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Depuis un an, Unia se bat sur tous les fronts

Vasco Pedrina, coprésident d'Unia. Keystone

Un an après sa naissance, le plus grand syndicat de Suisse se présente comme un contrepoids efficace face au patronat et à un gouvernement marqué à droite.

Jeudi, Unia a tiré un bilan globalement positif de son premier exercice, qui lui a notamment permis de défendre les conventions collectives de travail (CCT).

En 2005, Unia a réussi à désamorcer presque toutes les attaques des employeurs contre les CCT, indique son coprésident Vasco Pedrina.

Ces succès sont dus à la mobilisation des membres de la base et à la pression politique exercée en marge de la votation sur l’extension de la libre circulation des personnes.

Pour Renzo Ambrosetti, autre coprésident, Unia est plus que la somme des entités qui ont fusionné pour le constituer.

Alors que le SIB, la FTMH, le FCTA et le «petit» unia perdaient des membres, Unia est parvenu à stabiliser leur nombre à plus de 200’000 dans plus de 80 branches au cours de la première année.

En plein développement

Et le plus grand syndicat du pays compte 1500 nouveaux membres dans les services, un secteur traditionnellement peu organisé, mais en plein développement.

La fusion a aussi permis de regrouper les différentes caisses de chômage en une seule.

Devenue la plus grande caisse de chômage du pays, elle paie des indemnités pour un montant total de 1,5 milliard de francs. De fait, un bénéficiaire sur quatre des prestations de l’assurance chômage reçoit ses indemnités par Unia.

Une force politique


Unia estime s’être rapidement établi comme une force politique influente. Selon Rita Schiavi, membre du comité directeur, l’extension de la libre circulation des personnes a été acceptée en votation en septembre uniquement grâce aux importantes mesures de protection contre la sous-enchère salariale et au soutien syndical.

Unia promet de surveiller de près l’application de ces mesures. Et elle estime aussi avoir joué un rôle majeur dans le lancement du référendum contre la modification de la loi sur le travail.

Motion rejetée

Malgré l’acceptation à une courte majorité, le 27 novembre, de l’ouverture dominicale des commerces dans les principales gares et les aéroports, la motion sur l’extension du travail dominical a ensuite été rejetée par les députés.

Autre grand thème politique, l’initiative pour une retraite à la carte dès 62 ans, lancée en juin par Unia et l’Union syndicale suisse. Elle a récolté plus de 100’000 signatures en six mois et elle sera déposée début 2006.

Augmentations de salaire

Unia, qui gère environ 500 CCT, a obtenu dans la plupart des branches et des entreprises des augmentations de salaire de 1 à 3% et des améliorations des conventions, parfois en recourant à la grève.

Migros constitue cependant une exception, regrette Vasco Pedrina. Le géant du commerce de détail peine à accepter les syndicats indépendants et a exclu Unia de sa CCT.

Les syndicats ont déclaré 2006 année de l’égalité entre femmes et hommes. Une égalité qui trop souvent n’existe que dans les textes: les femmes actives gagnent encore en moyenne 21% de moins que leurs collègues masculins, rappelle Fabienne Blanc-Kühn, du comité directeur d’Unia.

Briser le tabou

Le syndicat veut aussi briser le tabou qui pèse sur les différences de salaires entre les professions et entre les classes sociales.

En 2005, les 300 personnes les plus riches en Suisse se sont encore enrichies de 31 milliards, soit à peu près la somme que l’AVS distribue chaque année à ses rentiers, indique Fabienne Blanc- Kühn.

Si seulement 10% des bénéfices record des entreprises suisses avaient été redistribués aux travailleurs, tout le monde aurait gagné 1500 francs de plus.

Patronat sceptique

Le patronat jette un regard plus sceptique, un an après la création du syndicat. Pour l’Union patronale suisse et son directeur, la fusion a été de nature organisationnelle surtout.

Peter Hasler constate qu’UNIA n’a pas eu plus souvent recours aux mesures de lutte, contrairement aux craintes initiales. Et les usages – les problèmes traités branche par branche – ont été maintenus.

La Société suisse des entrepreneurs (SSE – construction) est du même avis. «Au sein d’Unia, l’ex-syndicat de l’industrie, de la construction et des services (FTMH) a pu avoir un effet calmant sur le Syndicat industrie et bâtiment (SIB) qui était très combatif», estime Daniel Lehmann, le directeur de la SSE.

Solutions consensuelles

L’association Industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux (Swissmem) a d’abord perçu un «changement de style certain» et constaté une «tendance à la confrontation» nouvelle.

Mais depuis, des solutions consensuelles ont pu être trouvées à la faveur du retour en grâce des méthodes douces de la FTMH, explique Thomas Daum, directeur de Swissmem.

swissinfo et les agences

– Unia a été fondé en octobre 2004 par la fusion des syndicats SIB (industrie et bâtiment), FTMH (métallurgie et horlogerie), FCTA et unia (services).

– Avec plus de 200’000 membres et près de 1000 collaborateurs, Unia est désormais le plus grand syndicat de Suisse.

– Unia gère près de 500 conventions collectives de travail dans plus de 80 branches. Près d’un million de travailleurs bénéficient de ces CCT.

– Unia gère également la plus grande caisse de chômage du pays.

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