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Le Tour de France se termine entaché par le dopage

L'Espagnol Alberto Contador vainqueur du Tour de France 2007. Keystone

La plus célèbre des courses cyclistes s'est terminée dimanche avec la victoire de l'Espagnol Alberto Contador. Mais plus que le sport, c'est le dopage qui a fait parler de lui lors de la Grande Boucle.

Le cyclisme continue pourtant de fasciner le public. Même si près de trois-quarts des Suisses estiment que la plupart des coureurs se dopent, selon un sondage de la ‘SonntagsZeitung’.

La 94ème édition du Tour de France qui s’est conclu dimanche a été riche en coups de théâtre sur le front du dopage. Le maillot jaune lui-même, le Danois Michael Rasmussen, a été retiré du tour par son équipe le 25 juillet dernier.

Au final, c’est le jeune Alberto Contador, qui a remporté la Grande Boucle. Mais l’Espagnol est loin d’être au-dessus de tout soupçon. Son nom est en effet cité dans des documents ayant appartenu au médecin Eufemiano Fuentes, soupçonné d’être au centre d’un réseau de dopage international.

Au sprint, Alberto Contador a devancé l’Australien Cadel Evans, à 23 secondes, et l’Américain Levi Leipheimer, à 31 secondes. L’ultime étape a quant à elle été remportée par l’Italien Daniele Bennati.

Cancellara 100ème

Lors du prologue, le 7 juillet dernier, c’était le Suisse Fabian Cancellara, 26 ans, qui avait lancé la course en s’imposant à Londres. Le jeune Bernois a ensuite gardé le maillot jaune durant huit jours jusqu’aux premiers cols. Au classement général, Fabian Cancellara termine au centième rang, après s’être classé 7ème lors de la dernière étape.

A l’issue de la dernière ligne droite sur les Champs-Elysées, les règlements de compte se sont néanmoins poursuivis.

Le président de l’Union cycliste internationale (UCI), l’Irlandais Pat McQuaid, a été vilipendé par les organisateurs du Tour. Ils lui reprochent d’avoir bafoué l’union sacrée scellée début mai contre le dopage.

Les Suisses préoccupés par le dopage

Un phénomène qui préoccupe aussi les Suisses. Menée auprès de 506 personnes entre le 26 et le 28 juillet – soit après le gros des révélations sur les ‘affaires’ – une enquête commandée par l’hebdomadaire alémanique ‘SonntagsZeitung’ indique que 72% des Suisses pensent que la plupart des coureurs sont dopés.

En revanche, 21% estiment que beaucoup sont ‘propres’. Reste que 51% des sondés sont d’avis que le cyclisme a un problème de dopage «plus grave à beaucoup plus grave» que d’autres sports, comme l’athlétisme ou le ski de fond.

Au niveau de l’intérêt suscité par la Grande Boucle, il n’a pas changé pour 55% des personnes interrogées. Il a néanmoins diminué pour 23% d’entre elles et a complètement disparu pour 10%.

Par groupe d’âge, les 55-74 ans sont les plus nombreux à avoir vu leur intérêt diminuer (29%), contre 18% des 15-34 ans. Quant à la nécessité d’effectuer des contrôles plus stricts et d’instaurer des sanctions plus fortes, elle convainc 77% des sondés. Seuls 14% se prononcent pour une libéralisation du dopage.

Les médias critiques

La problématique trouve aussi écho auprès des commentateurs de la presse dominicale helvétique. La ‘NZZ am Sonntag’ estime ainsi que le Tour 2007 est devenu un «cabinet des curiosités.»

Quant à la ‘SonntagsZeitung’, elle souligne que, malgré les affaires de dopage susceptibles de salir leur nom, la plupart des sponsors resteront fidèles au Tour de France. Ainsi, «le problème de fond – la surenchère dans la triche – persistera.»

Suite aux divers scandales qui ont entaché cette édition, plusieurs médias ont d’ailleurs pris le parti de revoir leur couverture. Les chaînes allemandes ARD et ZDF ont ainsi renoncé à couvrir les étapes en direct. En Suisse, le quotidien zurichois ‘Tages Anzeiger’ et Le journal valaisan ‘Le Nouvelliste’ ont décidé de suivre le tour sous l’angle du dopage exclusivement.

Le CIO menaçant

Retrait du Danois Michael Rasmussen, favori et maillot jaune, contrôles positifs pour son dauphin le Kazakh Alexandre Vinokourov, ainis que pour l’Allemand Patrik Sinkewitz et l’Italien Christian Moreni, la multiplication des cas de dopage a alerté jusqu’au Comité International Olympique (CIO).

«Si le cyclisme ne parvient pas à résoudre ces problèmes, je pense qu’il pourrait être exclu des Jeux Olympiques» a déclaré René Fasel, membre suisse du CIO.

«Les dirigeants du cyclisme international doivent savoir que s’ils ne font pas le ménage dans leur sport, et à fond, il sera bientôt temps de se dire adieu», a-t-il ajouté.

swissinfo et les agences

Les cas de dopage ont été révélés en cascade cette année sur le 94e Tour de France.

Le 18 juillet, l’Allemand Patrik Sinkewitz (T-Mobile) est le premier coureur annoncé positif, après les révélations d’un test à la testostérone effectué le 8 juin.

Le 24 juillet, Alexandre Vinokourov est convaincu de transfusion sanguine homogène (sang d’un tiers) après sa victoire sur la 13e étape. Le Kazakh et son équipe Astana quittent la boucle.

Le 25 juillet, Michael Rasmussen, porteur du maillot jaune, est retiré du tour par son équipe Rabobank après une étape victorieuse. Cette expulsion décidée par le sponsor de l’équipe danoise repose sur des informations incorrectes données par le coureur à son directeur sportif.

Michael Rasmussen a aussi été averti à deux reprises par l’Union cycliste internationale (UCI) pour ne pas avoir fourni son emploi du temps afin de subir des contrôles inopinés.

Le même 25 juillet, l’équipe Cofidis confirme pour sa part que son coureur italien Christian Moreni a été testé positif, avant de se retirer du Tour.

Swiss Olympic, l’association faîtière du sport suisse, compte accélérer le lancement d’une agence nationale antidopage (ANA).

Selon le journal dominical ‘NZZ am Sonntag’, celle-ci devrait voir le jour en 2009 plutôt qu’en 2011, comme initialement prévu.

L’association veut investir un demi-million de francs de plus dans ce domaine. Le budget actuel se monte à 1,8 million de francs.

Toutes les activités ayant un lien avec la lutte anti-dopage devraient en outre être réunies sous un même toit. Actuellement Swiss Olympic et l’Office fédéral du sport travaillent dans ce domaine.

Une organisation de type national est en effet exigée par l’Agence mondiale antidopage (AMA). La plupart des pays européens l’ont d’ores et déjà concrétisée.

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