Vache folle: la lutte n’est pas terminée
Depuis 1990, la Suisse travaille à éradiquer l'encéphalite spongiforme bovine (ESB). Si la crise semble maîtrisée, la vigilance reste de mise.
Après une année d’activité, les experts de la nouvelle Unité fédérale ESB ont encore du pain sur la planche.
«Nous avons reçu un mandat de six ans, rappelle Paul Boss, chef de l’Unité ESB de la Confédération. Mais au vu de la très longue période d’incubation de la maladie, il est possible que ce délai ne suffise pas pour éradiquer l’ESB.»
Jeudi, Paul Boss et ses collègues présentaient leur premier rapport annuel d’activité.
Depuis le début 2002, les quelque vingt spécialistes de l’Unité ESB ont couru villes et campagnes pour inspecter les différentes étapes de la filière viande.
Les contrôles ont été appliqués des moulins qui produisent les aliments pour animaux aux boucheries industrielles, en passant par les fermes, les abattoirs et les centres collecteurs de déchets carnés.
Les abattoirs montrés du doigt
«Notre but n’est pas de nous substituer aux autorités responsables et aux entreprises, mais de les soutenir et de les motiver, explique Paul Boss. Car il est important que les mesures décidées soient appliquées à 100%.»
Est-ce à dire qu’elles ne le sont pas? «Le travail est fait relativement correctement», nuance le chef de l’Unité ESB. Mais il subsiste de sérieuses lacunes.
Sur la trentaine d’abattoirs visités en 2002, on a constaté presque partout que le retrait des parties à risque des animaux traités était insuffisant ou incomplet.
De même, les contrôleurs des viandes ne disposent pas du temps suffisant pour tout passer à la loupe. Et, faute de temps également, les cours de formation destinés au personnel des abattoirs ne sont souvent même pas proposés, ni suivis, bien sûr.
Des moyens limités
Outre ces lacunes constatées dans les abattoirs, le rapport de l’Unité ESB souligne également les progrès accomplis depuis l’interdiction totale des farines animales, prononcée en Suisse en janvier 2001.
Ainsi, en 2002, 1,5% seulement des échantillons d’aliments pour bétail analysés contenaient encore des traces de farines animales. C’est deux fois moins qu’en 2001, et même dix fois moins qu’en 2000.
«Les mesures de lutte contre l’ESB sont appliquées, mais il subsiste encore des lacunes dans les détails», résume Paul Boss, dont les inspecteurs comptent intensifier leurs contrôles durant l’année en cours.
Toutefois, le chef de l’Unité ESB est bien conscient que ses moyens restent limités et que le risque zéro n’existe pas.
Des tueurs très patients
En Suisse, on lutte contre la maladie de la vache folle depuis douze ans. En 2002, seuls 24 cas ont été diagnostiqués, contre 42 en 2001. Ce recul est même le plus significatif enregistré depuis l’apparition de l’ESB.
De plus, la Suisse a été jusqu’ici épargnée par la variante humaine (la maladie de Creuzfeldt-Jakob), mais il n’est pas exclu que des cas apparaissent un jour.
Car les prions, agents pathogènes responsables de ces dégénérescences du système nerveux central, sont des tueurs très patients. Le temps d’incubation de ces maladies peut varier de deux à presque vingt ans.
On comprend dès lors pourquoi Paul Boss envisage déjà une prolongation du mandat de son Unité au-delà des six ans initialement prévus.
swissinfo, Marc-André Miserez
– En fonction depuis une année, l’Unité ESB de la Confédération est chargée de «contrôler les contrôleurs » pour tous les risques liés à la vache folle.
– En 2002, seuls 24 cas ont été recensés en Suisse, contre 42 en 2001. C’est le recul le plus net enregistré depuis l’apparition de l’ESB en 1990.
– Aux dires des spécialistes toutefois, la partie est loin d’être gagnée.
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