
Darier Hentsch et Lombard Odier fusionnent

Les deux banquiers privés genevois ont annoncé lundi officiellement leur fusion. La rumeur qui enflait depuis des semaines est ainsi confirmée.
«Lombard Odier & Cie et Darier Hentsch & Cie unissent leurs forces pour former l’un des premiers groupes de banquiers privés en Suisse et en Europe», indiquent Thierry Lombard et Pierre Darier, associés seniors des deux établissements.
L’opération sera effective au premier juillet. Elle est soumise à l’approbation de la Commission de la concurrence.
La nouvelle entité Lombard Odier Darier Hentsch & Cie (LODH) entend continuer à concentrer ses activités sur son métier de base. A savoir, la gestion privée et institutionnelle de portefeuilles.
Elle emploiera 2000 personnes. Qui seront réparties dans dans une vingtaine de branches et de bureaux au niveau international.
Elle étudiera les effectifs poste par poste ces prochains mois pour identifier les doublons. Mais cette fusion n’entraînera pas de suppression d’emplois avant fin 2002.
A ce propos, les dirigeants des deux banques privées genevoises ont indiqué, lundi devant la presse à Genève, avoir prévu un plan social «généreux et responsable».
Effectifs et masse sous gestion en baisse
Cette fusion intervient dans un contexte difficile pour tout le secteur de la gestion de fortune. La semaine dernière, Darier Hentsch & Cie avait annoncé à l’interne sa décision de réduire les effectifs du siège genevois d’une trentaine de postes d’ici à la fin de l’année.
L’effectif de l’établissement était de 428 collaborateurs au 31 décembre 2001. Il pourrait atteindre «un peu moins de 400 fin 2002», a précisé la semaine dernière Jacques Rossier, associé senior de Darier Hentsch & Cie. La masse sous gestion est passée de 44 milliards de francs fin 2000 à 38 milliards à fin mars 2002, en recul de 13,6 %.
Pour sa part, Lombard Odier & Cie comptait en fin d’année dernière 1551 collaborateurs dans le monde. L’effectif est «un peu moins nombreux aujourd’hui», a indiqué à l’ats un porte-parole de l’établissement genevois. Quant à la masse sous gestion, elle était «supérieure à 100 milliards de francs au 31 décembre 2001».
Le secteur de la gestion de fortune en Suisse est entré dans une phase de consolidation depuis quelques mois. Après le rachat d’une partie de la banque privée bâloise Sarasin par Rabobank, l’Union Bancaire Privée (UBP) a annoncé qu’elle préparait sa fusion avec Discount Bank and Trust Company (DBTC).
Nouveau paysage
Ces regroupements ou fusions interviennent dans un paysage modifié. Dans la gestion de fortune, les banques privées suisses ont vu leurs bénéfices chuter de 25 à 50 % en 2001, a indiqué en janvier dernier Ivan Pictet, associé de Pictet & Cie et président de la Fondation Genève Place financière.
Les marchés boursiers déprimés, les prestations coûteuses proposées à une clientèle toujours plus exigeante, l’arrivée de concurrents ambitieux sur le marché suisse sont autant d’éléments qui ont pesé sur les marges des banquiers privés. A cela s’ajoutent les réformes réglementaires, en cours ou prévisibles.
Secret bancaire attaqué
Des coups de butoir sont régulièrement portés contre les pays qui ont institué le secret bancaire. Ils s’accompagnent d’un durcissement à l’international contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent. Tous ces facteurs ont contribué à rendre le métier de la gestion de fortune plus difficile à exercer en Suisse.
Certains établissements ont pris les devants en s’ancrant plus solidement «on shore», soit dans les pays de résidence de leurs clients. Reste que le manque de notoriété dû à la discrétion légendaire des banques privées rend les opérations internationales plus coûteuses. Mais les analystes du secteur considèrent souvent que c’est la pérennité même des acteurs qui en jeu.
swissinfo avec les agences

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