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Le français à la sauce arabe

Le café se dit qahwa, en arabe. Un mot qui ne nous est pas inconnu. webarabic.com

Un ingénieur suisse originaire du Liban vient de publier un «dictionnaire des arabismes». Une initiative soutenue par la Confédération et la Francophonie.

Assassin. Ce mot vient de l’arabe hachchâchî (fumeur de hachisch). Il désignait les fidèles d’une secte fondée il y a près de 1000 ans par le théologien Hassan ben Sabah et qui sema la terreur en Asie occidentale.

Plusieurs commentateurs ont comparé cette secte à l’actuel Oussama ben Laden et son réseau Al-Qaïda. Ce qui fait dire à certains d’entre eux que le fanatisme est une des permanences du monde arabo-musulman.

C’est justement pour lutter contre ce genre de clichés qu’Hassane Makki a rédigé son lexique de quelque 500 mots venus de l’arabe. «Ce livre est un clin d’œil pour faire comprendre que notre héritage culturel est commun des deux côtés de la Méditerranée, en dépit des différences qui, elles, ne sont qu’apparentes», estime cet ingénieur à l’Office fédéral de la communication.

Influences multiples

Abricot, orange, sorbet, soda. Les mots que l’on découvre au fil des pages du dictionnaire d’Hassane Makki démontrent en tous cas que l’arabe a fécondé le français de bien des manières. Une influence qui va de la science (algorithme, azimut, zénith) à des considérations nettement plus prosaïques (zob, clebs, maboul).

En fait, ce catalogue reflète l’histoire des relations entre le monde arabe et le monde européen depuis neuf siècles. Hassane Makki souligne les principales séquences de cette histoire reflétée par les arabismes du français.

Dès le 8ème siècle, durant l’âge d’or de la dynastie abbasside à Bagdad, l’influence arabe est avant tout scientifique (algèbre, alchimie). Par la suite, elle touchera les domaines du commerce et du trafic maritime (tarif, récif), sans compter la sphère artistique et culinaire (macramé, épinard).

Au 19ème siècle par contre, ce sont des mots de l’arabe dialectal que les Français ramènent de leur entreprise coloniale en Algérie (niquer, flouze). L’histoire récente, elle, a fait entrer dans la langue française son lot de fedayin ou d’ayatollah, mais également le raï ou le taboulé.

Des relations profondes et durables

Comme le précise Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général de la Francophonie, dans sa préface au dictionnaire, celui «qui voudrait aller à la recherche du secret des mots, découvrirait alors les liens profonds qui unissent le monde francophone et le monde arabe. Des relations ponctuées de joies et de drames, de rencontres et de chocs, de séparations et de retrouvailles. Des relations qui, en tout état de cause, témoignent d’une fascination réciproque, durable et profonde».

Frédéric Burnand

«Dictionnaire des arabismes», Hassane Makki Ed Geuthner, Paris

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