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Habiter autrement? La Suisse commence à réfléchir léger

Tiny House
Les « habitats légers » ne doivent pas avoir de fondations permanentes. Sur la photo, une « tiny house » en Allemagne. KEYSTONE/DPA/Federico Gambarini

Construire une "tiny house", vivre à l’année dans une roulotte au camping ou une yourte en pleine nature: autant de modes d’habitation difficiles voire impossibles en Suisse, car freinés par la loi. Pourtant, la demande de la population en la matière s’accroît pour des raisons économiques, écologiques ou sociales.

Certains cantons comme Vaud ont récemment mis ces désirs de vivre autrement à l’ordre du jour politique. Deux postulats ont été déposés au Grand Conseil en 2024: «L’habitat léger, une solution de densification sociale et écologiqueLien externe» et «Vivre en camping à l’année… aussi pour les vaudois.e.sLien externe«, qui a été accepté par la commission pour examen.

Selon la Loi sur les campings et caravanings résidentiels (LCCRLien externe), les zones camping étaient jusque-là destinées à l’habitation secondaire. Or, les personnes qui habitent dans des habitats dits léger en font souvent malgré tout leur résidence principale.

Habiter léger implique en effet plusieurs avantages. Ecologiquement, ce type d’habitat vise une autonomie en énergie. Il est aussi construit avec des matériaux peu transformés et provenant de la région, ce qui développe l’économie locale et baisse ses coûts de construction. Socialement, ce type d’habitat peut revaloriser des zones à faible densité démographique ou des parcelles atypiques, tout en s’adaptant à l’évolution démographique.

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Nombreuses démarches administratives

Pour Samantha Oswald, architecte et membre du comité de l’association HaLege, qui fait la promotion de cet habitat léger, installer un habitat léger n’est a priori pas plus compliqué, en Suisse, que construire un bâtiment. Elle vit elle-même dans une «caravane autoconstruite» – le mot «tiny house» étant sujet à polémique – autonome en énergie, qu’elle a conçue elle-même.

«Mais la procédure pour construire un bâtiment est compliquée», concède-t-elle toutefois à RTS. «Il y a beaucoup de démarches administratives à effectuer, ce qui est un peu contraire à l’esprit des tiny houses, basé sur la simplicité et le minimalisme. Cela fait peur aux personnes intéressées.»

Une maison sans fondations permanentes

Les habitats légers sont considérés différemment selon qu’on les installe sur un terrain à bâtir ou dans un camping. «Au camping, ils sont considérés comme caravane ou mobil-home. Sur un terrain constructible, ils sont obligatoirement considérés comme des bâtiments», précise Samantha Oswald.

L’association HaLege définit l’habitat léger selon plusieurs critères: la taille, généralement 20m2 de surface habitable par personne et un maximum de 40m2, ainsi que la réversibilité, à savoir l’absence de fondations permanentes.

«Les fondations doivent être ponctuelles ou sur roues. Il y a aussi cette notion de ‘simplicité’, une volonté de créer des modules avec des matériaux naturels et des assemblages les plus simples possibles. Finalement, il y aussi la question de la nécessité: nous tenons à ce que la tiny house soit une résidence principale, car la question des résidences secondaires est sensible au niveau politique», explique Samantha Oswald. «Face à la pénurie de logements, les hausses de loyer et les coûts écologiques de l’industrie de la construction, l’habitat léger est une solution parmi d’autres.»

Comment faire si l’on souhaite construire un habitat léger dans sa commune? «Les règlements d’urbanisme des communes interdisent souvent les habitations dans des installations mobiles. C’est pour ça que dans l’association, nous prêtons attention aux termes que nous utilisons», précise Samantha Oswald.

«La plupart des communes ont des politiques de développement durable, d’écologie et d’évolution des quartiers. Souvent, les projets de démolition et de reconstruction rencontrent des oppositions parce que les quartiers se voient transformés. Or, les habitats légers s’insèrent de manière discrète dans le tissu bâti existant», ajoute l’architecte.

«Informez-vous sur les axes de développement de votre commune, où sont les terrains constructibles – probablement en zone de faible densité – et discutez avec le voisinage. L’un des freins d’une commune à approuver un projet est la peur des oppositions des propriétaires des parcelles voisines. Plus un projet est expliqué clairement, plus il a de chances d’être accepté», conclut Samantha Oswald.

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