Les étrangers argentés font flamber l’immobilier à Genève

La maison acquise par Michael Schumacher à Gland au bord du lac Léman. Keystone

Britanniques, Turcs ou Russes continuent à acheter en Suisse des propriétés à coup de dizaines de millions. Une villa vient d'être vendue pour plus de 45 millions de francs. Un record dans le canton de Genève pour une transaction entre particuliers.

La crise! Quelle crise? Pour l’instant le marché immobilier genevois semble totalement hermétique aux chamboulements financiers qui secouent la planète. Pour les biens haut de gamme, les prix flambent. Entre octobre et décembre 2008, on a dénombré neuf transactions immobilières qui ont chacune atteint ou dépassé les 10 millions de francs. Et ceci uniquement entre particuliers, sans tenir compte des opérations effectuées via des sociétés.

Sans surprise, c’est la commune de Cologny et sa voisine de Vandoeuvres qui ont la préférence des acheteurs. Bénéficiant d’une situation privilégiée, calme et proche du lac, d’une fiscalité attrayante et d’un luxueux cadre verdoyant, ces deux villages dorés du canton de Genève sont très prisés par les grandes fortunes suisses et étrangères. Résultat, l’offre se raréfie et le prix des parcelles atteint des sommets vertigineux.

Plus de 16’000 francs le m2

La palme est attribuée à une propriété de 4258 m2 vendue en novembre pour 45,6 millions. Un montant record pour une villa. Située sur le coteau de Cologny, cette maison de 557 m2 au sol bénéficie d’une vue imprenable sur le lac Léman et le Jura. Elle appartenait à une femme d’affaires belge.

Les acheteurs, deux britanniques de 64 ans qui gèrent des fonds immobiliers, sont installés à Genève depuis plusieurs années. Ils y ont fondé cet été la société Westminister Services, active dans les prestations liées aux «Family Office».

Au bord du lac, c’est le prix du m2 qui atteint des sommets puisqu’une «petite» parcelle de 1267 m2 a trouvé preneur pour 21 millions, soit plus de 16’500 francs le m2. L’acheteur est un Turc qui préside à Genève une société spécialisée dans les fertilisants.

Des propriétés hors normes

«Au-dessus de 20 millions, les paramètres traditionnels d’analyses du secteur immobilier n’ont plus cours, chaque objet est unique, c’est la rareté qui fait le prix, comme pour le marché de l’art ou dans la haute couture», explique Thierry Barbier-Muller, président de la Société privée de gérance à Genève, un groupe aussi actif dans l’immobilier de grand luxe, via son département Finest Properties. «Lorsque l’objet est exceptionnel, il y a souvent plusieurs acheteurs intéressés», ajoute-t-il.

La deuxième opération d’envergure concerne un immeuble du centre-ville vendu en décembre pour 38,81 millions. Il abrite des bureaux et des arcades au cœur des rues commerçantes de la cité de Calvin. La transaction s’est déroulée en famille. L’acheteur, un Genevois établi en Ukraine où il possède des magasins d’horlogeries de luxe, a acquis ce prestigieux immeuble auprès de sa mère, résidente à Monaco.

Sur la troisième marche de ce podium multimillionnaire, on trouve une propriété de 3247 m2 à Vandoeuvres échangée pour 25 millions. C’est un financier britannique de 51 ans qui a acheté cette villa.

Mentionnons aussi un milliardaire russe de 42 ans qui s’est offert pour 17 millions une propriété de 2158 m2 à Vandoeuvres. C’est sa troisième acquisition dans la région depuis 2002. Avec sa femme, il possède déjà à Cologny deux parcelles voisines d’un total de plus de 10’000 m2 achetées pour près de 25 millions.

La Suisse romande reste attractive

Les autres transactions portent sur des montants compris entre 10 et 16 millions de francs, dont deux appartements avec vue sur le lac vendus pour 15,7 et 12 millions. En parcourant le registre foncier de Genève, on découvre que les acheteurs ne sont pas effrayés par des prix qui s’affichent en millions. Plusieurs transactions de plus de 20 millions ont été conclues en 2008 et de nombreuses ventes pour des montants entre 5 et 10 millions ont été enregistrées ces derniers mois.

Face à l’évolution chaotique des marchés boursiers, la pierre genevoise semble faire plus que jamais office de valeur refuge. «Cela montre que la région lémanique est attractive, elle offre des conditions cadre favorables, sa stabilité est appréciée en ces temps d’incertitudes et les prix y demeurent bon marché en comparaison internationale», précise Thierry Barbier-Muller.

swissinfo, Luigino Canal

Sociétés très actives sur le marché immobilier romand.

Koweït. L’Institut public de sécurité sociale ayant son siège au Koweït a acquis, via une cascade de sociétés luxembourgeoises, pour 85,5 millions un immeuble de bureau situé à deux pas de l’ONU à Genève. Cet Institut koweïtien est d’ailleurs en train d’investir des millions dans l’immobilier en Suisse notamment à Bulle, Echandens, Etoy, Montreux, Renens ou encore Zoug.

Diamants. Dissoute en décembre par décision de son assemblée générale, la Banque Diamantaire (Suisse) a vendu pour 30 millions de francs ses deux immeubles au cœur de Genève. Les acheteurs, les sociétés Svefox et Alefox fondées en juillet 2008, sont pour l’heure domiciliés auprès d’une étude d’avocats.

HSBC Private Bank a vendu pour 88,5 millions son immeuble du quai Wilson à Genève. Ce luxueux bâtiment du bord du lac est l’un des plus beaux sièges de la banque. L’acheteur, Pro-Mond SA, est une société administrée par le genevois Alain Mouawad. D’origine libanaise, cette famille est active dans la joaillerie et l’horlogerie.

Rue du Rhône. La Compagnie d’Assurances Nationale Suisse a vendu pour 68 millions de francs un immeuble de bureaux situé sur la prestigieuse rue du Rhône à Hermès Immobilier Genève. Cette SA est présidée par Patrick Thomas, gérant du groupe français de luxe Hermès.