Des perspectives suisses en 10 langues

La caméra de Denise Gilliand pénètre le monde des SDF à Paris

La cinéaste vaudoise est portée sur le documentaire à caractère social. A Paris, sa caméra a suivi sur les planches du Théâtre Chaillot l'évolution de trente comédiens SDF. Son film «Les bas-fonds» passe au cinéma Scala de Genève.

«Les zones d’ombre de la réalité sociale réservent souvent plus de surprises que l’écriture d’un scénario de fiction, lance d’entrée Denise Gilliand. Je préfère passer une année et demi avec des sans-abri à Paris plutôt que cinq semaines sur un plateau de cinéma avec des acteurs.»

Mais pourquoi Denise Gilliand est allée tourner à Paris? «J’ai appris que le metteur en scène Serge Sandor montait une pièce de théâtre avec et sur des sans-abri, répond la cinéaste suisse. Et comme lui, j’avais envie de découvrir quels étaient les vrais visages de ces femmes et de ces hommes qui se cachaient derrière l’étiquette des sans domicile fixe (SDF)».

Le film montre, en effet, comment ces gens de la rue se métamorphosent à travers le théâtre. Parce qu’ils doivent apprendre un texte et le faire entendre jusqu’au fin fond d’une salle de 450 places (Théâtre National de Chaillot), ils se font soigner les dents, se dotent d’une paire de lunettes. Et retrouvent ainsi une hygiène de vie. Puis, petit à petit, un peu de confiance en eux.

Denise Gilliand a de qui tenir. Fille de l’éminent sociologue lausannois Pierre Gilliand, elle tend, à son tour, sa toile de la réinsertion sociale sur la Romandie, au travers de cinq ateliers d’arts (peinture, théâtre, fabrication de costumes).

Ces activités artistiques sont destinées à des sans-abri, des sidéens, des toxicomanes ou encore des prostituées. «Nous allons là où se trouve la misère cachée, précise Denise Gilliand. Pour l’heure, entre Lausanne et Genève. Mais bientôt sur toute la Suisse romande».

Décidément, ce ravissant petit bout de femme de 35 ans réussit des tours de force. Elle réalise un long métrage de 78 minutes à partir de 68 heures de tournage. Avec pour tout budget 170 000 francs. (Autant dire des bouts de ficelle!). Et gratifie déjà les démunis de l’Arc lémanique de son expérience parisienne. Histoire de leur entrouvrir les portes de l’espoir.

Emmanuel Manzi

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision