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Des disparités entre les cantons concernant le dispositif de prévention des attaques «Amok»

Quand un individu se montre violent ou hors de contrôle dans l'enceinte d'une école en Suisse, à l'instar de ce qui s'est récemment passé à Cortaillod, le plan «Amok» est déclenché pour mettre les élèves en sécurité. Mais l'état d’anticipation et de préparation diffère d’un canton à l’autre.

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Il y a quelques jours à Cortaillod (NE), le protocole de prévention des attaques dans les écoles appelé «Amok» a permis de mettre à l’abri rapidement les élèves. Pour rappel, un individu s’était introduit dans une école primaire de la commune et avait proféré des propos «menaçants». Les deux premières patrouilles de police étaient arrivées sur place à peine sept minutes après l’appel des enseignants.

Cet incident en rappelle d’autres. En octobre dernier par exemple, les forces de l’ordre avaient été déployées en nombre aux abords d’une école professionnelle à Carouge (GE). L’alarme signalant la présence d’une personne malintentionnée dans l’enceinte de l’établissement s’était là aussi déclenchée. Mais après avoir procédé à une fouille minutieuse du bâtiment, la police avait conclu à une fausse alerte.

Alarmes «Amok» les plus anciennes à Genève et Berne

Même si ces événements ont connu à chaque fois un épilogue heureux, découlant le plus souvent de fausses alertes, ils rappellent indéniablement l’importance d’un tel dispositif pour éviter les drames. Des plans «Amok» ont ainsi été mis en place en Suisse romande depuis plusieurs années, mais sans coordination entre les cantons.

Tiré du malais «amuk», le terme «Amok» signifie une rage meurtrière incontrôlable. Dans la culture indonésienne, malaisienne et philippine, cela désigne un individu humilié en public qui, pour sauver son orgueil meurtri, se lance dans une tuerie de masse.

L’état d’anticipation et de préparation au plan «Amok» peut donc largement différer d’un canton à l’autre. Les ministres cantonaux chargés de la sécurité se sont d’ailleurs réunis la semaine dernière pour faire le point sur les mesures de sécurité en lien avec ce protocole.

Ce sont dans les écoles des cantons de Genève et de Berne que se trouvent les alarmes «Amok» les plus anciennes. A Genève, les modalités du dispositif et les consignes à suivre sont transmises chaque année aux établissements depuis une quinzaine d’années. Il avait été mis en place suite à la fusillade de Columbine, quand deux élèves avaient tué douze de leurs camarades et un professeur aux Etats-Unis en 1999.

Le canton de Neuchâtel, lui, dispense des formations au corps enseignant seulement depuis 2016. A noter que de nouvelles sessions sont déjà planifiées en 2024 pour les nouveaux venus et ceux qui souhaitent une mise à jour.

Mais tous les cantons ne sont pas au même niveau en fonction des cycles scolaires. Si les enseignants du secondaire II et du post-obligatoire sont plutôt bien informés, voire formés, dans le canton de Vaud, à Fribourg, en Valais et dans le Jura, l’école obligatoire présente des lacunes au sujet des dispositions à prendre.

Un dispositif inconnu dans certaines écoles jurassiennes

Au lendemain de l’incident de Cortaillod, plusieurs médias, à l’instar de la radio rfj, révélaient d’ailleurs que le dispositif «Amok» n’était pas toujours connu des directions d’écoles jurassiennes. Aucune formation particulière n’y était de fait dispensée.

Dans ce canton pourtant, les consignes figurent dans un document depuis une dizaine d’années. D’où l’importance de régulièrement rappeler la marche à suivre aux directions, comme l’a rappelé le ministre en charge de la Formation Martial Courtet, interpellé à ce sujet au Parlement jurassien.

«Peut-être que des écoles se sont senties moins concernées, mais l’actualité nous rappelle que toutes sont concernées. Nous prenons donc cela très au sérieux.» Avant de continuer: «Le service de l’enseignement et le service de la formation post-obligatoire ont écrit un rappel aux directions des écoles. Si ça n’a pas encore été fait, ils demandent d’organiser jusqu’à la fin du prochain trimestre une présentation et une discussion avec les enseignants et enseignantes sur l’«Amok».»

Dans le canton de Vaud, il est déjà prévu de pallier cette lacune. Une formation à l’école obligatoire débutera en janvier pour terminer en juin. Et suite à ce qui s’est passé à Cortaillod, le Valais estime nécessaire une nouvelle évaluation de la situation sécuritaire de ses établissements avec les forces de l’ordre.

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