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L’engagement de Chappatte pour les dessinateurs de presse menacés

Patrick Chappatte lors d'un débat au Forum de Davos. KEYSTONE/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) Le dessinateur Chappatte participe depuis quelques années au Forum économique mondial (WEF). Il en profite pour défendre ses confrères menacés à cause de leur travail, alors que la liberté de la presse est toujours autant menacée.

« Mon premier intérêt, c’est de me retrouver au milieu des figures politiques ou économiques que je dessine toute l’année », explique-t-il dans un entretien à Keystone-ATS. « Voir Angela Merkel, me mettre de côté pour saisir son profil assez caractéristique, c’est évidemment une chance », ajoute le dessinateur, qui travaille pour Le Temps, la NZZ am Sonntag ou le New York Times.

Mais le WEF est surtout l’occasion de rencontrer « des gens intéressants. On peut croiser des gens dans tous les domaines, y compris dans ceux de l’humanitaire et des droits de l’homme ». Patrick Chappatte a ainsi participé cette semaine à deux « panels » avec Kenneth Roth, le directeur de Human Rights Watch (HRW).

Attirer l’attention

Chappatte, qui a fondé l’ONG Cartooning for Peace avec son collègue du Monde Plantu, profite de l’occasion pour plaider la cause de certains de ses confrères menacés dans leur liberté, en Syrie, en Iran, en Turquie ou ailleurs.

Il a ainsi évoqué cette semaine le cas du dessinateur turc Musa Kart, arrêté après la tentative de coup d’Etat de 2016 contre le président Recep Tayyip Erdogan et condamné à trois ans et neuf mois de prison.

« Et ça, il ne faut pas le sous-estimer. Pour Musa Kart, pouvoir dire qu’on a parlé de lui au Forum économique mondial, ça peut être très important », souligne-t-il.

Cartooning for Peace est par ailleurs active aussi hors du Centre des Congrès de Davos. Elle présente une exposition de dessins de presse du monde entier sur la Promenade, la rue principale de la station. Même si les gens « sont surtout là pour faire du business », certains s’arrêtent, regardent, se mettent à sourire, prennent des photos. « C’est ça qui est intéressant », affirme Chappatte.

Nombreuses menaces

Car la situation de la liberté de la presse ne s’est pas améliorée, quatre ans après l’attentat contre Charlie Hebdo. La menace vient des extrémistes religieux, mais aussi des gouvernements, y compris en Occident.

Aux Etats-Unis, « vibrante démocratie », Chappatte cite ainsi le cas de deux caricaturistes licenciés à cause de leurs dessins critiquant Donald Trump. « La raison d’être du dessin de presse et de l’humour, c’est pourtant de s’en prendre aux puissants et au pouvoir », assure Patrick Chappatte.

Le dessinateur voit encore une troisième menace: l’indignation « un peu facile » des réseaux sociaux. A cause d’un dessin, des tempêtes médiatiques, des « shitstorms », peuvent s’abattre sur les rédactions, qui ne sont pas armées pour y faire face. La Süddeutsche Zeitung a ainsi licencié l’an dernier son caricaturiste Dieter Hanitzsch pour un dessin jugé antisémite, une accusation que réfute Chappatte.

« Viser juste »

« Les extrémistes, les gouvernements et les bien-pensants, ça fait beaucoup de monde », déplore le Genevois. A ses yeux, le dessin de presse doit par essence essayer de « pousser un peu les limites », de voir jusqu’où on peut aller, « d’être dur quand il faut l’être ».

Il reconnaît toutefois pratiquer une forme d’autocensure – ce qui « fait partie du métier ». Travaillant pour des journaux généralistes, et pas pour la presse satirique, il ne cherche pas à « provoquer pour provoquer ». L’important, c’est de « viser juste ».

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