
Nestlé se met aux «nutricosmétiques»
Feu vert de Bruxelles pour une société commune créée par Nestlé et L'Oréal. Cette alliance vise le marché prometteur des aliments aux vertus cosmétiques.
«Vous pourrez avaler un produit qui aura un effet palpable sur votre beauté», promet François-Xavier Perroud, porte-parole de Nestlé, à propos des «nutricosmétiques», des compléments alimentaires sensés agir sur la peau, les cheveux et les ongles.
Pour tester la validité de cette affirmation, les consommateurs devront attendre l’année prochaine. Le temps pour la société Laboratoires Inneov de mettre au point la première ligne de ces «nutricosmétiques».
Basée à Paris, la nouvelle entreprise est née d’une joint-venture entre le géant des cosmétiques et le géant suisse de l’agroalimentaire, tous deux n°1 dans leurs secteurs. Une société commune dont la création a été approuvée lundi par la Commission européenne.
Un marché émergent
Selon Bruxelles, cette alliance est sans risque pour la concurrence. Les deux géants n’étant pas présents dans ce domaine d’activité.
La collaboration entre les deux groupes, elle, n’est pas nouvelle. Une firme commune – Galderma – commercialise déjà des produits dermatologiques. De plus, Nestlé est l’un des plus gros actionnaires de L’Oréal (26,3% du capital).
Quant au marché des «nutricosmétiques», Nestlé le juge prometteur. «Nous voulons trouver de nouvelles voies pour satisfaire les consommateurs. Et ce, alors que le marché des cosmétiques et du bien-être prend de plus en plus d’importance», affirme François-Xavier Perroud.
De fait en France, plusieurs entreprises se sont déjà lancées dans les aliments aux effets cosmétiques. Ils ont connu une progression fulgurante de leurs chiffres d’affaires.
Des experts dubitatifs
Mais certains experts mettent en cause l’intérêt et les bienfaits réels de ces produits.
«Sur le plan nutritionnel, ce type d’aliment ne répond à aucune nécessité», estime David Fäh, un nutritionniste de l’Association suisse pour l’alimentation, une organisation soutenue par l’Office fédéral de la santé publique.
«Si vous êtes en bonne santé, poursuit David Fäh, et que vous consommez suffisamment de fruits et de légumes, ces produits n’auront aucun effet additionnel».
Le géant de l’alimentation, lui, assure que les bienfaits des «nutricosmétiques» sont scientifiquement démontrés.
Un concept né au Japon
Efficaces ou non, ces produits démontrent la vivacité d’un marché émergeant, celui des aliments fonctionnels ou alicaments. Un concept lancé au Japon dans les années 80 et qui se développe aujourd’hui en Europe et aux Etats-Unis.
Mais, ce marché n’est pas à l’abri des déconvenues. L’année dernière, Novartis a ainsi retiré de ses marchés tests en Suisse, en Autriche et en Grande-Bretagne une gamme d’aliments fonctionnels. Les consommateurs les jugeaient trop chers et peu appétissants.
swissinfo/Karin Kamp avec Frédéric Burnand

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