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L’acné fait souffrir Roche

Roche réfute tout lien entre la prise de l'Accutane et d'éventuels troubles psychologiques. Keystone

Aux Etats-Unis, la multinationale bâloise est accusée de vendre un médicament contre l'acné qui peut conduire au suicide. Selon Roche, le produit est sûr.

L’Accutane, le médicament incriminé, aurait altéré les capacités mentales de Charles Bishop. Le 5 janvier dernier, ce jeune homme de 15 ans a volontairement heurté, avec son avion Cessna, un édifice public de Tampa, en Floride.

Dans tous les cas, la mère de Charles Bishop est convaincue du lien entre le médicament et le suicide de son fils. Elle demande à la multinationale une indemnisation de 70 millions de dollars.

Selon les avocats de la mère, Charles Bishop était un garçon normal. Du moins jusqu’en avril 2001, date à laquelle il a commencé à prendre de l’Accutane.

Avant de mourir, le garçon avait écrit un message. Il s’y déclarait solidaire avec les terroristes d’Al Qaida. Alors que, selon les enquêteurs, il n’avait, en fait, aucun lien avec le terrorisme.

Déjà mis en cause

Ce serait justement la preuve de la transformation du jeune homme, relèvent les avocats. Ces derniers se sont déjà occupés de cas analogues. L’Accutane a déjà été mis en cause pour d’éventuels liens avec des troubles psychologiques.

Le cas américain le plus fameux est celui de BJ, le fils de 17 ans du député du Michigan Bart Stupak. Ce jeune homme s’est suicidé il y a deux ans. Là aussi, sans raisons apparentes.

La mère de BJ est, elle-aussi, convaincue que son fils est une victime de l’Accutane. Et son père, depuis, exerce tout son poids au parlement pour qu’une enquête soit ouverte.

En fait, ces deux cas ne sont pas isolés. Selon la Food and Drug Administration, qui s’occupe de ces questions aux Etats-Unis, 147 personnes qui prenaient de l’Accutane se seraient suicidées ou auraient tenté de le faire, entre 1982 et 2000.

«Roche est coupable de négligence, assène Paul Smith, un des avocats de la mère de Charles Bishop. La multinationale a produit un médicament alors qu’elle savait, ou aurait dû savoir, qu’il peut causer des dépressions, des psychoses et des suicides. Et cela sans effectuer les tests nécessaires pour établir de tels effets secondaires.»

Et la mère de Charles Bishop: «il faut enlever ce produit du marché, ou le soumettre à des règles plus sévères». Elle demande à l’entreprise bâloise une indemnisation qui représente 10% des gains annuels sur l’Accutane.

Aucun lien, selon Roche

La multinationale bâloise, de son côté, connaît cette problématique depuis longtemps. Elle a même mis à jour la liste des contre-indications du médicament.

Mais Roche reste convaincue que son produit, déjà administré à 13 millions de personnes, est sûr. Selon la multinationale, le taux de suicide chez les jeunes atteints d’acné n’est pas supérieur à la moyenne.

En fait, il est difficile de savoir si les avocats réussiront à gagner cette cause. Les analyses effectuées sur le corps de Charles Bishop n’ont révélé aucune trace d’Accutane dans le sang. Alors que sa famille soutient que le jeune homme prenait le médicament chaque jour depuis le mois d’avril 2001.

A noter encore qu’il y a un mois, un tribunal de l’Oklahoma a repoussé une demande d’indemnisation d’une femme qui affirmait avoir souffert de phases dépressives en raison de l’Accutane.

swissinfo/Anna Luisa Ferro Mäder

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