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Le nucléaire divise la Suisse

La centrale nucléaire de Leibstadt est l'une des cinq centrales suisses aujourd'hui en activité. Keystone

Après la publication du rapport de l'ONU sur le climat, le débat sur la construction d'une centrale nucléaire en Suisse est à nouveau sur le devant de la scène.

La classe politique est consciente que l’approvisionnement énergétique doit devenir une priorité. Mais la construction de nouvelles centrales nucléaires ne fait pas l’unanimité.

L’idée de construire de nouvelles centrales nucléaires tient à cœur du Parti radical démocratique (PRD / droite) pour qui cette possibilité à trop longtemps été écartée par l’Office fédéral de l’énergie et par le ministre suisse de l’Energie, le socialiste Moritz Leuenberger.

Les centrales à gaz préconisées par Moritz Leuenberger pour répondre aux besoins futurs en énergie ne sont pas la solution, car elles engendrent une quantité énorme de CO2, affirment les radicaux.

Mais cet avis n’est pas partagé pas tous les membres du parti bourgeois. Dans un entretien publié dans la NZZ am Sonntag, leur ministre Pascal Couchepin déclare qu’il faut envisager la possibilité «que nous ayons encore besoin de centrales à gaz».

Une discussion très rationnelle

Il s’oppose toutefois à des modifications de la législation devant permettre une accélération des procédures d’autorisation de construction d’une nouvelle centrale nucléaire.

La discussion au sein du gouvernement reste toutefois très rationnelle. Les deux ministres socialistes auraient accepté l’idée qu’il existe certains faits accomplis dans la politique énergétique. Des désaccords ne sont toutefois pas à exclure, précise Pascal Couchepin.

Moritz Leuenberger confirme dans le SonntagsBlick que le débat entamé lors de la dernière séance du gouvernement était empreint d’un grand sens des responsabilités. Avant de construire de nouvelles centrales nucléaires, il faut toutefois épuiser toutes les autres possibilités, selon lui.

Oui au nucléaire

Interrogé par le journal Südostschweiz de dimanche, le ministre des Finances Hans-Rudolf Merz estime que l’énergie nucléaire reste indispensable. «Nous ne pouvons tout simplement pas renoncer à l’apport des centrales existantes».

La législation actuelle ne doit pas être modifiée, précise le ministre radical. Ce dernier soutient toutefois l’accélération des procédures d’octroi d’autorisation «sans pour autant détériorer les standards de sécurité».

Christoph Blocher s’oppose également aux longs délais pour obtenir les autorisations. «Il n’est pas possible que la planification d’une centrale nucléaire demande 15 ans voire plus, explique le ministre de l’Union démocratique du centre (UDC / droite dure) dans la SonntagsZeitung. Nous ne pouvons pas nous le permettre.»

La gauche opposée

La gauche reste quant à elle très défavorable à l’option nucléaire. En décembre dernier, le Parti socialiste avait d’ailleurs critiqué son ministre Moritz Leuenberger pour avoir laissé cette option ouverte.

Réagissant à la Conférence de Paris sur le climat, le PS a élaboré un programme en dix points pour l’approvisionnement énergétique. L’idée de nouvelles centrales nucléaires n’y apparaît pas. «La politique énergétique doit miser sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables», rappelle le PS.

Quant aux Verts, ils restent viscéralement opposés au nucléaire. Et de manière générale aux énergies fossiles, puisqu’ils demandent que «l’approvisionnement de la Suisse soit assuré en totalité par des énergies renouvelables d’ici 2050 au plus tard».

Les sondages divergent

La population se montre quant à elle peu enthousiaste face au nucléaire. C’est du moins ce que révèle un sondage du journal alémanique SonntagsBlick. Plus de 70% des Suisses seraient opposés à la construction d’une nouvelle centrale.

Un sondage effectué en 2006 sur demande de Swissnuclear n’arrivait toutefois pas à la même conclusion. Dans le cadre de cette enquête, 50% des personnes interrogées s’étaient déclarées favorables et 43% contre.

Une année auparavant, la tendance était inverse, puisque 51% des sondés s’opposaient au remplacement des anciennes centrales suisses. Seuls 46% soutenaient alors cette idée.

swissinfo et les agences

Consommation d’énergie en Suisse selon les agents énergétiques (OFEN, 2004):
Carburants: 31,3%
Mazout: 25,7%
Electricité: 23,1%
Gaz: 12,1%
Energies renouvelables: 0,9%
Autres (bois, charbon, etc.): 6,9%

La Suisse dispose de cinq centrales nucléaires: Beznau I et II (dans le canton d’Argovie, entrées en fonction en 1969 et 1972), Mühleberg (Berne, 1972), Gösgen (Soleure, 1978) et Leubstadt (Argovie, 1984).

L’énergie nucléaire représente 38% de la production annuelle moyenne d’énergie électrique en Suisse (jusqu’à 45% en hiver). La moyenne annuelle européenne est de 33%.

Les centrales nucléaires suisses arrivent progressivement en fin de vie. Mais conformément à la nouvelle Loi sur l’énergie nucléaire stipule que la construction de nouvelles centrales est soumise au référendum facultatif.

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