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L’avenir incertain des CCT

La nouvelle CCT dans l'horlogerie concerne 31 000 travailleurs dans 400 entreprises. Keystone

Les travailleurs de l'horlogerie bénéficient d'une nouvelle convention collective de travail. Mais ce type d'accord concerne toujours moins de salariés en Suisse.

Il aura fallu dix mois de négociations, souvent difficiles. Avec finalement un résultat tangible. Une nouvelle Convention collective de travail (CCT) a été signée, mardi, entre le syndicat FTMH et la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse. L’accord introduit notamment des salaires minimaux dans la profession.

Valable durant cinq ans, cette CCT – la douzième du genre depuis 1937 – touche quelque 31 000 travailleurs répartis au sein de 400 entreprises.

Nouveaux garde-fous

«Les CCT sont d’autant plus importantes que le monde du travail est en pleine mutation», précise Yves Flückiger, professeur d’économie à l’université de Genève.

«A l’heure où le monde de l’économie prône une plus grande flexibilisation des conditions de travail et de rémunération, il est essentiel que les partenaires sociaux parviennent à s’entendre pour élaborer de nouveaux garde-fous.»

«Il serait d’ailleurs souhaitable que la mise en œuvre de ces Conventions collectives de travail ne reste pas confinée au seul secteur de l’industrie», souligne Yves Flückiger.

La paix du travail

Les diverses branches de l’industrie sont traditionnellement régies par ce type d’accord. Ce sont en effet les secteurs de l’horlogerie et de la métallurgie qui ont donné naissance aux premières Conventions collectives.

Les textes, rapidement adaptés à d’autres secteurs de l’économie, ont été élaborés en 1937 déjà. Ils ont posé les premiers jalons de la paix du travail. Un principe aujourd’hui encore cher à la Suisse.

Toutefois, après plus de 60 ans d’existence, ce pivot de la paix sociale ne manque pas d’être périodiquement remis en cause par le patronat. Invoquant généralement une plus grande souplesse nécessaire au développement de l’économie suisse, les employeurs privilégient volontiers les négociations individuelles.

Un constat qui vaut même pour les branches les plus traditionnelles de l’industrie suisse. «Dans le secteur du textile, notamment, quelque 300 entreprises refusent toujours de signer une quelconque CCT», souligne Jean-Claude Prince, secrétaire syndical à l’Union syndicale suisse.

Un employé sur deux

Et le syndicaliste de rappeler qu’au plan européen, la Suisse est un des pays les moins bien lotis en matière de protection des travailleurs. «En France, en Allemagne ou en Italie, 80% à 95% des places de travail sont couvertes par des conventions de travail. Alors qu’en Suisse, seul un employé sur deux bénéficie encore d’une CCT».

Pourtant, la Suisse ne compte pas moins de 3000 CCT. «Le nombre de conventions collectives affiche une certaine stabilité, admet part Yves Flückiger. En revanche, avec le développement du secteur tertiaire, la part des employés concernés par ces conventions diminue».

Et Yves Flückiger de conclure: «Aujourd’hui, le grand challenge des syndicats, en Suisse comme en Europe, est de pénétrer plus largement le secteur des services, resté très réticent à toute forme de réglementation. C’est aussi l’une des conditions à leur survie».

Vanda Janka

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