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Un ou deux verres, ça va. Trois verres, bonjour les dégâts

Keystone Archive

La Suisse est l'un des derniers pays d'Europe à tolérer un taux d'alcoolémie de 0,8 pour mille au volant. Partout ailleurs, l'abaissement à 0,5, voire à 0,2 semble avoir atteint son but en termes de prévention et de limitation des dégâts. Mais pour certains conducteurs, le premier verre est déjà de trop.

L’introduction du 0,5 pour mille a déjà fait ses preuves. En Allemagne, les accidents impliquant au moins une personne en état d’ébriété ont diminué de 13%. En France, le nombre des conducteurs interpellés en état d’ivresse a diminué d’un tiers en une année. Et, en Autriche, le nombre de personnes tuées a reculé de 15%.

Selon le directeur adjoint de l’Institut suisse de prévention de l’alcoolisme et autres toxicomanies (ISPA), c’est la preuve que le citoyen-conducteur est responsable.

«Quand on lui explique bien les risques, il peut modifier ses comportements, affirme Michel Graf. A condition, toutefois, que les Etats se donnent réellement les moyens de faire respecter ces limites.»

Adversaires et partisans du 0,8 ne cachent pas leur scepticisme face au 0,0 pour mille. A l’ISPA, on juge que cette limite serait contraire à notre culture. Quant à Myriam Bulut, juriste à la direction générale du TCS, elle part d’un éclat de rire en soulignant qu’elle est en vigueur dans la plupart des Etats de l’ex-bloc soviétique. Des pays qui n’ont pas précisément la réputation d’être des terres d’abstinence.

Comme les autres partisans du statu-quo, le TCS rappelle que les accidents les plus graves sont généralement provoqués par des personnes ayant très largement dépassé le 0,8.

Selon ces conducteurs-là, le fait que l’on puisse prendre le volant après deux bières au lieu de trois (ce que sanctionne grosso modo le passage de 0,8 à 0,5 pour mille) ne changera rien.

«Même un blessé dû à l’alcool est déjà un blessé de trop», s’insurge Michel Graf. Et le directeur adjoint de l’ISPA de rappeler ces vérités que l’on trouve dans toue la littérature scientifique sur le sujet: «A partir de 0,2, votre capacité visuelle et vos facultés de concentration diminuent, tandis que votre jugement et vos réflexes sont déjà altérés».

Enfin, sachant que la tolérance à l’alcool peut varier selon les individus et leur état général, le premier verre peut être déjà un verre de trop. En tout cas, pour certains conducteurs.

Marc-André Miserez

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