
L’aide à l’Afrique australe face au dilemme OGM

La Suisse accroît son aide humanitaire aux victimes de la famine en Afrique australe. Mais peut-on leur livrer des céréales OGM?
La réponse de la Coopération suisse est claire: il faut sauver des vies et trouver une parade à cette aide controversée.
Le problème: d’un côté, une sécheresse qui met en grave danger de famine plus de 13 millions de personnes dans 6 pays d’Afrique australe.
De l’autre, une aide internationale qui ne peut s’approvisionner dans la région et qui doit aller chercher des céréales dans les surplus occidentaux, en particulier aux États-Unis.
Ces disponibilités sont en partie constituées de grains génétiquement modifiés et des pays comme le Mozambique ou le Zimbabwe ne veulent pas courir le risque de disséminer des OGM chez eux.
La solution du moindre mal
La position suisse est simple, nous explique Walter Fust, directeur de la Coopération (DDC): «si des gens sont en danger et que des OGM sont nécessaires à leur survie, il faut les utiliser mais faire en sorte qu’ils n’aillent pas dans la production».
Si l’on veut respecter la volonté de ces pays et prévenir des risques biotechnologiques, il importe donc que les céréales génétiquement modifiées soient moulues avant de leur être livrées.
Ne pas oublier les paysans
L’autre défi posé à l’aide internationale est logistique. Les infrastructures dont dispose la majorité des pays de cette immense région sont déficientes. Il faut sans tarder établir des dépôts de grains dans chaque pays.
«Il ne faut surtout pas oublier les paysans qui ont encore des produits à vendre, dit encore Walter Fust. Ils doivent pouvoir le faire et acheter des semences pour la prochaine récolte, il ne faut pas que l’aide internationale tue leurs efforts.»
Le climat et la mal-gouvernance
Vu du centre opulent de Johannesburg où cette information est donnée en marge du Sommet de la Terre, c’est un contraste choquant. Mais ce qui choque davantage encore Walter Fust, c’est la situation intérieure des pays dans le besoin.
Parmi eux, le Zimbabwe qui fait la une de l’actualité dans la région depuis que le pouvoir fait la chasse aux fermiers blancs, et l’Angola dévasté par des années de guerre civile.
En clair: «leur mauvaise gouvernance a contribué à augmenter l’importance des dangers et des risques naturels et c’est la communauté internationale qui doit venir à leur secours».
swissinfo/Bernard Weissbrodt, Johannesburg
Les pays d’Afrique australe touchés par la sécheresse: Lesotho, Malawi, Mozambique, Swaziland, Zambie, Zimbabwe
Le montant supplémentaire engagé par la DDC est de 2 millions de francs suisses
Au total, ce sont 5 millions qui ont été versés cette année pour l’aide d’urgence en Afrique australe
Le PAM estime que dans les sept prochains mois un million de tonnes de céréales feront défaut à l’aide immédiate (environ 500 millions de dollars)

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