
Un maïs résistant pour redonner espoir aux paysans

Une chose est de secourir les victimes de la famine. Une autre est de chercher les moyens de prévenir les drames.
Marianne Bänziger travaille au Zimbabwe dans un projet cofinancé par la Coopération suisse pour l’amélioration des variétés de maïs.
swissinfo: Marianne Bänziger, qu’est-ce qui fait que les petits paysans d’Afrique australe soient si vulnérables?
Marianne Bänziger: Être petit paysan dans cette région, c’est d’abord ne disposer que d’un petit champ, entre un demi et trois hectares.
Quand on est pauvre, il faut tout faire à la main et on ne peut donc pas avoir de grands espaces à cultiver.
On ne peut pas non plus acheter d’engrais, c’est trop cher. Donc les sols s’appauvrissent et quand survient une sécheresse, on se retrouve avec une récolte qui ne permettra pas de vivre jusqu’à la prochaine récolte, dans une année.
Le maïs représente les deux tiers de son alimentation mais aussi sa seule source de revenus.
Les surplus de production, quand il y en a, il les vend cash sur le marché. Ce qui lui permet ensuite de faire soigner sa famille et de payer l’écolage de ses enfants.
Comment fonctionne le projet du CIMMYT (International maize and wheat improvement center)?
M.B.: Depuis six ans, on développe de nouvelles variétés avec des critères de sélection délibérément centrés sur les ressources typiques des petits paysans, c’est-à-dire des sols secs et peu fertiles.
On a testé environ cinq mille variétés de maïs sous ces conditions locales. On n’a gardé que les plus résistantes, on en a fait des croisements, on a recommencé la même procédure avec les nouvelles variétés obtenues, et ainsi de suite.
La pire variété n’a rien donné, la meilleure quatre tonnes peut-être. Et si on continue systématiquement la recherche, on arrivera sans doute à une augmentation de rentabilité 50% supérieure aux variétés locales.
Et que fait le petit paysan, il attend?
M.B.: Non, car si notre travail implique directement une trentaine de personnes, il repose également sur la collaboration avec une cinquantaine d’associations et un millier d’agriculteurs.
Il existe un réseau qui permet au petit paysan de voir le résultat des recherches, de tester lui-même les nouvelles variétés et de faire sa propre sélection.
Après trois ou quatre années d’une telle interactivité, les résultats sont encourageants. Car le paysan observe attentivement les semences, il voit comment elles se comportent dans sa terre.
Il en mesure les faiblesses et les avantages. Il revient ensuite donner son opinion qu’on prend au sérieux car il serait inutile de développer un produit qui n’aurait pas son approbation.
Les femmes qui sont très nombreuses à cultiver (les hommes sont partis chercher du travail ailleurs) n’ont pas la même approche, elles s’intéressent moins au bénéfice financier qu’à la bonne alimentation de leur famille.
Elles tiennent davantage compte par exemple du goût d’une nouvelle variété, du temps nécessaire à sa cuisson ou de la quantité de farine qu’elles en tirent.
Propos recueillis par Bernard Weissbrodt à Johannesburg

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