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Le gouvernement durcit le ton en matière d’immigration

Le projet de nouvelle Loi sur les étrangers provoque un véritable clivage droite-gauche. Keystone Archive

Les extra-Européens auront de plus en plus de peine à travailler en Suisse. Le Conseil fédéral présente un projet de loi restrictif.

Transmis vendredi au Parlement, le projet de nouvelle Loi sur les étrangers (LEtr) prévoit que les extra-Européens n’auront accès au marché du travail que s’ils sont qualifiés et «indispensables».

Un permis de travail ne leur sera délivré que si preuve est faite qu’aucun travailleur suisse ou européen n’a pu être trouvé.

Cette politique, dite des «trois cercles», n’est pas nouvelle. Depuis 1991, la Suisse entend privilégier la main-d’œuvre issue de l’Union européenne et de l’Association européenne de libre-échange (1er cercle), puis des autres pays occidentaux (2e cercle) et enfin du reste du monde (3e cercle).

La carotte et le bâton

Ce projet de loi prévoit certaines innovations. Ainsi, le permis saisonnier sera abandonné au profit d’une autorisation de séjour d’une durée d’un an au plus et pouvant être prolongée de deux ans. Ce permis de courte durée donnera droit au regroupement familial.

Autre innovation, les étrangers «bien intégrés» devraient obtenir une autorisation d’établissement plus rapidement. Elle pourrait être délivrée après cinq ans au lieu de dix ans actuellement.

Mais le gouvernement veut aussi plus de dureté contre les abus. C’est ainsi que des mesures sont prévues contre le travail au noir, les passeurs et les mariages fictifs.

Un clivage droite-gauche

La nouvelle LEtr ne fait de loin pas l’unanimité. Dans la classe politique, on assiste clairement à un clivage droite-gauche. La gauche, ainsi que les organisations de lutte contre le racisme, critiquent la politique des trois cercles. Elles considèrent qu’elle est motivée par une peur de la surpopulation étrangère.

La droite en revanche craint que la nouvelle loi ne crée trop de possibilités de recours injustifiés de la part des extra-Européens. Vendredi, l’Union démocratique du centre (UDC) s’est également élevée contre la facilitation du regroupement familial qui, à ses yeux, favorise trop l’immigration.

Les milieux économiques sont également partagés. Secrétaire de l’Union patronale, Alexandre Plassard déclare que son organisation est tout à fait en accord avec la politique des trois cercles.

Son de cloche un peu différent en revanche du côté du Centre patronal. Pour son directeur, Jean-François Cavin, la LEtr est beaucoup trop restrictive. «Plusieurs secteurs ont besoin de main-d’œuvre extra-européenne, en tout premier lieu l’agriculture, mais aussi la santé par exemple», explique-t-il.

Une telle loi ne peut dès lors qu’amplifier le phénomène de travail au noir. «A peine la loi sera-t-elle adoptée qu’elle sera violée», prédit d’ores et déjà Jean-François Cavin.

swissinfo/Olivier Pauchard, Palais fédéral

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