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Le boom des cartes de crédit «low cost»

L'engouement pour les cartes de crédit à prix cassés est réel. Keystone

Après Coop et Migros, ce sont Jelmoli, UBS, Orange, et peut-être bientôt les CFF, qui proposent des cartes de crédit sans cotisation annuelle ou à bas coût.

Ces sociétés espèrent ainsi fidéliser les clients, mais aussi profiter d’un développement du marché des crédits à la consommation qui présente un fort potentiel de croissance en Suisse.

Le mouvement a été initié par les deux géants helvétiques de l’alimentation. Coop et Migros ont annoncé ce printemps le lancement de, respectivement, une «Supercardplus» et d’une «MasterCard M-Budget», des cartes de crédits gratuites, c’est-à-dire sans cotisation annuelle.

Une révolution dans le marché de la monnaie plastique en Suisse où jusqu’alors il fallait débourser au minimum 50 francs par an pour ce type de sésame.

Dans la danse

Le groupe de distribution et d’immobilier zurichois Jelmoli leur a emboîté le pas avec une «Visa Bonus Card», gratuite si un volume annuel de transactions de 300 francs est atteint, sinon la cotisation s’élève à 25 francs. Plus inattendu, l’opérateur de téléphonie mobile Orange propose une «Collect Card», gratuite la première année, puis facturée 10 francs pour ses abonnés.

Première banque à réagir, l’UBS s’est engagée dans cette bataille du bas prix avec «UBS basic», une carte offerte la première année, puis à 40 francs par an ou gratuite dès 24 transactions.

Les Chemins de fer fédéraux (CFF) songent aussi à entrer dans la danse, l’abonnement demi-tarif détenu par plus de deux millions de personnes pourrait devenir aussi un moyen de paiement ou une carte permettant d’entrer au cinéma et au musée.

Les raisons d’un engouement

Il reste à comprendre cet engouement soudain des sociétés pour les cartes de crédit à prix cassés.

Les entreprises, surtout les détaillants, visent d’abord une fidélisation des clients. Les transactions effectuées avec les cartes de Coop, de Migros et de Jelmoli permettent aux utilisateurs de cumuler des points de leurs programmes de fidélité.

Même logique chez Orange, où la carte est liée à des primes pour la téléphonie. Concrètement, plus elle sera utilisée, plus la facture téléphonique mensuelle de l’utilisateur s’en trouvera allégée.

Avec cette nouvelle offre dans le segment des services financiers, Jelmoli entend gagner des parts de marché en acquérant de nouveaux clients. «Il s’agit aussi d’accroître la reconnaissance de la marque Jelmoli et la rentabilité des affaires dans les cartes», précise l’entreprise.

Les coûts annexes de la gratuité

Ces nouveaux acteurs comptent attirer vers la monnaie plastique de nouveaux clients «grâce à un produit simple et bon marché pour des personnes qui utilisent leur carte essentiellement en Suisse et ne souhaitent pas bénéficier de services supplémentaires», indique l’UBS.

En effet, ces cartes «low cost» n’offrent pas d’avantages annexes, par exemple des assurances, comme c’est en général le cas pour les cartes avec une cotisation annuelle.

Mais attention, la gratuité n’est pas totale. Le consommateur doit être attentif aux coûts annexes de ces cartes, comme les retraits d’espèces aux automates en Suisse et à l’étranger, les commissions sur le taux de change ou les intérêts négatifs en cas de retard de paiement ou de demande de paiements échelonnés.

Ces frais peuvent coûter très cher. Et ils varient parfois fortement selon les cartes.

Un secteur prometteur

Le marché helvétique des cartes de crédit est petit mais attrayant car nettement moins développé qu’à l’étranger.

Migros motive cette opération par le fait que les cartes de crédit sont un moyen de paiement qui va gagner en importance ces prochaines années. Coop et Migros visent chacun entre 400 000 et 500 000 titulaires à terme, alors que Jelmoli entend tripler, d’ici trois ans, son chiffre d’affaires dans les cartes à 750 millions de francs.

Avant l’arrivée des offres gratuites, on dénombrait quelque 3,5 millions de cartes de crédit en circulation dans le pays. Mais le taux d’utilisation par les Helvètes est faible. Les titulaires les sortent de leur portefeuille plutôt pour des achats chers ou lors de règlements à l’étranger.

La cigale et la fourmi

Les cartes gratuites vont-elles changer les habitudes ? Les émetteurs espèrent que l’usage de la monnaie plastique deviendra une opération banale et quotidienne.

Le Credit Suisse estime que les Suisses vont être toujours plus nombreux à contracter un crédit à la consommation, notamment en retardant, contre un taux d’intérêt, les échéances du paiement de la facture de leur carte de crédit.

Actuellement, l’endettement moyen d’un Helvète s’élève à environ 1000 francs, contre plus de 3600 francs pour la moyenne des pays de l’Union européenne. Reste à savoir si de fourmi, le Suisse va se transformer en cigale.

swissinfo, Luigino Canal

Plus de 3,5 millions de cartes de crédit circulent en Suisse, représentant un volume de transactions (cartes étrangères comprises) de quelque 15 milliards de francs.
Outre Visa et MasterCard, majoritaires, on trouve aussi American Express et Diners, dont la part ne dépasse toutefois pas 5 %.
Environ 360’000 points de vente acceptent ce moyen de paiement. En 2004, elles ont été utilisées pour 82 millions de paiement totalisant un montant de 15 milliards de francs.

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