un des principaux outils marketing de la région touristique de Lenzerheide. Beaucoup d’argent est investi dans ces finales de Coupe du monde. Mais au-delà de la publicité et des retombées économiques que l’on espère générer, ça nous tient à cœur de voir tous ces fans qui viennent vibrer pour le ski suisse.  

swissinfo.ch: Depuis 2007, la piste porte votre nom. Qu’est-ce que ça vous fait?

 

S.B.: C’est évidemment un honneur énorme, offert à très peu de personnes. Je suis très fier et reconnaissant d’avoir reçu ce cadeau de la station de Lenzerheide.

swissinfo.ch: Comment jugez-vous cette piste?

 

S.B.: Elle est technique et très exigeante. La descente n’offre aucun passage de glisse, les athlètes doivent se battre du haut en bas de la piste. Elle répond à toutes les exigences pour des finales de Coupe du monde, car on peut y disputer quatre épreuves très différentes. Le super-G y est extrêmement attractif, le géant très difficile et le slalom ne manque pas d’intérêt non plus.  

swissinfo.ch : Et elle convient plutôt bien aux coureurs suisses…

 

S.B.: Effectivement! De manière générale, la saison des Suisses a été plutôt bonne, au vu des attentes élevées de début de saison. Les Mondiaux ne se sont certes pas déroulés comme prévu, mais c’est aussi la faute à la malchance. Le plus réjouissant, c’est de voir de nouveaux noms s’imposer. C’est de bon augure pour l’avenir du ski suisse.

swissinfo.ch: Un conflit a récemment éclaté entre Günter Hujara, le chef des courses de la FIS, et Didier Cuche, au sujet d’un saut jugé trop dangereux. Comment avez-vous vécu cette polémique qui avait pour enjeu la sécurité des coureurs?

S.B.: Ces deux dernières semaines, j’ai eu tellement de travail que je n’ai pas vraiment eu le temps de suivre cette affaire. Mais il est clair que la sécurité des coureurs est essentielle, c’est un travail qui doit être entrepris conjointement par les organisateurs et la FIS. Il y a parfois des petits frottements entre la FIS et les athlètes, mais rien de très grave. Il faut continuer à collaborer et à écouter tous les acteurs concernés.

swissinfo.ch: Mais ne serait-il pas possible de faire davantage pour assurer la sécurité des skieurs?

S.B.: A Lenzerheide, la sécurité est la première priorité du comité d’organisation. Treize kilomètres de filets de sécurité ont été déployés tout au long de la piste. C’est un travail titanesque. Il serait difficile de faire plus, ne serait-ce que pour des raisons financières.

On ne pourra jamais totalement éviter les accidents. Les courses de ski se disputent dans un cadre naturel. C’est l’un des sports les plus difficiles, les vitesses sont prodigieuses. Lorsque des accidents ou des chutes surviennent, elles produisent souvent des blessures graves.

 

swissinfo.ch: Plus personnellement, après votre terrible accident il y a dix ans, vous avez donné une nouvelle direction à votre vie et à votre carrière. Comment vous sentez-vous?

S.B.: De nombreux nouveaux défis, privés et professionnels, occupent mon quotidien. Je suis très heureux dans ma vie. Avec ma femme, nous dirigeons un bel hôtel. Je me plais dans mon environnement et je suis de nouveau actif dans le sport de mes débuts. En me retournant sur les années qui se sont écoulées depuis mon accident, je ne peux qu’être enchanté de pouvoir vivre cette vie tout à fait normale et indépendante. Même si, bien sûr, rien ne sera plus jamais comme avant l’accident.

swissinfo.ch: Après un tel coup du destin, comment réussit-on un nouveau départ?

 

S.B.: On passe par plusieurs étapes. Au début, il faut tirer un trait sur ses habitudes quotidiennes. Pour rendre cela possible, il est nécessaire de prendre conscience de ce qu’on a vécu dans le passé et de ce que l’on ne vivra plus dans le futur. Très rapidement, ce fut clair pour moi que le ski, c’était terminé, et qu’il fallait oublier tous mes plans de carrière.

Lentement, j’ai tourné le regard devant moi, je me suis fixé de nouveaux buts et je suis ainsi retourné à la vie. Mais cela exige une énorme volonté car on repart de zéro. Après mon accident, j’étais comme un enfant qui doit tout réapprendre. Ce n’est pas simple, mais lorsque l’on est une personne fondamentalement positive, comme moi, alors on y arrive.

Espoir. Né le 22 mars 1979 à Valbella, dans les Grisons, a été un grand espoir du ski alpin suisse, avant d’être victime d’un grave accident lors d’une descente à Val d’Isère en 2001.

Paralysie. Il avait alors transpercé la bâche de protection avec ses skis aiguisés comme des rasoirs et terminé sa course au pied d’un pylône métallique situé 10 mètres en contrebas. Victime d’une lésion de la moelle épinière, il restera paralysé à vie des membres inférieurs.

Management. Employé de commerce de formation, il réoriente sa carrière professionnelle vers le management sportif au sein de la firme GFC Sports Managements.

Hôtellerie. Il gère également un hôtel avec sa femme. Fondateur du portail internet spécialisé www.skionline.ch, il a également été actif dans l’organisation des finales de Coupe du monde à Lenzerheide en 2007, avant d’en prendre la présidence en 2011.

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