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La Suisse, un laboratoire pour sociétés françaises

La FNAC obtient de bons résultats sur le marché helvétique. Keystone Archive

Depuis quelques années, la venue de grandes entreprises françaises a contribué à médiatiser la présence hexagonale en Suisse.

Sans parler d´afflux massif, l´intérêt marqué pour le marché helvétique est lié à la conjonction de plusieurs facteurs.

De la distribution (Carrefour), en passant par l´horlogerie (LVMH), l´hôtellerie (Accor) ou les casinos – pour ne citer que quelques exemples récents – les gros groupes tricolores ont accentué leur influence en Suisse dans divers domaines.

Hormis Francis Sermet, directeur du Développement économique Western Switzerland (DEWS), l´organisme de promotion commun à Vaud, Neuchâtel et Valais, qui qualifie le mouvement de «déferlante», la plupart des observateurs préfèrent parler d´intérêt soutenu.

Ancrage plus marqué

«Il y a toujours eu une forte demande de par la proximité géographique. Ce qui change sans doute aujourd´hui, c´est que les sociétés cherchent moins à faire du chiffre d´affaires qu´à s´implanter véritablement», analyse Didier Hoffmann, directeur de la chambre France-Suisse pour le commerce et l´industrie.

Le nombre de sociétés françaises en Suisse est néanmoins impossible à chiffrer. Car le registre du commerce n´impose pas la publication de l´origine des capitaux.

«La chambre de commerce estime à un peu moins de 400 le nombre de filiales de sociétés françaises, mais la liste est loin d´être exhaustive et ne tient pas compte des indépendants», poursuit l’intéressé.

Les grandes multinationales sont aussi les arbres qui cachent une forêt de PME. «Le phénomène est favorisé par les accords bilatéraux qui permettent à des frontaliers de devenir indépendants sur le territoire suisse», relève Pierre Jaquier.

Le profil de ces entreprises? «Elles relèvent principalement du secteur technologique, suivi par le commerce international, les services, la banque et la finance», résume le chef de la promotion économique genevoise.

En majorité, les sociétés s´installent dans les cantons romands, proches sur le plan géographique, linguistique et culturel. Une implantation qui peut précéder le saut outre-Sarine, comme c´est le cas pour la FNAC. La chaîne culturelle vise Bâle et Zurich après s´être installée à Genève, Fribourg et Lausanne.

Culture d´entreprise et fiscalité

Petit, mature et d´une structure culturelle complexe, pourquoi le marché helvétique de 7,2 millions d´habitants est-il si attractif pour son grand voisin? Une véritable culture d´entreprise, répondent en chœur les interlocuteurs. Du reste, ces atouts séduisent les entreprises étrangères en général et pas seulement les françaises.

«La fiscalité en Suisse est plus avantageuse, les relations avec l´administration moins crispées et le marché du travail plus flexible», résume Francis Sermet.

«En outre, malgré des salaires élevés, le coût horaire de production est sensiblement le même dans les deux pays si l´on tient compte des charges sociales, de l´absentéisme et des grèves en France». Autre plus: le bon niveau de formation.

Un vrai projet

Mais ces arguments sont insuffisants à expliquer une implantation. «Il faut qu´il y ait un vrai projet derrière», relève Thierry Baglan, représentant du DEWS pour la France.

«Vues la maturité et la sophistication du marché, l´entreprise doit offrir des produits à haute valeur ajoutée», renchérit Didier Hoffmann. Les entreprises de services industriels et d´ingénierie sont particulièrement bien placées.

Le savoir-faire helvétique reste encore un atout, l´horlogerie étant un bon exemple. La filiale ‘montres’ de la maison Hermès, installée depuis 25 ans à Bienne, a fabriqué l´an passé 140’000 pièces.

Son chiffre d´affaires, de près de 115 millions d´euros (178 millions de francs), représente à peine moins de 10% de l´activité totale du groupe. Ensuite, le fort pouvoir d´achat des Suisses a toujours de quoi allécher, notamment dans le secteur des loisirs.

La FNAC – qui appartient au groupe PPR aussi présent avec Conforama et La Redoute – réalise sur le marché helvétique ses meilleures performances, loin devant ses autres filiales européennes au Portugal, en Espagne, en Belgique et en Italie.

Enfin, la Suisse constitue un excellent laboratoire d´essai. Pour Thierry Baglan, ce n´est pas ce petit marché en tant que tel qui intéresse les entreprises, mais l´expérience d´une première implantation internationale qu´elles peuvent y glâner. «Notamment pour les PME, c´est une bonne école à moindres coûts avant de faire le saut sur un marché plus gros».

swissinfo et les agences

– Carrefour, Accor, LVMH, FNAC figurent parmi les fleurons de l’économie française qui ont décidé de venir s’implanter en Suisse.

– Malgré le coût du travail plus élevé, les entreprises profitent du degré élevé de formation, d’un absentéisme moins développé qu’en France et de la quasi-absence de grèves. Les aspects fiscaux et administratifs ne sont pas à négliger non plus.

– Le marché suisse leur permet également de procéder à quelques ajustement avant une expansion internationale, le marché romand servant même de galop d’essai pour mieux entrer en Suisse alémanique.

– L’implantation en Suisse pour des sociétés françaises ne relève cependant pas seulement de la cosmétique. Il leur est indispensable d’offrir des produits à haute valeur-ajoutée pour durer.

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