La tenue de combat actuelle des militaires a été introduite dans les années 1990 et doit être remplacée.
Keystone/Gaetan Bally)
L’armée suisse devrait investir cette année quelque deux milliards de francs. Le Conseil national a accepté jeudi le message sur l’armée 2018. Il prévoit d’équiper les soldats de gilets pare-balles hautement performants et de mettre hors service 27 avions de combat Tiger.
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Correspondante au Palais fédérale pour SWI swissinfo.ch, je décrypte la politique fédérale pour les Suisses de l'étranger.
Après des études à l'Académie du journalisme et des médias de l’Université de Neuchâtel, mon parcours professionnel m'a d'abord menée dans divers médias régionaux, au sein des rédactions du Journal du Jura, de Canal 3 et de Radio Jura bernois. Depuis 2015, je travaille au sein de la rédaction multilingue de SWI swissinfo.ch, où je continue à exercer mon métier avec passion.
Moderniser certains systèmes des Forces aériennes, compléter l’équipement de la troupe et développer l’infrastructure d’instruction, tels sont les objectifs que devra remplir l’armée avec l’enveloppe de 2,053 milliards approuvée jeudi par le Conseil national (Chambre basse). Une somme restée stable par rapport aux années précédentes, qui sera répartie comme le montre ce graphique.
Kai Reusser / swissinfo.ch
«Comment allez-vous décider quels soldats recevront un gilet de protection et lesquels en seront privés?» Yvette Estermann, députée UDC
Le Conseil national a donné son aval à la dépense la plus controversée: tous les militaires devraient être équipés d’une nouvelle tenue de combat, coûtant 3000 francs par personne et comprenant un gilet de protection haute sécurité. L’armée dépensera au total 377 millions de francs pour ce nouvel équipement.
Les parlementaires ont vivement débattu autour de l’habillement des soldats. Le Conseil des Etats (Chambre haute) avait mis en doute la nécessité de doter l’effectif entier de l’armée (100’000 militaires) de gilets de protection. Il avait ainsi décidé de diminuer de moitié le crédit dévolu à cet achat.
Pas question pour le Conseil national, qui a refusé de couper dans cette dépense. Ce sont les députés de droite qui ont fait pencher la balance, en soutenant l’achat de l’équipement complet. «Si on réduit la quantité de gilets de protection, comment allez-vous décider quels soldats en recevront un et lesquels en seront privés?», a questionné la députée Yvette Estermann, de l’Union démocratique du Centre (UDC / droite conservatrice). Son collègue de parti Thomas Hurter a accusé les Verts et les socialistes de vouloir un démantèlement de l’armée.
«L’armée se comporte comme un enfant gâté, qui veut tout et immédiatement» Carlo Sommaruga, député socialiste
La gauche a tenté en vain de s’opposer à une dépense trop importante à ses yeux. «Il n’y pas de scénario qui impliquerait que tous les membres de l’armée, jusqu’au cuisinier, auraient besoin de ces vestes», a martelé la députée socialiste Priska Seiler Graf. «L’armée se comporte comme un enfant gâté, qui veut tout et immédiatement», a renchéri Carlo Sommaruga (PS).
Le nouvel équipement devrait être introduit à partir de 2022 pour une durée d’utilisation de 25 ans.
Les F-5 Tiger à la retraite
Le message sur l’armée prévoit également, pour la première fois, la mise hors service de systèmes d’armes importants. Ainsi, l’armée va se débarrasser de 27 de ses 53 avions de combat F-5 Tiger. Quatre ont été remis à des collections historiques. Les autres sont immobilisés et des acheteurs potentiels ont été trouvés, selon le gouvernement.
Les F-5 Tiger servent depuis plusieurs décennies dans les Forces aériennes suisses, puisqu’ils ont été acquis en 1976 et 1981. Ils ont marqué l’imagerie militaire helvétique.
Un avion de combat F-5 des Forces aériennes suisses est déchargé d’un avion de transport militaire américain à l’aérodrome militaire d’Emmen, dans le canton de Lucerne, le 21 septembre 1978. (Keystone)
Keystone
L’US Air Force C-5A Galaxy, le plus gros avion de transport au monde, toujours lors de la livraison d’un Tiger en 1978. (Keystone)
Keystone
Les trente premiers avions de combat Tiger sont remis aux Forces aériennes suisses, le 30 octobre 1978, lors d’une cérémonie officielle à l’aérodrome militaire Meiringen-Unterbach, dans le canton de Berne. Les pilotes se lèvent fièrement devant les nouveaux appareils. (Keystone)
Keystone
Le ministre de la Défense Rudolf Gnägi inspecte l’un des appareils à l’occasion de la remise officielle de 30 avions de combat Tiger. (Keystone)
Keystone
Le commandant de l’armée autrichienne Günter Taschler (2e à droite) et le lieutenant-colonel suisse Olivier Spieth (à droite) sont photographiés dans le hangar après un vol avec un Tiger suisse, à l’aérodrome militaire de Dübendorf, Suisse. (Keystone/Steffan Schmidt)
Keystone/Steffen Schmidt
En 2003, six Tiger de la Patrouille Suisse, la formation de vol acrobatique des Forces aériennes, survolent le Palais fédéral à Berne. (Keystone/ Forces aériennes suisses)
Keystone/Schweizer Luftwaffe
Le ministre autrichien Guenther Platter, au milieu, et le ministre suisse Samuel Schmid, à gauche, remercient le pilote du vol inaugural, lors de la cérémonie de remiser du premier Tiger helvétique aux Forces aériennes autrichiennes, en 2004. (Keystone/Alessandro della Valle)
Keystone/Alessandro della Valle
Les pilotes suisses posent devant un F-5 Tiger, en 2006. (Keystone/Alessandro Della Bella)
Keystone/Alessandro Della Bella
Un avion de combat F-5 Tiger des Forces aériennes suisses atterrit sur l’aérodrome de la base aérienne d’Emmen, en 2013. (Keystone/Sigi Tischler)
Keystone/Sigi Tischler
Le deuxième candidat au remplacement partiel des avions de combat Tiger, le Rafale français, à l’aérodrome militaire d’Emmen (canton de Lucerne), le 9 octobre 2008. (Keystone/Steffen Schmidt).
Keystone/Steffen Schmidt
La Patrouille Suisse avec ses jets F-5E Tiger en action, au Salon international de l’aérospatiale à Schönefeld, Allemagne, 2016. (Keystone/Wolfgang Kumm)
Keystone/Wolfgang Kumm
Les 26 appareils restant continueront d’être engagés pour décharger les F/A-18 de tâches annexes. Ces derniers pourront ainsi continuer à assurer la protection de l’espace aérien jusqu’à l’acquisition de nouveaux avions de combat. Pour rappel, après le refus par le peuple en 2014 de l’achat de 22 Gripen, les citoyens devraient à nouveau se prononcer sur le renouvellement de la flotte de jets d’ici 2020.
Le message sur l’armée retourne au Conseil des Etats.
Une réforme de l’armée suisse est en cours
Les acquisitions, investissements et mises hors service prévus s’inscrivent dans le contexte de la mise en œuvre du développement de l’armée (DEVA). Cette réforme des forces armées helvétiques, approuvée en 2016 par le Parlement, a entre autres pour but d’accroître la disponibilité de l’armée. 8000 hommes devront pouvoir être mobilisés dans un délai d’un à trois jours et 35’000 en dix jours, soit une capacité unique en Europe. L’armée suisse dispose de 20 milliards de francs pour les années 2017 à 2020.
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