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L’Allemagne gagne «à la turque» et jouera la finale

Keystone

Le dernier match de l'Euro en Suisse a donné lieu a une belle empoignade entre Allemands et Turcs. Dans un Parc Saint-Jacques tout de rouge et de blanc, la Mannschaft s'est qualifiée pour la finale, dans la douleur et sur le fil, en battant l'Ay Yildiz sur le score de 3 à 2.

Cette première demi-finale de l’Euro entre l’Allemagne et la Turquie pouvait se résumer en une seule et unique question: le ‘miracle’ turc de cet Euro allait-il se poursuivre ou la Mannschaft allait-elle mettre un terme à la formidable épopée ottomane?

Après avoir arraché par trois fois des victoires inespérées dans les ultimes minutes de leurs matches disputés contre la Suisse, la République tchèque et la Croatie, la Turquie – amoindrie par les blessures et les suspensions de plusieurs titulaires – semblait selon toute logique ne pas avoir les armes suffisantes pour faire douter la solide Allemagne.

Un peu perdue durant le tour qualificatif avec deux petites victoires face à la Pologne et l’Autriche et une défaite déroutante contre la Croatie, cette dernière a en effet retrouvé de sa superbe lors des quarts de finale (victoire 3-2 contre au Portugal) et, dès lors, son statut habituel de favori.

Mais rien ne ressemble moins à un match de football… qu’un autre match de football. Et on le sait, avec les Turcs, la logique a un peu perdu la boule…

Un final de folie

Et, contre toute attente, le début de la rencontre a totalement tourné à l’avantage des joueurs turcs. Nullement impressionnés de disputer leur première demi-finale d’un Euro (contre 17 aux Allemands), ceux-ci ont démarré le match pied au plancher.

Vingt minutes de jeu et un tir de Kazim sur la latte plus tard, les Turcs ont même ouvert la marque par Boral Ugur. Mais le vent de folie qui s’est alors levé alors sur Saint-Jacques est très vite retombé.

Quatre minutes plus tard, et comme lors du quart de finale face au Portugal, Lukas Podolsky a réussi à servir Bastian Schweinsteiger sur un plateau. Et la jeune ‘coqueluche blonde décolorée’ de l’équipe allemande d’égaliser sans coup férir.

Amorphes, empruntés et sans inspiration, les Allemands ne sont cependant pas parvenus à emballer le match suite à cette égalisation. Comme oubliée, envolée, l’équipe qui avait écœuré Ronaldo et ses coéquipiers il y a quelques jours. Au contraire, c’est la Turquie qui fait le spectacle, disputant peut-être le meilleur match de son Euro.

Mais cela n’a pas été suffisant. Dans les derniers instants du match, la machine s’est emballée. A dix minutes du terme de la partie tout d’abord, Miroslav Klose a marqué – de la tête – un but qui aurait pu se révéler décisif. Que nenni!

Comme galvanisée par ce coup du sort, la Turquie est une nouvelle fois parvenue à égaliser à moins de cinq minutes du coup de sifflet final par l’inévitable Semih, le même qui avait déjà enfilé son costume de sauveur face à la Suisse et la Croatie.

Mais il était dit que le rêve turc devait prendre fin sur la pelouse du Parc Saint-Jacques ce mercredi. Ironie du sort, la Turquie allait être prise à son propre jeu en encaissant l’ultime but du match à la toute dernière minute de jeu, sur un coup de patte du défenseur allemand Philippe Lahm.

Deux versions «contrastées»

Pour l’entraîneur allemand Joachim Löw ce match a été «une lutte fantastique et continue, jusqu’à la dernière minute. Après l’égalisation turque à 2-2, l’équipe a bien réagi et montré qu’elle avait un bon moral. Nous avons laissé énormément de forces, il faut maintenant récupérer. En finale, tout est possible et cette équipe a prouvé qu’il fallait toujours compter avec elle».

Pour son homologue turc Fatih Terim au contraire, la déception est énorme. «Je suis très triste d’avoir échoué si près de la finale. Les joueurs l’auraient méritée. Malheureusement, nous avons une propension à encaisser des buts trop facilement. L’équipe a fait honneur au peuple turc», a-t-il conclu.

Jeudi à Vienne, la rencontre entre l’Espagne et la Russie désignera le futur adversaire de l’Allemagne en finale.

swissinfo, Mathias Froidevaux

Parc St-Jacques, Bâle. 39 374 spectateurs (guichets fermés).

Arbitre: Busacca (S). Buts: 22e Ugur 0-1. 26e Schweinsteiger 1-1. 79e Klose 2-1. 86e Semih 2-2. 90e Lahm 3-2.

La retransmission télévisée du match a été interrompue à trois reprises, la première durant quatre à sept minutes selon les pays. Une coupure de courant à l’International Broadcast Centre (IBC) de Vienne est à l’origine de l’incident.

C’est un violent orage survenu à Vienne peu après le début de la deuxième période qui a provoqué la coupure de courant. A partir de la 80e minute, l’orage gagnant encore en violence, une troisième coupure est survenue qui durait encore à la 88e minute.

La violence de l’orage a aussi amené les services de sécurité à décider l’évacuation immédiate de la zone de visionnage public de Vienne, où s’étaient réunies environ 35’000 personnes.

Avant la rencontre, les capitaines des deux formations (Michael Ballack pour l’Allemagne et Recber Rüstü pour la Turquie) ont lu une déclaration en faveur de la lutte contre le racisme. Le message soulignait notamment que “ces trois dernières semaines ont permis de montrer que le football rapproche les peuples”.

Le président de la Confédération Pascal Couchepin a saisi l’occasion du dernier match de l’Euro en Suisse pour rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel et le président turc Abdullah Gül.

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