
Frappe israélienne meurtrière sur le QG du Hezbollah à Beyrouth

(Keystone-ATS) Israël a annoncé vendredi avoir mené une frappe aérienne sur le « quartier général » du Hezbollah à Beyrouth, qui a fait au moins deux morts. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est lui engagé devant l’ONU à continuer à frapper le mouvement armé pro-iranien.
Peu après la fin du discours de Benjamin Netanyahu, l’armée israélienne a annoncé une « frappe précise » sur le « quartier général » du Hezbollah dans la banlieue sud de la capitale libanaise. Particulièrement violent, le raid sur un quartier densément peuplé a fait deux morts et 76 blessés, selon un premier bilan du ministère de la Santé.
Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, visé par cette frappe selon plusieurs télévisions israéliennes, « va bien », a assuré à l’AFP une source proche du mouvement islamiste libanais.
Epaisses colonnes de fumée
Selon la même source, six immeubles ont été totalement détruits dans le secteur, soulevé, selon une vidéo obtenue par l’AFP, par d’énormes explosions qui ont provoqué d’épaisses colonnes de fumée. Un photographe de l’AFP a rapporté des scènes de panique parmi les habitants, fuyant la zone.
En début de soirée, des secouristes recherchaient d’éventuels survivants dans des monceaux de décombres fumants, fouillés par des pelleteuses, au pied de bâtiments résidentiels.
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a dénoncé une « guerre génocidaire » menée par Israël. L’ONU a dit sa « vive inquiétude » et Washington, allié inconditionnel d’Israël, affirmé ne pas avoir été mis au courant de cette frappe.
Elle constitue une « escalade » qui « change les règles du jeu », a déclaré l’ambassade d’Iran au Liban, menaçant les auteurs de ce « massacre » d’un « juste châtiment »
Plus de 700 morts au Liban
« Tant que le Hezbollah choisit la voie de la guerre, Israël n’a pas d’autre choix », avait peu auparavant affirmé M. Netanyahu, au cinquième jour des meurtrières frappes aériennes menées par son armée contre la formation libanaise, qui a elle tiré à nouveau des roquettes vers le territoire israélien.
Ces opérations se poursuivront « jusqu’à ce que tous nos objectifs soient atteints », a ajouté M. Netanyahu, devant l’Assemblée générale de l’ONU, dans un discours boycotté par plusieurs délégations. Il a ainsi douché les espoirs d’une trêve temporaire de 21 jours proposée mercredi par la France et les Etats-Unis rejoints par de nombreux pays occidentaux et arabes.
Depuis lundi, les bombardements israéliens massifs visant à affaiblir le Hezbollah ont fait plus de 700 morts, en majorité des civils selon le ministère libanais de la Santé. L’armée israélienne a également dit se préparer à une possible incursion terrestre contre le Hezbollah, qui serait « aussi courte » que possible, a assuré vendredi un responsable israélien de la sécurité.
Le Hezbollah a juré de continuer ses attaques « jusqu’à la fin de l’agression à Gaza ».
« Rythme effrayant »
Plus de 1500 personnes ont été tuées au Liban en près d’un an, selon Beyrouth, soit plus que les 1200 morts en 33 jours de guerre entre Israël et la formation islamiste libanaise en 2006.
L’Unicef s’est alarmée du « rythme effrayant » auquel les enfants sont tués, ainsi que des dommages aux installations civiles comme les stations de pompage.
Le Hezbollah a lui affirmé avoir poursuivi vendredi ses tirs de roquettes contre Israël, visant notamment la baie d’Haïfa – la grande ville du nord – qui abrite de nombreuses industries de défense.
Les bombardements israéliens ont jeté 118’000 personnes cette semaine sur les routes au Liban, selon l’ONU. A Tripoli, dans le nord, « tous les habitants ont ouvert leurs maisons, centres et institutions pour accueillir » les déplacés, affirme Jenan Mobayed, bénévole d’une ONG.
« Guerre dévastatrice »
Cette escalade menace la région d’une « guerre totale » et « dévastatrice » a de nouveau mis en garde jeudi, faisant écho à de nombreux autres dirigeants, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.
Israël, qui a déplacé le centre de gravité de la guerre de la bande de Gaza, au sud, vers la frontière avec le Liban, au nord, affirme agir pour permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants qui ont fui ses tirs de roquettes.
A Gaza, « nous nous battrons jusqu’à obtenir une victoire, une victoire totale » si le Hamas ne dépose pas les armes et ne libère pas tous les otages, a aussi martelé M. Netanyahu à la tribune de l’ONU.
Israël y poursuit son offensive, lancée le 7 octobre 2023, qui a fait jusqu’à présent 41’534 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.