
Un village pour la paix

Depuis les années 70, des Juifs et des Palestiniens cohabitent dans le village israélien de Neve Shalom/Wahat al-Salam. Un projet pour la paix. Idéaliste, et concret.
Situé sur une colline en bordure de la vallée d’Ayalon, le village se trouve à égale distance de Jérusalem, de Tel Aviv et de la ville palestinienne de Ramallah. Il est né du rêve du frère dominicain Bruno Hussar au début des années 70.
Trente ans plus tard, une cinquantaine de familles sont installées à Neve Shalom/Wahat al-Salam (NSH/WAS). Juifs et Palestiniens vivent ensemble au quotidien. Mais chacun garde sa propre identité. Nationale, religieuse et culturelle.
Un idéal concret
La vie de la communauté est organisée sur des bases démocratiques. Tous les membres participent aux assemblées régulières où les questions concernant la communauté sont discutées et décidées. NSH/WAS se déclare indépendant de toute autorité extérieure et n’est affilié à aucun parti politique.
Dès leurs premiers pas, les enfants sont associés au projet. Ils vont à la crèche ensemble, puis au jardin d’enfant, avant de se retrouver sur les mêmes bancs d’école. L’instruction se fait dans les deux langues, hébreu et arabe. Dans le respect de la culture de l’autre.
Un idéal… «Nous voulons démontrer que, s’ils le veulent, Juifs et Palestiniens peuvent vivre ensemble, en harmonie», explique Evi Guggenheim-Shbeta, une juive qui a passé son enfance en Suisse et qui vit aujourd’hui à Neve Shalom/Wahat al-Salam avec son mari palestinien.
Les difficultés quotidiennes
«Pourtant, c’est parfois très difficile de cohabiter. Nos avis et nos sentiments divergent, poursuit Evi Guggenheim-Shbeta. Et certaines fois, nous avons des discussions véhémentes. Mais il faut aussi admettre de ne pas toujours être d’accord. Et en parler.»
Cette habitante de Neve Shalom/Wahat al-Salam donne pour exemple le jour de l’indépendance israélienne. «Pour moi, en tant que juive, c’est un moment de joie, alors que pour mes amis palestiniens, c’est un triste souvenir.»
Les réticences du gouvernement
Mais c’est à l’extérieur du village que les problèmes sont plus difficiles à surmonter. Le projet ne plaît pas à tout le monde. A commencer par le gouvernement.
«Il nous tolère, sans nous soutenir, précise Evi Guggenheim-Shbeta. Je pense que les autorités actuelles ne cherchent pas la paix. Le précédent gouvernement nous aidait beaucoup plus. Financièrement notamment.»
Les membres de NSH/WAS cherchent donc un soutien au niveau international. En Suisse aussi. Ce mercredi, Evi Guggenheim-Shbeta et son mari Eyas Shbeta ont rencontré une quinzaine de parlementaires suisses à Berne pour leur présenter leur communauté, comme «un modèle pour la paix».
swissinfo/Alexandra Richard

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