Les services financiers en ligne n’ont plus la cote

Alfred Moeckli, directeur de la banque en ligne de Swissquote, quittera son poste à la fin du mois. Keystone

Victime à la fois de la chute de la Bourse et de la fin de l'euphorie internet, Swissquote supprime un tiers de ses effectifs.

Face à la perte nette de 17,9 millions de francs enregistrée l’an passé, le prestataire vaudois de services financiers sur l’internet Swissquote n’avait pas le choix. Pour survivre, il doit tailler dans ses effectifs qui vont passer de 159 à 110 personnes.

Les suppressions de postes se feront à parts égales entre Gland (VD) et Schwerzenbach (ZH). Les opérations seront à l’avenir centralisées dans le canton de Vaud, Zurich ne conservant que les activités de marketing et de vente.

Déroute en France

«Nous avons l’obligation de réduire les coûts», précise Mark Bürki, co-fondateur de Swissquote. Le chiffre d’affaires de son entreprise a reculé en 2001 de 12,6% à 13,2 millions de francs.

Le groupe Swissquote est formé d’une part de Marvel Communications, spécialisé dans le développement de solutions web intégrées, et d’autre part, de deux entreprises de services financiers online, Swissquote Bank et Swissquote Info.

La société a donc subi de plein fouet tant l’écroulement de la bulle internet que la baisse des marchés boursiers mondiaux. Impossible, dans ces conditions, de sortir des chiffres rouges. D’ailleurs, le déficit subi l’an dernier correspond aux prévisions du groupe.

Une perte qui s’explique également par la déroute de Swissquote en France. Débutée en février 2001, l’aventure dans l’Hexagone a fait long feu puisque la société a décidé de se retirer définitivement de ce marché. Et tant pis pour les cinq millions de francs français investis pour mettre en place un site de courtage en ligne.

Un avenir incertain

Reste à savoir comment la société pourra gérer son futur. Le secteur européen des services bancaires et financiers en ligne est en pleine restructuration. Faillites, alliances et rachats se multiplient.

En Suisse, Swissquote semble encore disposer d’une base relativement solide. Le groupe vient de mettre sur pied Swissquote Bank, la première banque du pays totalement internet. Elle compte plus de 10 000 comptes pour des dépôts d’environ 310 millions de francs. «Des clients à 80% alémaniques», précise l’entreprise.

Mais surtout, avec des fonds propres de 51,2 millions et des liquidités de 55,2 millions à la fin décembre 2001, la société dispose toujours d’une assise financière qui devrait lui permettre de faire face à la situation.

Pour 2002, le groupe sera affecté par les coûts de la restructuration en cours, et «ne voit pas d’amélioration significative du marché des services financiers en ligne». Une perte inférieure à celle de 2001 est néanmoins prévue.

Comme d’habitude lorsqu’une société taille dans ses effectifs et donc réduit ses dépenses, les investisseurs ont réagi positivement. Sur le Nouveau marché suisse, à mi-journée, l’action de Swissquote gagnait 18% à 25,75 francs. Néanmoins, le titre de la société demeure très loin de son niveau d’introduction en Bourse qui était de 250 francs.

Luigino Canal