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La menace de récession aux Etats-Unis n’inquiète pas la Suisse

Le monde financier est sous pression. Reuters

Les entreprises helvétiques gardent leur optimisme malgré les craintes croissantes de récession aux Etats-Unis.

Mais les bourses ont mal réagi à l’annonce mardi des dépréciations d’actifs de près de 20 milliards de francs de la banque américaine Citigroup. Certains craignent que la crise ne se propage.

Jusqu’ici, la principale victime suisse de la crise américaine des crédits hypothécaires à risque a été l’UBS, la plus grande banque du pays étant contrainte de se tourner vers des investisseurs étrangers pour combler un trou de 13 milliards de francs.

Après l’Union européenne, les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial de la Suisse et demeurent l’économie dominante de la planète. Une récession outre-Atlantique aurait donc forcément des conséquences négatives partout.

En dépit de ces mauvais signes avant-coureurs, le sentiment général, parmi les 4100 sociétés sondées par l’UBS à la fin 2007, reste optimiste pour 2008.

L’UBS confiante

«Jusqu’ici, les turbulences sur les marchés financiers internationaux n’ont pas encore affecté l’économie suisse», indique l’enquête sectorielle de l’UBS. Et cette confiance est justifiée pour Daniel Kalt, responsable des études sur la Suisse à l’UBS.

«Toutes les conditions qui ont favorisé une croissante importante ces dernières années demeurent inchangées. Le franc suisse faible encourage les exportations, le chômage diminue et les revenus réels augmentent. Le tableau se présente très bien malgré les nouvelles des marchés financiers», affirme M. Kalt à swissinfo.

Prudence à moyen terme

Hans-Ulrich Bigler, responsable de l’association de l’industrie des machines et de la métallurgie Swissmem, estime que ce secteur est en bonne posture actuellement, mais se montre plus prudent à moyen terme.

«Nous n’avons pas de soucis au quotidien parce que le niveau des commandes des Etats-Unis est excellent, la capacité est utilisée à 93% et l’industrie tourne toujours aussi bien depuis quinze ans», a-t-il indiqué à swissinfo.

«Mais une des causes de la forte progression enregistrée en Extrême-Orient repose sur la force de la croissance américaine. Maintenant que des problèmes majeurs se profilent là-bas, nous craignons que cela ne rejaillisse sur l’économie mondiale pour les deux ou trois ans à venir.»

Un dollar faible

Martin Naville, responsable de la Chambre de commerce Suisse/Etats-Unis, pense que les entreprises suisses sont suffisamment florissantes pour encaisser des perturbations, mais pas une récession en tant que telle.

La principale menace est représentée par la faiblesse du dollar qui pourrait menacer les exportations, malgré l’avantage représenté par l’augmentation des prix du pétrole, ajoute-t-il. Vendredi, le billet vert a atteint le record de 1,0839 francs.

«L’économie suisse est tournée vers l’exportation et ses contrats sont pratiquement toujours libellés en dollars, de sorte que si le dollar baisse, ses profits aussi. Un dollar faible profite plutôt aux importateurs et aux compagnies aériennes. Mais comme la Suisse a un gros excédent commercial, cela pourrait faire mal», indique M. Naville à swissinfo.

En décembre, le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) avait annoncé une croissance de 2,7% en Suisse pour 2007 et prévu une augmentation de 1,9% pour 2008.

swissinfo, Matthew Allen
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

Les Etats-Unis sont le 2e partenaire de la Suisse après l’UE.
Exportations: 20,48 milliards de francs en 2006, soit 16,9% de mieux qu’en 2005.
Importations: 10,95 milliards de francs, soit 31,5% de mieux.
Excédent commercial: 9,53 milliards.
Les exportations suisses aux Etats-Unis ont triplé depuis 1990.

Des fissures sont apparues fin 2006 avec la crise des crédits hypothécaires à risque.

Ce sont d’abord les établissements financiers qui ont été touchés, puis tout le secteur immobilier a ralenti en 2007.

Les bourses mondiales ont mal réagi et les banques nationales ont réinjecté de l’argent dans le système pour amortir la crise des crédits.

En décembre, la publication de chiffres décevants sur le marché du travail américain n’a pas arrangé les choses.

La Réserve fédérale américaine a laissé entendre qu’elle pourrait diminuer ses taux, mais certains redoutent toujours que la hausse des prix du pétrole ne provoque de l’inflation. Les regards sont tournés vers le comportement des consommateurs américains et les performances du secteur des cartes de crédit.

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