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La Genève internationale respire avec l’arrivée prévue de Joe Biden

La future administration américaine du président élu Joe Biden devrait mieux collaborer avec la Genève internationale. KEYSTONE/AP/Carolyn Kaster sda-ats

(Keystone-ATS) Les assauts du président américain Donald Trump contre le multilatéralisme ont affecté la Genève internationale. De la santé au commerce en passant par les droits de l’homme, ses acteurs anticipent un retour de la collaboration avec l’arrivée prévue de Joe Biden.

Les attaques de M. Trump “nous touchent de plein fouet”, avait affirmé la semaine dernière à Keystone-ATS l’ancienne présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey. “Elles font faire la grimace aux Genevois”.

Sous le président américain, les Etats-Unis ont coupé un certain nombre de leurs financements onusiens. Ils se sont retirés du Conseil des droits de l’homme, ont lancé la procédure pour sortir de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’été prochain et ont menacé à plusieurs reprises de quitter l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qu’ils bloquent.

Il y a plusieurs mois, Joe Biden avait déjà promis de redonner aux Etats-Unis un rôle proactif sur le multilatéralisme s’il était élu. Désormais, beaucoup d’acteurs ou d’observateurs attendent une amélioration du lien avec l’écosystème de la Genève internationale.

“Bonne nouvelle pour l’OMS”, a fait remarquer sur les réseaux sociaux la directrice du programme de santé mondiale à l’Institut des hautes études internationales et du développement (IHEID) Ilona Kickbusch. Ces derniers mois, M. Trump avait accusé à de nombreuses reprises l’organisation et son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus d’avoir mal piloté la réponse internationale à la pandémie et d’être trop proches de la Chine.

Attentes à l’OMCT

Les Etats-Unis avaient mis la pression pour des investigations sur l’attitude de l’OMS, avant qu’une évaluation indépendante sur l’ensemble des acteurs face au Covid ne soit décidée. Depuis dimanche, M. Tedros a félicité à plusieurs reprises M. Biden et la future vice-présidente Kamala Harris.

Lundi dans son discours devant l’Assemblée mondiale de la santé, sans mentionner M. Trump, il avait ciblé “le déni” et “l’ignorance délibérée” face au Covid, appelant à l’unité et la collaboration. De son côté, M. Biden a promis dès son entrée en fonction de maintenir son pays au sein de l’institution.

Autre tension entre Etats-Unis et communauté internationale, le dialogue sur les droits de l’homme devrait aussi changer, plus de deux ans après le retrait américain du Conseil des droits de l’homme. Après l’attitude controversée de M. Trump sur la torture, M. Biden a relevé depuis plusieurs mois qu’il réaffirmerait l’interdiction de celle-ci.

Une décision saluée par l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) à Genève. “Cette élection est un signal important”, a affirmé à Keystone-ATS son secrétaire général Gerald Staberock. “Nous espérons que le nouveau président tiendra parole et donnera à son pays un rôle fort pour mettre fin à la torture dans le monde”.

Autre souhait, celui que M. Biden soutienne davantage les défenseurs des droits de l’homme dans de nombreux pays et qu’il continue à mettre la pression sur la situation en Chine. Pour la Genève internationale, l’impact de cette élection “est immense”, relève-t-il.

Moins évident sur l’OMC

La décision de M. Trump de sortir du Conseil des droits de l’homme “a envoyé un message glaçant aux structures multilatérales à Genève”, dit-il aussi. “Surtout à celles qui pourraient critiquer les Etats-Unis”. M. Staberock s’attend à ce que M. Biden reconnecte son pays avec le Conseil, une attitude qui diminuerait l’influence de gouvernements hostiles aux droits de l’homme.

Pour autant, “la politique américaine continuera à pratiquer des doubles standards, comme elle l’a toujours fait”. Et il est aussi “impossible de réparer les immenses dégâts” sur les droits de l’homme depuis quatre ans.

Côté commerce, les Etats-Unis n’ont cessé de s’attaquer à l’OMC, en pleine guerre commerciale avec la Chine. Après avoir rendu dysfonctionnel le tribunal d’appel de l’organisation, Washington a refusé de rejoindre le consensus pour la nomination de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala comme patronne.

“Une probable administration Biden aurait un ton plus constructif”, dit le Genevois Hamid Mamdouh, qui figurait parmi les huit candidats à cette fonction. Elle aborderait les relations commerciales à plus long terme et chercherait à restaurer les alliances. “Mais cela pourrait prendre du temps”, tant cette action devra être concertée avec les républicains, ajoute-t-il.

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